Que rêvent les jeunes étudiantes de Kinshasa pour leur avenir ? Que voient-elles dans cinq ans, entre ambitions personnelles et volonté de faire bouger les lignes ? Ce mardi 13 mai, le DeskFemme de ACTUALITE.CD est allé à leur rencontre sur plusieurs campus de la capitale congolaise. À travers un micro-trottoir mené dans différents établissements d’enseignement supérieur, ces jeunes femmes ont partagé leurs aspirations, souvent nourries par le désir d’émancipation et d’impact.
Gradie Lelo, 22 ans, étudiante en 4e année de médecine à l’Université de Kinshasa, parle de son projet : "Dans cinq ans, je me vois médecin, spécialisée en gynécologie. J’aimerais ouvrir une petite clinique dans la commune de Masina où j’ai grandi. Beaucoup de femmes là-bas n’ont pas accès à des soins de qualité, surtout en ce qui concerne la santé maternelle. Ce n’est pas juste, et je veux contribuer à changer ça. C’est pour elles que j’étudie."
Djamila Ambu, 21 ans, étudiante en gestion à la haute école de commerce (ex Institut Supérieur de Commerce) de Kinshasa, veut se lancer dans l’entrepreneuriat : "Je suis passionnée par les produits naturels. Je veux créer une marque de cosmétiques faits au Congo, avec des ingrédients locaux. Mon rêve, c’est de pouvoir exporter mes produits un jour, et surtout d’offrir des emplois à d’autres jeunes femmes. Je veux être indépendante, mais aussi utile."
Pour Merveille iyogo, 23 ans, en droit à l’Université Protestante du Congo, l’avenir se conjugue avec engagement : "Je veux devenir avocate spécialisée en droit des femmes. Trop de filles ne savent pas qu’elles ont des droits, et certaines vivent des injustices graves sans pouvoir se défendre. Je veux leur tendre la main. Dans cinq ans, je me vois plaider dans des tribunaux, défendre des causes justes. C’est plus qu’un rêve, c’est une mission pour moi."
Sur le campus de l’Université de Kinshasa, Patricia Rusha, étudiante en communication, aspire à devenir journaliste : "Dans cinq ans, je veux être à la télévision, pas seulement comme présentatrice, mais comme femme qui propose des contenus qui valorisent la femme congolaise. On a besoin de voir plus de femmes à l’écran, dans des rôles de décision. Moi, je veux inspirer, comme certaines femmes journalistes m’ont inspirée."
Clarisse Mupemba, 20 ans, étudiante en informatique à l’Institut Supérieur des Techniques Appliquées (ISTA), veut intégrer la tech congolaise : "Je rêve de créer une application mobile pour aider les petites vendeuses des marchés à mieux gérer leurs finances. Beaucoup de femmes travaillent dur sans jamais avoir un vrai suivi de leurs revenus. Avec la technologie, on peut les aider concrètement. Je veux montrer qu’une femme peut aussi coder et innover."
Rachel Banza, 22 ans, étudiante en agronomie à l’Université de Kinshasa, veut révolutionner l’agriculture urbaine : "J’ai grandi à Limete, et j’ai toujours vu des terrains vides et mal utilisés. Mon rêve, c’est de développer des potagers urbains, avec des techniques écologiques et peu coûteuses. On pourrait nourrir les quartiers, créer des emplois, et même éduquer les enfants à l’écologie. C’est local, c’est utile, et c’est faisable."
Si les visions varient selon les parcours, toutes les jeunes interrogées ont en commun une soif de réussite et d’impact. Certaines évoquent aussi les obstacles qu’elles doivent affronter : pression familiale, stéréotypes de genre, manque de financement ou d’encadrement professionnel.
Stella Nakwal, 24 ans, étudiante en économie, résume : "J’ai de grands rêves, mais je sais aussi que le chemin est long. C’est pour ça que je cherche déjà à me construire un réseau, à suivre des formations en dehors des cours. Être une femme ambitieuse ici, c’est un combat de tous les jours. Mais je suis prête à me battre."
Ces témoignages montrent que les étudiantes de la capitale congolaise ne manquent ni de projets ni de détermination. Elles veulent être plus que de simples diplômées : des actrices du changement, des femmes autonomes, visibles et influentes.
Nancy Clémence Tshimueneka