2 août en RDC : commémoration de l'an 3 du "Genocost" sous les signes d'une démarche qui pose les bases d'une reconnaissance internationale, de mémoire et de justice

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Commémoration Genocost à Kisangani

La République démocratique du Congo commémore ce samedi 2 août 2025 la journée nationale du GENOCOST, le génocide congolais pour des gains économiques. Cette journée initiée par le gouvernement depuis maintenant 3 ans vise à rendre hommage à de dizaines des millions de congolais morts à la suite des guerres et autres conflits armés qui endeuillent le pays depuis près de trois décennies déjà et pour que ces crimes ne tombent pas dans les oubliettes, cette journée du 2 août rappelle les souvenirs macabres des atrocités, dont le principal mobile reste l’exploitation illicite des ressources naturelles de la RDC.

À l'occasion de la commémoration du Genocost l'an 3, le Chef de l'État Félix Tshisekedi a lors de la dernière réunion du Conseil des ministres appelé sous la coordination de la première ministre à une mobilisation nationale et diplomatique pour marquer cette journée dans toutes les provinces ainsi qu'au sein des ambassades en réunissant citoyens et partenaires autour d'espaces de dialogue, de mémoire et de paix. 

La particularité de la commémoration de cette année est la tenue d'un colloque international à Kinshasa sur la reconnaissance des génocides commis en République Démocratique du Congo. Cette rencontre de haut niveau  tenue du 29 au 31 juillet 2025 visait à créer un espace de réflexion scientifique, historique et juridique autour des crimes à caractère génocidaire perpétrés sur le sol congolais. Pendant trois jours, représentants d’institutions nationales et internationales, juristes et chercheurs dans différents domaines ont croisé leurs expertises pour poser les bases d'un processus de reconnaissance internationale, de mémoire et de justice. 

Représentant le Chef de l’Etat,c'est la Ministre de l’ESU, Prof Marie-Thérèse Sombo qui a clôturé le colloque international sur la reconnaissance des génocides commis en RDC; activité co-organisée par la CIA-VAR, le FONAREV, l’Université de Kinshasa, le CRESH, et l’Université protestante de Lubumbashi. Selon le compte X du FONAREV, la cérémonie a été marquée par le mot du Comité scientifique, la lecture du rapport de synthèse et la conclusion générale du colloque. Elle s’est clôturée par le vernissage officiel de l’ouvrage « Politique nationale de justice transitionnelle en République démocratique du Congo », réalisé par le Comité scientifique de la Commission interinstitutionnelle d’aide aux victimes et d’appui aux réformes, et présenté par Anthony Nkinzo, Directeur de cabinet du Chef de l’État.

« Le moment est venu de refermer ce chapitre intense de réflexion, d’échange et d’émotion qu’a été ce Colloque international sur la reconnaissance des génocides commis en République Démocratique du Congo. Au nom du Président de la République et du Gouvernement congolais, je tiens à exprimer ma profonde gratitude à l’ensemble des participants, intervenants, chercheurs, universitaires et représentants de la société civile, qui ont contribué à la richesse et à la densité de ces trois journées de travail », a dit dans son mot de clôture, la Ministre de l’enseignement supérieur et représentante du chef de l’Etat à ce colloque. 

À en croire la cellule de communication du ministère de l'ESU, la patronne de l’ESU a relevé également le fait que les travaux réalisés lors de ce colloque ont permis de nommer l’indicible, de déconstruire le silence, d’articuler les violences vécues sur notre territoire avec les instruments juridiques et les paradigmes scientifiques. Ce colloque est, selon elle, une contribution qui devra bâtir une base solide de connaissances sur les massacres commis en RDC, certains relevant manifestement de la qualification de génocide. 

‎”Le GENOCOST ne se limite pas à la réparation des survivants. Il constitue un appel à la vérité, à la justice et à la non-répétition, c'est une invitation à assumer nos responsabilités historiques et à bâtir une mémoire collective autour de l'idéal ne jamais oublier, ne jamais répéter, commencer à guérir. La Commission interinstitutionnelle d’aide aux victimes et de soutien aux réformes (CIA-VAR) et le FONAREV avec le soutien du gouvernement mènent un travail de fond dans le cadre du processus de justice transitionnelle", avait lancé le Chef de l'Etat Félix Tshisekedi dans sa communication lors de la dernière réunion Conseil des ministres tenue vendredi 25 juillet 2025.

‎Une nouvelle stratégie pour honorer la mémoire des millions de martyrs et capitaliser la 60e session du Conseil des droits de l'homme et la 80e Assemblée générale de l'ONU 

Dans son exposé vendredi 25 juillet dernier, Félix Tshisekedi avait enjoint le gouvernement d'accélérer le plaidoyer international pour la reconnaissance du génocide congolais. Pour Félix Tshisekedi, le gouvernement devra capitaliser la 60e session du Conseil des Droits de l'homme et à la 80e Assemblée générale des Nations-Unies pour faire entendre la voix de la République Démocratique du Congo.

"Dans le prolongement de cette appropriation mémorielle, le Président de la République entend engager notre pays dans un plaidoyer international pour la reconnaissance du Génocide notamment à la 60e session du Conseil des Droits de l'homme et à la 80e Assemblée générale des Nations-Unies. Le gouvernement à travers, le ministère des Droits Humains en collaboration avec la Commission interinstitutionnelle d’aide aux victimes et de soutien aux réformes (CIA-VAR) et le FONAREV et nos missions diplomatiques est appelé à élaborer une stratégie globale et progressive mobilisant les forces vives de la nation et la diaspora pour faire entendre la voix de notre peuple et honorer la mémoire de nos millions de martyrs", a recommandé Félix Tshisekedi dans le compte rendu.

En République Démocratique du Congo, la date du 2 août est désormais consacrée à la commémoration des victimes des violences massives qui ont endeuillé le pays depuis plus de trois décennies ainsi qu’à l’hommage rendu à celles et ceux qui leur ont porté secours tire son origine de l'article 28 de la loi du 26 décembre 2022 fixant les principes fondamentaux relatifs à la protection et à la réparation des victimes de violences sexuelles liées aux conflits et des victimes de crimes contre la paix et la sécurité de l'humanité. 

Rappelons-le, la Commission interinstitutionnelle d’aide aux victimes et de soutien aux réformes (CIA-VAR) et le Fonds National des Réparations des Victimes des Violences Sexuelles liés aux Conflits et des Victimes des Crimes contre la paix et la sécurité de l'humanité, FONAREV en sigle ont été instituées en décembre 2022 par la loi précitée. La première a pour mission de mener des réflexions et recherches pour accompagner la mise en œuvre de la justice transitionnelle en RDC, en proposant des réformes sur le cadre institutionnel et juridique susceptibles de garantir la non-répétition des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité, ainsi que d’assurer le suivi de la mise en œuvre des programmes d’aide aux victimes et d’émettre des avis sur la question d’aide et des réparations.

Les missions du FONAREV sont nombreuses et essentielles pour répondre aux besoins des victimes des violences sexuelles et des crimes contre l’humanité en RDC. Elles comprennent : identifier les victimes, aider les victimes à avoir accès à la justice, allouer les réparations aux victimes.

Clément MUAMBA