Répliquant à la réaction du représentant permanent du Rwanda aux Nations Unies, niant tout soutien de son pays à la rébellion du M23 dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), la ministre d'État, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de la Francophonie, Thérèse Kayikwamba Wagner, a fermement rejeté les allégations selon lesquelles les déclarations des autorités congolaises constitueraient des menaces pour le gouvernement rwandais.
Pour la cheffe de la diplomatie congolaise, aucun comportement des autorités de Kinshasa ne peut justifier les massacres des populations civiles, ni les violations de la Charte des Nations Unies, comme cela est imputé aux troupes rwandaises opérant aux côtés des rebelles du M23 dans l'Est de la RDC.
"Le Rwanda prétend que les mesures qu'il qualifie de défensives seraient légitimées par des propos tenus par des responsables congolais. Je rejette fermement cette allégation. Aucun propos quelconque ne peut justifier les massacres de civils, les pillages des ressources ou l'occupation des territoires. Rien, absolument rien, ne peut légitimer les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité ou la violation de la Charte des Nations Unies. Détrompez-vous, Monsieur le représentant : le Rwanda n'est pas et ne sera jamais le gendarme de la région des Grands Lacs. Si le Rwanda souhaite prouver sa crédibilité en tant qu'acteur de paix, qu'il commence par honorer ses engagements dans le processus de Luanda", a déclaré Thérèse Kayikwamba Wagner lundi 9 décembre 2024 au Conseil de sécurité de l'ONU.
La ministre a également rejeté l'affirmation rwandaise selon laquelle le M23 représenterait des communautés marginalisées dans l'Est de la RDC.
"Permettez-moi de poser une question simple à cette Assemblée : depuis quand des massacres, des déplacements forcés et la réorganisation démographique des territoires sont-ils des moyens légitimes pour répondre à des revendications ethniques ou sociales ? Le M23 ne défend aucune cause, il exécute une stratégie dictée par les intérêts du Rwanda. Les groupes d'experts l'ont démontré : il ne s'agit pas de défendre des minorités, mais de contrôler des ressources et d'affaiblir la souveraineté de la République démocratique du Congo", a-t-elle dénoncé.
La RDC, selon Kayikwamba Wagner, reste résolument engagée dans le processus de Luanda, qu'elle considère comme la voie la plus prometteuse pour une résolution durable du conflit.
"Ce Conseil a un rôle central à jouer pour garantir que toutes les parties respectent leurs obligations et contribuent à cet objectif commun. Le peuple congolais aspire à la paix et à la stabilité. Ces aspirations légitimes ne sauraient être réduites au silence par des stratégies de division et de domination. Mon pays est résolu à protéger ses citoyens, à préserver son intégrité territoriale et à bâtir un avenir où la souveraineté des États est respectée et non manipulée. Nous ne demandons pas des faveurs, nous exigeons que le droit international soit respecté, que la souveraineté de la RDC soit protégée et que les responsabilités des actes commis soient pleinement assumées", a-t-elle martelé.
Enfin, la ministre a dénoncé les actes du Rwanda, qu'elle qualifie de crimes documentés par les Nations Unies, notamment les massacres de Kishishe, le bombardement du camp de déplacés de Mugunga, les pillages systématiques des ressources naturelles et les attaques contre les forces de maintien de la paix.
"Je blâme donc le Rwanda pour les violations de la Charte des Nations Unies. Ces actes sont des crimes, qui ne relèvent pas d'un quelconque malentendu ou de différends bilatéraux. Ce ne sont pas des spéculations, mais des faits corroborés et gravés dans les rapports des Nations Unies. Je le dis avec force : l'appréciation du Rwanda sur nos défis internes ne lui donne aucun droit d'y intervenir", a-t-elle conclu.
Malgré les efforts diplomatiques, la situation sur le terrain reste préoccupante. Le M23 continue son expansion dans le Nord-Kivu, occupant de vastes territoires à Walikale, Masisi, Rutshuru et Nyiragongo. Les appels internationaux au cessez-le-feu demeurent sans effet, tandis que le processus de Luanda peine à trouver une issue pacifique.
Clément Muamba