Le verdict est tombé tard dans la nuit du 7 octobre. À l'issue d'un procès en flagrance qui a débuté le 23 septembre dernier, la Cour de cassation, siégeant dans la grande salle d'audience Marcel Lihau, a condamné le premier président de la Cour d’appel du Haut-Lomami, Emmanuel Tombo Tombola, ainsi que les juges Moïse Kimbabi Duala et Nicolas Osthudi Asanga. Les trois hauts magistrats ont été reconnus coupables de corruption, concussion et blanchiment de capitaux, et écopent chacun d’une peine de sept ans de prison ferme ainsi que de lourdes amendes.
Cette affaire a attiré l’attention du public après la diffusion d’un enregistrement audio viral, où les juges se disputaient une somme de 35 000 dollars américains. Le ministère public a rapidement saisi l’opportunité pour ouvrir une enquête et transférer les trois prévenus à Kinshasa, où ils ont été jugés pour atteinte à la probité dans l’exercice de leurs fonctions.
L’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ) a salué cette décision de justice, la qualifiant de "pédagogique" et d’"historique". Elle a estimé que ce jugement symbolise un tournant dans la lutte contre la corruption au sein du système judiciaire congolais, marquant le 7 octobre comme une date importante pour l'assainissement du milieu judiciaire. L’ACAJ publierait un rapport détaillé sur cette affaire le 12 octobre, rappelant que l’association avait suivi de près l’évolution du procès depuis son ouverture.
Le premier président de la Cour de cassation, Ndomba Kabeya Elie-Léon, a également pris la parole pour condamner fermement les pratiques de corruption dans les rangs des opérateurs judiciaires. Il a réaffirmé l’engagement de la justice congolaise à éradiquer les "antivaleurs" qui minent le secteur judiciaire et a appelé les citoyens à signaler toute tentative de corruption auprès des autorités compétentes. Selon lui, cette affaire envoie un signal fort aux magistrats, avocats, greffiers, et autres acteurs de la justice en RDC, leur rappelant leur devoir de probité et leur responsabilité dans la lutte contre la corruption.
En parallèle, la Cour de cassation a également instruit d’autres affaires de corruption impliquant des avocats et justiciables à Kolwezi, témoignant d'une volonté accrue des autorités congolaises de réprimer les pratiques illicites à tous les niveaux de la chaîne judiciaire.