Compte tenu de la situation dans l'Est de la RDC, la ministre du genre, de la famille et de l'enfant a recommandé le port de la couleur noire lors des différentes activités le 08 mars pour compatir avec la population de l'Ituri, de Goma, du Nord et du Sud-Kivu.
Pour Betahindo Rosie, vendeuse des chaussures au grand marché Zando, les Congolaises devraient observer cette attitude durant tout le mois de mars pour mieux exprimer leur solidarité à la population de l'Est.
"La situation de l'Est nous concerne tous. Si on ne peut pas faire l'expérience de ce qu'endurent nos compatriotes, nous pouvons au moins porter la lutte pour leur offrir la paix," suggère-t-elle.
Mbiyeke Lambrich, cadre dans une entreprise de nettoyage, estime que les femmes doivent marcher le 08 mars en lieu et place d'organiser des activités festives.
"Il y a des mamans, des jeunes filles et même des bébés qui sont violées chaque jour. » Comment on peut ignorer ces conditions, mettre du noir et nous rendre calmement à nos fêtes ? Compatir avec nos frères et sœurs, c'est nous mettre à leur place, nous imaginer dans leurs conditions et ce qu'ils vivent ne peut en aucun cas donner goût à la joie."
Gisèle Basua, licenciée en agronomie, pense que la tenue à mettre doit être composée du noir et du rouge : "En raison de tout le sang qui ne cesse de couler et de tous les cœurs déchirés par ces atrocités, on doit tout exprimer par notre tenue et porter ce deuil, ces blessures, ces peines comme si c'était les nôtres."
Au-delà du noir, Dahinga Lisette propose que toutes les femmes congolaises observent un jeune le 08 mars et prient pour le retour de la paix. "À l'exemple d'Esther, on doit observer le jeune ce jour, se lamenter devant Dieu pour implorer sa miséricorde. Avec les actions qu'engage le chef de l'État, Dieu nous accordera la paix, comme il avait sauvé le peuple juif dans la Bible."
Zangula Jeanne suggère qu'elle suggère que toutes les activités qui seront organisées aient pour fondement la situation dans l'Est.
"On doit balancer les films, recueillir les témoignages des victimes, faire sentir la gravité de la situation à celles qui pensent qu'elle est peut-être vivable. On doit faire ressentir aux femmes la souffrance qu'endurent nos frères et sœurs pour les amener à s'approprier cette lutte, à poser des actions concrètes pour dire non au traitement que subissent nos compatriotes."
Ça fait près de 30 ans que la guerre perdure dans l'Est de la RDC. Ce conflit est principalement économique, et le lien entre l'exploitation et le commerce illégal des minerais est reconnu comme une cause profonde de la violence et de graves violations des droits humains. Le recours aux violences sexuelles comme arme de guerre et comme stratégie de terreur a largement été documenté, notamment par les Nations Unies.
Nancy Clémence Tshimueneka