De la sortie médiatique de Félix Tshisekedi en Hongrie au procès opposant la RDC au Rwanda à l'EAC en passant par la volonté exprimée du parti présidentiel de réviser la Constitution, la semaine qui vient de s’achever a été riche en actualités. Retour sur chacun de ces faits marquants avec Bénédicte Banzila Pika.
Madame, pouvez-vous nous parler brièvement de vous?
Bénédicte Banzila Pika: Je suis secrétaire générale de l’association les femmes de valeur, défenseure des droits de la femme, évoluant dans le secteur de la valorisation de la femme par la promotion des valeurs féminines notamment l’hygiène menstruelle, Médecin de formation, Mère et épouse.
Devant la diaspora congolaise en Hongrie, Félix Tshisekedi a rejeté le dialogue proposé par l’opposition. Le chef de l’État a clairement indiqué qu’il ne considérait pas le pays en crise politique nécessitant la tenue d’un tel dialogue. Pensez-vous que cette position soit justifiée ?
Bénédicte Banzila Pika: Sa position peut être justifiée si elle repose sur une évaluation optimiste de la situation politique, mais cela pourrait aussi être perçu comme un refus d'engager un dialogue nécessaire pour apaiser les tensions au moment où le pays traverse une période aussi cruciale avec une guerre interminable à l’Est.
La crise dans l'Est de la RDC était au centre du débat le 4 octobre à Paris, en marge du sommet de la Francophonie. A cet effet, Emmanuel Macron a programmé de rencontrer séparément ses homologues Paul Kagame et Félix Tshisekedi. Comment jugez-vous la gestion de cette crise par le gouvernement congolais?
Bénédicte Banzila Pika: Le gouvernement congolais semble avoir des difficultés à gérer cette crise, notamment en matière de sécurité et de diplomatie régionale. On doit oublier d’abord cet aspect de coopération et outiller nos forces armées pour espérer reprendre l’intégrité de nos territoires.
Appelant au dialogue dans l'est de la RDC, en proie à l’insécurité, Fridolin Ambongo, estime que précipiter le départ de la Monusco du Nord-Kivu et de l'Ituri serait une erreur. Que pensez-vous de ceci?
Bénédicte Banzila Pika: Fridolin Ambongo a soulevé un point important. Ce départ précipité créée déjà un vide sécuritaire, exacerbant l’insécurité au Nord-Kivu et en Ituri. Le gouvernement doit mettre toutes les batteries en marche pour trouver des solutions.
Lors du procès opposant la RDC au Rwanda à l'EAC, Kigali a demandé à la cour de se déclarer incompétente et l'affaire a été prise en délibéré. Quel impact cette situation pourrait-elle avoir sur les pays des grands lacs ?
Bénédicte Banzila Pika: Si la cour se déclare incompétente, cela pourrait détériorer les relations entre les pays des Grands Lacs, affectant la stabilité régionale et freinant des initiatives de paix pour mettre fin à la guerre de l’Est. D’où l’EAC doit dire rien que la justice dans cette affaire, condamner le coupable et mettre en place des mécanismes pour restaurer la paix dans l’Est de notre pays.
Augustin Kabuya, persiste dans la volonté du parti présidentiel de réviser la Constitution. Il a annoncé le lancement prochain d'une campagne pour atteindre cet objectif. Quel est votre avis sur les propositions de révision constitutionnelle ?
Bénédicte Banzila Pika: Les propositions de révision doivent être examinées attentivement pour éviter des dérives autoritaires. Une révision doit viser le bien commun, pas des intérêts partisans.
Le Gouvernement Français a décidé d'expulser des ressortissants de la RDC en situation irrégulière à Mayotte. Cette décision fait suite à une hausse significative des arrivées clandestines de migrants depuis l'Afrique des Grands Lacs. Quelle est votre opinion sur cette politique migratoire ?
Bénédicte banzila pika: Cette décision souligne une problématique complexe de migration. On doit trouver un équilibre entre sécurité nationale et respect des droits humains des migrants. L’Etat congolais doit également œuvrer pour offrir des conditions de vie idéales aux congolais afin de leur permettre d’émerger et s’épanouir chez eux.
Aménagement d'une piste d'aviation à Pweto, Katumbi soupçonné de complot contre la République. Quelles sont selon vous, les implications politiques que peuvent avoir ces accusations portées contre Moïse Katumbi ?
Bénédicte banzila pika: Ces accusations peuvent polariser le paysage politique, en augmentant les tensions entre le gouvernement et l’opposition, et en alimentant des suspicions d'intérêts cachés.
Au moins 23 personnes ont perdu la vie dans le naufrage d'un bateau sur le lac Kivu, près de Goma. Le drame s'est produit alors que l'embarcation effectuait la traversée entre Minova et Goma. Quelles mesures supplémentaires pourraient être prises pour prévenir de tels drames à l'avenir ?
Bénédicte banzila pika: Renforcer la réglementation sur la sécurité maritime, sensibiliser les usagers et améliorer les infrastructures de transport sont quelques mesures essentielles qu’on peut envisager pour éviter de futurs drames.
Conformément à l’arrêté, entré en vigueur le 3 octobre, le prix du litre de carburant à la pompe dans la zone Ouest de la RDC passe de 3 340 FC à 2 990,49 FC pour l'essence, soit une baisse de 13 %, et de 3 435 FC à 2979,73 FC pour le gasoil, soit également une réduction de 13 %. Comment avez-vous accueilli ceci?
Bénédicte banzila pika: Cette baisse est une bonne nouvelle pour les consommateurs et pourrait alléger le coût de la vie, mais elle doit être durable et accompagnée de mesures pour stabiliser le marché.
Maria Ntumba et Denise Mukendi ont été arrêtées la semaine dernière pour des propos tenus sur X et tiktok. Quelle lecture faites-vous faite de ces arrestations?
Bénédicte banzila pika: Ces arrestations soulèvent des questions sur la liberté d'expression et l'utilisation des réseaux sociaux. Elles peuvent être perçues comme une répression de la critique publique mais aussi comme un manque de gestion efficace des plateformes numériques en RDC.
Quelle est votre position sur la liberté d'expression sur les réseaux sociaux dans le contexte actuel de la RDC ?
Bénédicte banzila pika: Dans le contexte actuel de la RDC, la liberté d'expression doit être protégée, mais on doit trouver un équilibre pour éviter la désinformation et les discours incitant à la violence.
Après l'attaque massive lancée le 1ᵉʳ octobre par l'Iran contre Israël à l'aide de missiles balistiques et la promesse d'Israël de représailles, l'armée israélienne continue d'affronter les combattants du Hezbollah dans la zone frontalière. Comment analysez-vous le conflit entre Israël et le Hezbollah ?
Bénédicte banzila pika: Ce conflit complexe est alimenté par des tensions historiques et géopolitiques. La situation nécessite une approche diplomatique pour éviter une escalade militaire qui aurait des conséquences catastrophiques pour la région.
Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka