Est de la RDC : la FAO a besoin de 350 millions USD pour subvenir aux besoins alimentaires et agricoles en 2025

 Conférence de presse marquant la fin de séjour de la directrice générale adjointe de la FAO, Élisabeth Ann Bechdol
Conférence de presse marquant la fin de séjour de la directrice générale adjointe de la FAO, Élisabeth Ann Bechdol

Face à la crise humanitaire alarmante en RDC, plus particulièrement dans l’Est du pays, l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) compte mobiliser plus de 350 millions de dollars américains pour subvenir aux besoins urgents qu’éprouvent les agriculteurs, aujourd’hui, victimes de divers conflits dont la guerre du M23. La directrice générale adjointe de la FAO, Élisabeth Ann Bechdol, l'a fait savoir ce mardi 26 novembre à Goma (Nord-Kivu). C’était au cours d'une conférence de presse marquant la fin de son séjour d’une semaine en RDC qui l'a amené notamment, à Kinshasa, Goma et Bukavu (Sud-Kivu). 

Dans l'Est du pays, Mme Élisabeth Ann Bechdol a visité certains sites des déplacés situés près de Goma où elle a eu à palper du doigt le calvaire que traversent plusieurs milliers de citoyens congolais en errance. Elle appelle les bailleurs de fonds à se concentrer beaucoup plus sur l’agriculture qui est moins coûteuse que des aides continuelles dans des sites des déplacés. 

« Ces genres d'intervention basés sur des réponses de type agricole qu'on donne pour faire face à la crise montrent que, par rapport aux coûts, c'est beaucoup plus profitables parce que les coûts sont réduits plutôt que de pouvoir donner continuellement une assistance directe. La demande que la FAO adresse aux partenaires pour l'année prochaine, représente au total une enveloppe de 350 millions de dollars. Ce montant là semble raisonnable lorsqu'on voit les milliards de dollars qui ont été investis par le passé dans l'aide humanitaire », a dit Élisabeth Ann Bechdol, DGA de l'OMS. 

Par la même occasion, le numéro 2 mondial de la FAO a, une fois de plus, plaidé pour le rétablissement de la paix dans l’Est du pays afin de permettre aux millions d’habitants d'aller vaquer librement à leurs activités, notamment celles à vocation agro pastorale. 

« Malheureusement, le constat que nous faisons aujourd'hui, c'est qu'à travers le monde, les conflits, dans la plupart des cas, constituent la raison principale de l'insécurité alimentaire. C'est donc important que dans le cadre du système des Nations-Unies que la FAO continue à faire son plaidoyer pour qu'il y ait la paix. La paix est également importante pour que les gens puissent avoir la capacité de se nourrir eux-mêmes », a ajouté Mme Bechdol. 

La crise humanitaire qui secoue l'Est du pays est plus grave que celle connue avant l’instauration de l'état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri. Rien que pour le Nord-Kivu, le nombre de déplacés internes est passé de 1.8 millions en 2021 à plus de 2.7 millions en 2024. Selon le coordonnateur humanitaire en RDC, Bruno Lemarquis, le nombre des déplacés s’accroît alors que les financements sont en baisse. Il appelle les humanitaires à commencer à planifier l’assistance aux personnes qui espèrent au retour dans leurs milieux respectifs. 

«  J'ai toujours l'habitude de dire que l'assistance humanitaire n'est pas la réponse aux crises humanitaires. La réponse aux crises appartient à d'autres acteurs notamment politiques. Dans le cas de la situation au Nord-Kivu, avec tous les déplacés du M23, c'est le moment de planifier ce moment où les gens pourront rentrer chez eux. C'est une grosse planification, ça va prendre énormément des moyens mais c'est vraiment important, partout où c'est possible de quitter la logique humanitaire pour aller dans la logique de la résiliation, la logique des solutions », a indiqué, pour sa part, Bruno Lemarquis, coordonnateur humanitaire en RDC, à l'issue d'une audience avec la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, qui a effectué, la semaine dernière, une mission d’évaluation de l'état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri. 

Mme Suminwa a séjourné dans l'Est du pays alors que des combats sporadiques entre la coalition M23/RDF et les FARDC avec leurs alliés des « Wazalendo » sont toujours signalés, notamment à Masisi, Walikale et Rutshuru. Plusieurs sources alertent sur le renforcement en hommes et munitions des éléments du M23, notamment dans les territoires de Nyiragongo, Masisi et Rutshuru avec comme objectif de s'emparer de Goma et de la cité de Sake. Les rebelles du M23 sont également accusés de plusieurs exactions contre les civils se trouvant encore dans des zones sous leur contrôle, en violation du cessez-le-feu, négocié, depuis plusieurs mois, entre les autorités de Kinshasa (RDC) et de Kigali (Rwanda), sous la facilitation de Loanda (Angola). 

Jonathan Kombi, à Goma