Le Policy Center for the New South a organisé, lundi et mardi à Rabat (Maroc), la 7e édition de la Conférence annuelle africaine sur la paix et la sécurité (APSACO), sous le thème « Reconstruction post-conflit en Afrique ». A ces assises, Mme Anny Modi, militante congolaise pour les droits des femmes est intervenue au cours d’un panel où elle a évoqué toute l’utilité d’impliquer les femmes et les jeunes dans les processus de paix.
« J’ai abordé les approches préventives de résolution des conflits afin d’éviter l’escalade des conflits armés tant au niveau communautaire qu’au niveau transfrontalier ou régional », explique-t-elle.
Pour y parvenir, poursuit-elle, l’implication des jeunes et des femmes est un impératif parce que ce sont les jeunes qui sont recrutés dans les groupes armés.
« Leur vulnérabilité économique est exploitée. Il est donc important qu’ils soient formés en amont sur l’éducation à la paix et qu’ils soient occupés et orientés. Par ‘occupés’, j’entends leur cursus scolaire mais aussi, pour ceux qui sortent de nos établissements éducatifs, l’accès à un emploi décent. Il faut renforcer des initiatives entrepreneuriales pour que les jeunes gens arrivent à générer des moyens qui vont les empêcher d’être tentés à rejoindre les groupes armés. D’autre part, les femmes sont souvent victimes des atrocités au moment des conflits. Mais, elles ne sont pas que victimes. Ce sont aussi des médiatrices, celles qui maîtrisent la communication au niveau social et qui peuvent, si elles sont renforcées, contribuer à la prévention des conflits, à éviter l’escalade des conflits armés ».
En effet, l'APSACO rassemble des experts de différents domaines et professions - du monde militaire et politique aux universités et à la société civile - pour promouvoir des conversations de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique. Cette conférence annuelle offre une plate-forme qui permet d'analyser les structures et les institutions de paix et de sécurité de l'Afrique en se concentrant sur les atouts, l'histoire et la capacité du continent à surmonter les défis actuels et émergents et à acquérir un avantage concurrentiel mondial.
Cette édition avait pour objectif d’approfondir les connaissances comparatives sur les défis et les catalyseurs de la mise en œuvre de la consolidation de la paix en Afrique en général, et de la PCRD en particulier, à travers les axes, sécurité collective en Afrique : vers un nouveau cadre conceptuel ? Quelle prévention pour une paix durable ? La solidarité africaine en temps de crise financière ainsi que pour un partenariat mondial efficace pour valoriser le PCRD.
« Si les conflits se déclenchent, il faut songer à des accords de paix qui soient durables. Et on ne peut y parvenir sans y associer les femmes, sans valoriser leur apport ou sans qu’elles ne soient autour de la table de négociation. En fin de compte, il y a la question de la solidarité régionale, la mutualisation des efforts qui doit être gagnant-gagnant. Et pour y parvenir, une fois de plus, il faut absolument que les femmes au niveau régional fassent des efforts, parallèlement aux efforts politiques pour que chaque mouvement féminin des pays arrive à influencer les processus de paix afin que nous puissions trouver des accords de paix durables et satisfaisants pour tous » a-t-elle ajouté.
Il est à noter que le PCRD est le « Cadre politique de l'UA sur la reconstruction et le développement post-conflit » adopté à Banjul (Gambie) en 2006. Le Policy Center for the New South (PCNS) est un groupe de réflexion marocain visant à contribuer à l'amélioration des politiques publiques économiques et sociales qui interpellent le Maroc et le reste de l'Afrique en tant que parties intégrantes du Sud global.
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Prisca Lokale