Le 24 janvier, c'est la journée internationale de l'éducation. Pour l'occasion, le Desk Femme d'Actualité.cd s'est entretenu avec Rose Kibolo Maboko, inspectrice au pool secondaire de Kintambo, province de Lukunga, sur l'État de lieu de l'éducation en RDC.
Le monde célèbre chaque 24 janvier la journée internationale de l'éducation. Que retenez-vous de cette célébration ?
Rose Kibolo : Dans notre pays, on ne met pas l'accent sur cette journée, on n'en parle pas dans les écoles. En réalité, on devrait permettre aux écoles, par le truchement du gouvernement et des médias, de faire passer le message selon lequel l'éducation est la base dans une société. Je ne sais pas pourquoi notre pays ne met pas un accent particulier sur cette journée.
Quelle lecture faites-vous de l'éducation des jeunes en RDC ?
Rose Kibolo L'éducation est d'une importance capitale pour un pays. Nous savons qu'il y a une différence entre l'éducation et l'instruction. L'instruction, c'est l'acquisition des connaissances grâce à l'enseignement, et l'éducation commence en famille, mais il ne peut y avoir enseignement sans éducation.
De nos jours, l'éducation des jeunes Congolais est négligée, les grandes personnes ne regardent pas la jeunesse avec bienveillance. En réalité, notre attention devrait être focalisée sur l'éducation de la jeunesse, parce que ce sont les jeunes qui nous remplaceront demain, mais malheureusement, l'éducation dans les écoles, en église, en famille, même au niveau de la rue est négligée. Les parents ne prennent plus le temps pour éduquer leurs enfants à la maison, la plupart du temps, ils sont préoccupés par la survie du ménage, alors qu'ils doivent en réalité faire de l'éducation de la jeunesse leur priorité.
Quid des défis auxquels ils font face ?
Rose Kibolo : À notre époque, en dehors des heures de cours, on ne pouvait pas voir un jeune dans la rue en uniforme et le gouvernement avait un véhicule qu'on appelait Kingabwa qui arrêtait les jeunes à partir de 18 heures, mais actuellement, la jeunesse est délaissée, elle est dans la rue, elle se démène seule pour sa propre éducation. C'est la raison pour laquelle nous interpellons les parents, les églises, les éducateurs, les médias ainsi que le gouvernement pour avoir un regard particulier sur cette jeunesse qui cherche un modèle et veut être éduquée.
Quel est le vrai problème du développement social des jeunes en RDC ?
Rose Kibolo : les jeunes sont délaissés, comment expliquer qu'un jeune qui a eu son diplôme se retrouve sans emploi dix ans plus tard ? Ces jeunes s'autofinancent pour créer des cabines téléphoniques et tentent tant bien que mal de survivre. Ainsi, l'État doit remercier valablement ceux qui ont travaillé pendant 35 ans ou 40 ans en leur donnant des retraites convenables afin de faire de la place pour cette jeunesse.
Que faire pour aider les jeunes à construire leur avenir ?
Rose Kibolo Nous devons renforcer l'éducation de la jeunesse. Vous allez remarquer que même ceux qui sont passés par le banc de l'école préfèrent faire de la musique ou jouer au foot parce que c'est ce qui paye mieux par rapport au domaine pour lequel ils ont été formés. Nous devons aider cette jeunesse à construire son avenir en organisant des séminaires et en ayant des émissions qui interpellent la jeunesse. Nous pouvons les aider aussi en étant un modèle et en renforçant certaines formations.
Quelle action le gouvernement peut-il mener pour les jeunes dans les domaines de l'enseignement, de l'emploi, de la formation ?
Rose Kibolo : lors de son précédent quinquennat, le président de la République a mis l'accent sur l'éducation. La gratuité de l'enseignement, c'est déjà quelque chose de positif, mais si le gouvernement peut davantage créer des centres de formations pour les jeunes. Au-delà de l'école, il faut créer des ateliers de formation, surtout la formation manuelle, pouvant permettre aux jeunes d'apprendre un métier et permettre à ceux qui n'ont pas de moyens pour accéder aux études supérieures de créer leur propre emploi.
Cette journée a été instaurée par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) dans le but de mettre en lumière le rôle de l'éducation dans la promotion de la paix et du développement. En 2024, la célébration de la Journée internationale de l'éducation est axée sur la lutte contre les discours de haine.
Propos recueillis par Grace GUKA