RDC : aucun institut supérieur privé habilité à délivrer le diplôme de docteur

Professeurs des universités
Professeurs des universités

Parmi les nombreux défis que la République démocratique du Congo se doit d'affronter, l'urgence de rétablir et de consolider l'ordre et la légalité dans le secteur de l'éducation nationale, et plus particulièrement dans l'enseignement supérieur et universitaire, se dresse comme une priorité indiscutable. En effet, l'éducation nationale constitue le socle fondamental de tout développement. Elle est la clé de la sécurité intellectuelle des jeunes générations, un impératif pour forger un avenir radieux et “bâtir un Congo plus beau qu'avant”. En investissant dans la qualité et l'intégrité de l'éducation, nous semons les graines d'une prospérité durable et d'une société éclairée, prête à relever les défis du monde moderne.

Il va sans dire que la marche à reculons de la RDC à presque tous les niveaux depuis son accession à l’indépendance en 1960 est manifeste, est tributaire, entre autres, d’une baisse inquiétante, voire d’une détérioration alarmante, de la qualité de l’enseignement. Cette réalité vient corroborer l’affirmation d’Albert Einstein, qui soutenait que « la valeur d’une éducation universitaire ne réside pas tant dans l’accumulation de faits, mais dans l’entraînement de l’esprit à penser » pour élever la société vers de nobles sommets. Un tel élan requiert que l'État instaure les conditions propices à cette émancipation intellectuelle.

C’est dans ce contexte que le titre de docteur a été tout récemment attribué à un quidam au sein d'un institut supérieur privé à Kinshasa. Force est de constater qu'au milieu du tumulte médiatique suscité par cet événement, aucune mention n’a été faite, ni de l’intitulé de la thèse du récipiendaire, ni des éléments tangibles attestant de la soutenance publique d'une dissertation doctorale. Cela amène à se demander s'il ne s'agirait pas, en réalité, d’un diplôme honorifique. Dans ce cas précis, un protocole bien établi exige que le parchemin soit clairement orné de la mention “doctorat honoris causa”. Il en fut tout autre. 

À la lumière des textes légaux et règlementaires en vigueur, il apparaît clairement qu'aucun institut supérieur privé n'est habilité à dispenser une formation doctorale ni à superviser la soutenance d'une thèse de doctorat. Cette prérogative relève exclusivement des attributions des établissements universitaires. Il convient de noter qu'à titre exceptionnel, le ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire avait consenti à ce que certains instituts supérieurs publics soient autorisés à organiser le troisième cycle. Parmi ces rares exceptions, la Haute École de Commerce de Kinshasa s'illustre en tant qu'établissement reconnu pour sa capacité à dispenser une formation doctorale.

Dès lors, il est légitime de s'interroger : qu'est-ce qui justifie l'octroi d'un titre de docteur par un institut supérieur privé à Kinshasa ? S'agit-il d'une réalité authentique ou d'une fiction habilement orchestrée à des fins obscures ? Une chose est certaine : si la loi était appliquée avec la rigueur nécessaire et si un contrôle strict était exercé, l'enseignement supérieur et universitaire aurait échappé à la théâtralisation ne faisant qu'assombrir son image, déjà ternie par des pratiques indicibles devenues trop courantes. Cette situation engendre une désacralisation du savoirs scientifique, compromettant la valeur des diplômes délivrés, y compris ceux destinés à des personnes censées être sérieusement investies dans la quête avérée de connaissances de haute facture, volant à haute altitude. Ainsi, la crédibilité de tout un secteur serait davantage mise à mal, laissant planer le doute sur l’intégrité même des institutions académiques.

Le Gouvernement a intérêt d’entreprendre le nettoyage des écuries d'Augias dans le secteur de l'enseignement supérieur et universitaire. En effet, il est impératif de s'engager dans une profonde réforme. Ce processus exigeant doit viser à redresser les structures académiques, à assainir les pratiques en vue de restaurer la confiance du public dans notre système éducatif. Il y va de la sécurisation de l’avenir de la RDC. 

ML