Le ministre de l'industrie, Julien Paluku Kahongya, également candidat aux législatives nationales à Lubero (Nord-Kivu), s'oppose à la démarche des opposants appelant à l'annulation des élections générales du 20 décembre 2023. Intervenant dimanche 31 décembre dernier sur ACTUALITE.CD à l'occasion de la publication des résultats provisoires de l'élection présidentielle, ce cadre de l'Union sacrée de la nation estime qu'il ne sert à rien d'organiser des manifestations et des troubles. Au lieu de cela, l'opposition devrait se préparer à présenter une alternative crédible en 2028.
" C'est déjà le 4e cycle électoral, il y a toujours des gagnants, il y a toujours des perdants. Nous avons eu 26 candidats présidents de la République, qu'il pleuve ou qu'il neige, on devrait avoir un seul gagnant, tous les 26 ne pouvaient être Présidents de la République. Je crois qu'il est inutile d'appeler à des manifestations, à des marches. Simplement, il faut se préparer pour dire très bien, j'ai raté les élections aujourd'hui, je me prépare pendant 5 ans pour que je présente une alternative crédible à la population en 2028. Mais aujourd'hui, c'est comme un match de football, vous avez perdu un match, vous allez détruire le terrain ? Alors que demain vous êtes appelés à jouer sur le même terrain ?", s'interroge Julien Paluku Kahongya, ministre de l'industrie.
Il poursuit en ajoutant : "je crois que la population n'est plus appelée à suivre ce genre d'appel. On est fatigué d'aller dans la rue, surtout que ceux qui appellent à la manifestation ne mettent pas leurs enfants sur la première ligne, ne mettent pas leurs épouses sur la première ligne. C'est souvent les enfants d'autrui qu'on met sur la première ligne, et même quand ils obtiennent les mandats, ce ne sont pas ces enfants qu'ils mettent sur la première ligne. À qui ils donnent l'emploi, il faut que les gens commencent à intérioriser la stratégie des acteurs politiques qui exposent souvent les enfants pour qu'eux gagnent le pouvoir."
Le responsable du regroupement politique baptisé "Alliance-bloc 50" (A/B50), qui salue l'innovation de la CENI dans le processus de publication des résultats, estime que les résultats publiés par la CENI sont transparents et rassurent les électeurs.
" J'ai été élu en 2006, 2011, 2018, et j'espère l'être encore en 2023. C'est la première fois que je vois la centrale électorale dérouler les résultats candidat par candidat, territoire par territoire, province par province pour que chacun se rende compte de ce qu'il a fait comme travail et la manière dont la population a accueilli le message. C'est une stratégie qui amène la population à être calme, parce que les autres fois les résultats étaient proclamés de manière brute, les gens étaient souvent dans la rue parce qu'ils ne se rendaient pas compte de la manière dont on publie progressivement les résultats ", constate Julien Paluku.
Il conclut en lançant un appel aux Congolais, soulignant qu'au regard de l'approche adoptée par la CENI, il est inutile d'appeler à des marches, de brûler des pneus, des bâtiments ou des chaussées construites à la sueur des fronts des Congolais. Il encourage à se tenir aux résultats publiés par la CENI, estimant qu'ils sont transparents.
Le Président sortant, Félix Tshisekedi, est réélu pour un second mandat à la tête de la République démocratique du Congo pour les cinq prochaines années. Il a obtenu 73,34% des suffrages exprimés lors de la présidentielle du 20 décembre 2023, selon les résultats provisoires publiés par la CENI. Sa réélection était sans surprise au vu des résultats partiels communiqués durant 8 jours par la CENI qui le donnaient largement en tête. En revanche, ses adversaires tels que Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Denis Mukwege et d'autres candidats dénoncent un "simulacre d'élections" avec des "fraudes organisées".
Conformément à l'article 73 de la Loi électorale, après la publication des résultats provisoires, l'étape des contentieux électoraux va s'ouvrir à la Cour constitutionnelle. Selon le calendrier de la Commission Électorale Nationale Indépendante, le dépôt des recours est ouvert du 2 janvier 2024 au 5 janvier 2024, tandis que le traitement de ces recours se déroulera du 3 janvier 2024 au 11 janvier 2024. Malgré ces dispositions légales, Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Denis Mukwege, ainsi que six autres candidats, contestent les résultats et appellent à la réorganisation des élections, excluant même la possibilité de saisir la Cour constitutionnelle.
Clément MUAMBA