Les chefs d'État de la région d'Afrique australe se sont réunis le 4 novembre 2023 à Luanda, en Angola pour évoquer la situation dans l'Est de la RDC en proie à la résurgence de la rébellion du M23. Lors de cette rencontre, il était notamment question de l'envoi d'une force régionale de la SADC pour remplacer celle de la communauté est-africaine dont Kinshasa veut désormais le départ.
Cette mesure suscite inquiétude et indignation au sein de la population congolaise.
Quelques Kinoises rencontrées dans la rue ce mardi 14 novembre s'opposent au déploiement des troupes de la SADC et appellent les FARDC à contraindre l'ennemi et restaurer la paix dans cette partie du pays.
"Nous ne pouvons plus jamais compter sur les forces extérieures pour un retour de la paix dans l'Est d'autant plus que nous avons la Monusco et l'EAC qui ont complètement failli à leur mission". Au stade actuel, nous ne pouvons compter que sur les Wazalendo qui ont fait renaître notre espoir de remporter cette guerre. Notre armée doit cesser d'être tous les temps sur la défensive, il est temps de répondre par les armes, conseille Jeanne Kalonda, étudiante en Lettres et Sciences Humaines à l'Université de Kinshasa.
Daniella Mujinga, enseignante à l'école Olive Lembe de Lemba, estime que ce recours à la SADC est une erreur de plus de la part de Kinshasa, et invite le gouvernement à ne compter que sur le peuple et son armée pour éradiquer cette guerre.
"L'inactivité de l'EAC qui, au lieu de combattre les forces négatives, a préféré cohabiter avec elles, doit nous faire réfléchir. Le gouvernement doit comprendre que restaurer la paix dans l'Est ne viendra jamais des troupes étrangères. On doit apprendre à compter sur nous-mêmes, renforcer nos FARDC (en termes de formation, logistique et moyens financiers), penser à créer un mur de séparation avec le Rwanda et autres pays frontaliers à l'instar de l'Ouganda ; sortir de l'EAC pour que le Congo retrouve la paix. »
De son côté, Davina Diowolo, médecin aux Cliniques Universitaires de Kinshasa, juge aberrant qu'un Congolais conscient de l'histoire de son pays continue à faire confiance à une quelconque armée étrangère pour la sauvegarde de l'intégrité territoriale de la RDC. Selon elle, il n'y a aucune institution internationale qui pourra protéger la République comme il se doit.
C'est un théâtre bien monté qu'ils nous présentent sur la scène régionale et internationale. Ce recours à la SADC est une illusion de paix. Il se peut que ces troupes viennent avec des agendas cachés pour accomplir une autre mission autre que celle pour laquelle elles vont être déployées. J'appelle les Congolais à ne compter que sur les FARDC. »
Gabrielle Mwela, ingénieure en agronomie, invite les Congolais à ne soutenir que les FARDC pour le retour d'une paix durable dans l'Est.
"Les Congolais ne peuvent pas compter sur des forces extérieures pour une paix durable". Les FARDC, y compris le gouvernement congolais, doivent travailler jusqu'au sacrifice suprême afin de défendre l'intégrité du territoire national et installer une paix durable. J'appelle les citoyens à être tous derrière les FARDC pour bouter l'ennemi hors de nos frontières. »
Entre-temps, les combats se poursuivent au Nord-Kivu entre le M23 et des groupes d'autodéfense appelés Wazalendo. Les affrontements ont été signalés en début de semaine, aux alentours de la cité de Kitshanga entre les territoires de Rutshuru et Masisi.
Nancy Clémence Tshimueneka