Steve Mbikayi :Je demande à la CENI d'engager une enquête pour invalider toute personne coupable de bourrage des urnes ou d'obtention des machines à voter

Steve Mbikayi sur ACTUALITE.CD
Steve Mbikayi sur ACTUALITE.CD

L'opposition politique qualifie de chaotiques les élections générales du 20 décembre dernier, tout en accusant le pouvoir en place de complicité avec la Commission Électorale Nationale Indépendante, affirmant que cette situation entrave le respect et la volonté du souverain primaire. À titre illustratif, la famille politique de Moïse Katumbi, par le biais de son porte-parole Hervé Diakiese, a affirmé que les machines à voter et les bulletins de vote ont été retrouvés entre les mains de tiers qui ont tous voté pour un même candidat, Félix Tshisekedi.

Au micro de ACTUALITE.CD depuis le centre "Bosolo" de la CENI le dimanche 24 décembre 2023, Steve Mbikayi Mabuluki, président du parti Travailliste (PT), voit les choses autrement. S'il refuse de considérer ces élections comme chaotiques, Steve Mbikayi reconnaît tout de même que certains matériels électoraux ont circulé auprès des particuliers. Il estime qu'il y a des actes de sabotage en interne visant à discréditer le travail de la Commission Électorale Nationale Indépendante.

"Là, je suis d'accord avec l'opposition en ce qui concerne le fait que les machines à voter ont circulé, c'est une vérité, car moi, j''ai vu une machine à voter dans un poste de police, j'ai vu 2 ou 3 paquets de bulletins, et j'ai vu une urne confisquée aux mains de particuliers. À mon avis, le bureau de la CENI serait saboté de l'intérieur pour que les machines circulent ainsi, c'est donc très grave. Cependant, du côté des élections législatives, il y a tout de même des problèmes, car il y a des personnes qui auraient procédé au bourrage des urnes, des individus qui possèdent des machines, ce qui fait que les adversaires politiques commencent à salir les autres avec cet aspect des choses", a déclaré Steve Mbikayi, candidat député national à la circonscription électorale de Mont Amba (Kinshasa 3).

Pour Steve Mbikayi, cet état de fait a été exploité par ses adversaires politiques pour tenter de le discréditer, alors qu'il n'y était pour rien.

"Dans mon cas, des vidéos ont circulé indiquant qu'on a appréhendé quelqu'un dans un bureau de vote qui n'est pas moi. Cet individu était un observateur, et lorsque maltraité, c'est à moi que les injures étaient adressées. Aucun lien avec ma personne. On a prétendu avoir retrouvé des documents jetés à la poubelle, des bulletins de vote. Cependant, après vérification, on constate qu'il n'y a ni mon nom ni mon visage, et ces bulletins n'ont pas été utilisés. Comment établir un lien entre moi et ces documents ? C'est donc une cabale montée par des personnes ayant un candidat en difficulté, étant donné ma grande popularité dans ce centre-là", a expliqué l'ancien ministre de l'ESU.

Steve Mbikayi appelle la CENI à mener des enquêtes en interne et à la justice à mener des enquêtes pour élucider cette situation et sanctionner leurs auteurs.

"Ce n'est pas chaotique, mais sur cet aspect, on ne doit pas nier une évidence : le matériel a effectivement circulé, et cela est lié et inhérent à la nature congolaise, où l'on a une propension à tricher et à frauder. Cependant, j'ai participé à quatre élections de manière tout à fait démocratique. Je demande à la CENI d'engager une enquête pour invalider toute personne coupable de bourrage des urnes ou d'obtention des machines à voter, si cela est prouvé. La justice doit également mener une enquête, et une investigation interne est nécessaire pour identifier les responsables de la sortie de ce matériel", a recommandé le leader du parti Travailliste.

Les résultats partiels de l'élection présidentielle sont rejetés du côté de l'opposition depuis le début de leur publication par la Commission Électorale Nationale Indépendante. Selon l'opposition, ces élections ont été qualifiées de "chaotiques" et ont été marquées par de graves "irrégularités" visant à favoriser Félix Tshisekedi pour rester au pouvoir, contournant ainsi la volonté du souverain primaire.

Le camp de Katumbi Chapwe et ses alliés viennent de se joindre à la position d'un autre groupe de l'opposition, composé de Martin Fayulu Madidi, Denis Mukwege Mukengere et d'autres candidats à la présidence de la République, appelant également à l'annulation de ces élections et à la recomposition d'une nouvelle CENI.

Clément MUAMBA