Au total 4 détenues mineures ont rapporté mercredi 11 septembre 2014 au tribunal militaire de garnison Kinshasa/Ngaliema comment elles ont été violées par d'autres prisonniers dans la nuit de dimanche 1er à lundi 2 septembre 2024 lors de la tentative d'évasion à la prison Makala. Devant le tribunal qui siège en procédure de flagrance au sein de cette maison carcérale, la victime surnommée " V17" pour raison de confidentialité est revenue sur sa situation lors de cette nuit tragique.
"C'était pendant la nuit lorsqu'on dormait, on a entendu le crépitement des balles et c'est en ce moment là qu'on a senti qu'on était en train de forcer la porte de là où nous dormons, après plusieurs essais, les hommes ont fini par accéder et je me cachais à la douche, c'est là qu'un d'eux m'a repérée et m'a sortie de la douche et m'a montré le couteau, lorsque je commençais à crier, il m'a dit si je continue, il va me tuer. Mais j'ai continué à crier toujours et il m'a bousculé, je suis tombé et je suis d'ailleurs blessée au pied et il m'a coupée mon caleçon. 3 autres personnes sont arrivées, ils m'ont violée à tour de rôle. Lorsque l'un finit, il m'essuie avec l'habit et après l'autre vient et ainsi de suite. Ils sont parvenus à m'enlever dans notre pavillon des mineurs jusqu'à la salle de visite où ils continuaient à me violer, c'est là qu'une autre personne est venue à mon secours", a-t-elle relaté.
Il en est de même pour la victime "V18". À l'en croire, elle a été retirée de leur pavillon des mineurs pour être violée au niveau de l'aumônerie située toujours dans l'enceinte de de Makala.
"Lorsqu'on dormait, il y avait des crépitements des balles cette nuit-là, il y a eu coupure d'électricité et c'est vers 2 heures qu'on a vu des garçons casser la porte de là où nous étions dans notre pavillon. Ils avaient commencé d'abord au pavillon des majeurs où ils ont violé des femmes et femmes enceintes. Ils étaient au nombre de 4 lorsqu'ils sont entrés, j'avais retenu le visage de l'un d'eux vu que certains avaient des torches, ils m'ont fait sortir pour m'emmener du côté de l'église de Mopanga c'est à ce niveau là qu'ils m'ont violé, ils étaient au nombre de 4", a expliqué la victime "V18".
Au cours de la même audience, 3 des 4 prévenues ont reconnu leurs bourreaux parmi les prisonniers présents dans le box des accusés. En réaction, lors de leurs prises de parole, les accusés ont nié les faits et accusent à leur tour ces mineures de vouloir tout simplement les charger. Pour le ministère public, ces témoignages des victimes démontrent une fois de plus la cruauté de ces prisonniers à la base du chaos causé au sein de cette maison carcérale. Des allégations qui sont rejetées du côté des avocats de la défense.
Les avocats de la LIZADEEL (La Ligue de la zone Afrique pour la Défense des Droits des Enfants et Elèves), organisation spécialisée dans la défense et la protection des enfants et élèves et porteuse de la cause de ces mineures, regrettent que le tribunal n'ait pris en compte que les témoignages de 4 mineures alors qu'elles étaient au nombre de 7.
Actuellement, les raisons de la tentative d'évasion à Makala ne sont toujours pas élucidées. Mais le bilan annoncé par le gouvernement (131 morts) est contesté par certaines organisations de la société civile. Selon les autorités, il y a des morts par balles (24), tandis que d’autres détenus sont morts suite aux tirs de sommation, ou encore par bousculade et étouffement. Selon toujours le gouvernement via le VPM, ministre de l'intérieur, sécurité, décentralisation et Affaires Coutumières Jacquemain Shabani Lukoo « quelques femmes violées » sans donner le nombre. « Sur le plan matériel, on déplore l’incendie du bâtiment administratif, du greffe, de l’infirmerie et des dépôts des vivres », a ajouté M. Shabani.
Une soixantaine de prisonniers sont poursuivis en procédure de flagrance devant le Tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Ngaliema pour viol, terrorisme, destruction méchante et incendie volontaire. Lors de la réunion du conseil des ministres extraordinaire tenue lundi 09 septembre dernier, le Chef de l'État Félix Tshisekedi avait demandé à la d'enquête mise en place de lui transmettre endéans sept jours son rapport sur les circonstances réelles de ces incidents.
Clément MUAMBA