RDC-journée mondiale de lutte contre le travail des enfants : ils sont jeunes, ils vivent de petits jobs et aspirent à une vie meilleure (reportage)

Photo/ Actualité.cd
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 La journée internationale dédiée à la lutte contre le travail des enfants est célébrée tous les ans, le 12 juin. Selon les Nations Unies, l'Afrique se classe au premier rang parmi les régions, tant pour le pourcentage d'enfants astreints au travail (1/5) que pour le nombre absolu d'enfants astreints au travail (72 millions). Dans les rues de Kinshasa, le Desk Femme d'Actualité.cd a rencontré des mineurs qui travaillent tous les jours, dans l’espoir d’une meilleure vie. 


Obed a 13 ans. Depuis une année, il s’est lancé en tant que cireur. Installé au croisement du boulevard du 30juin et la ruelle qui mène au cimetière de la Gombe, il récolte en moyenne 10.000 francs par jour.  


« Je peux gagner 15.000 francs congolais quand j'ai une bonne journée de travail. Mes clients sont les responsables qui travaillent dans l’immeuble voisin ou au supermarché. Certains passants aussi viennent de temps en temps payer mes services (…) J’étais en sixième primaire lorsque j’ai dû arrêter les études. Je vis seul avec ma mère. Papa, je ne sais pas exactement où il se trouve. Dès que j’aurais récolté assez d’argent, je reprendrais le chemin de l’école, je dois devenir politicien, député national pour aider d’autres enfants à se battre dans la vie comme moi », explique le jeune qui habite le camp Luka dans la commune de Ngaliema .


A une centaine de mètres, vers le siège de la Société congolaise des postes et télécommunications (SCPT), Fidèlie, 16 ans, vend des babouches pour femmes. Elle a commencé ce métier depuis 5 ans aux côtés de sa mère, avant de devenir autonome. 


« Une paire est à 5.000 FC. Je m’approvisionne auprès des grossistes du grand marché (Zando). Nous habitons à N’djili. Ma mère est au marché. Dès que j’aurais fini, nous irons ensemble chercher un bus qui nous ramène à la maison. Mon argent est à moi maintenant. Il y a deux ans, je devais tout donner à ma mère. Mais aujourd’hui, je suis libre. Je sais me débrouiller seule pour acheter mes produits et les vendre. Je parcours tous les jours les rues de la Gombe à la recherche des clients. J’espère qu’un jour, quand tout redeviendra stable, je pourrais poursuivre mes rêves et devenir médecin », précise celle qui a interrompu ses études en huitième éducation de base. 


L’école ? Je reprendrais plus tard


« Justice sociale pour tous, éliminons le travail des enfants ! », c’est sur ce ton que les Nations Unies appellent cette année à une action internationale redynamisée pour parvenir à l'élimination du travail des enfants. Pour l’instant à Kinshasa, certains enfants ont abandonné leurs projets d’études pour se consacrer au travail. 


« Je viens de Kingabwa (commune de Limete). J’ai commencé à vendre depuis trois ans maintenant. Je vends de petits accessoires selon la tendance du marché. Actuellement, j’ai remarqué que les écouteurs sont les plus demandés. Je les vends à 1500 francs. Certains clients négocient à 1200FC. J’en vend au moins 10 par jour. (…) », confie Jeanpy, 17 ans.


Au sujet des études, il répond « L’école ? Je reprendrai plus tard. J’étudiais quand j’étais à Boende (chef-lieu de la province de la Tshuapa). Les parents sont morts, nous nous sommes battus avec mes frères pour atteindre la capitale. Nous essayons d’économiser et de nous nourrir, le reste viendra avec le temps. Je n’ai pas terminé l’école primaire ». 


Jeannette est la plus jeune de tous les enfants que nous avons rencontrés. A 7 ans déjà, elle sait vendre un paquet de jus et ramener tout ce qu’elle gagne à la maison. Elle nous a assuré qu'elle va souvent à l'école.

Mais, « elle passe la grande partie de ses journées à vendre des jus frais en plastique dont le prix est fixé à 500 FC. Elle en a déjà vendu neuf et classe entre les doigts (à la manière des adultes qui font le même métier), tout son revenu. Personne n’oserait lui ravir son argent. Elle est aux abords de la maison et les vendeuses et vendeurs du quartier la connaissent très bien », assure-t-elle. D’un air courageux, elle explique que « cet argent leur permet de ne pas manquer le déjeuner et les frais pour la récréation pendant que elle et ses trois frères vont à l’école ».  


Si Jeannette a la chance de ne pas croiser des personnes pour lui ravir ses revenus, Chadrack, 9 ans et cireur à la place des évolués, « a déjà rencontré des jeunes shégués d’à peu près son âge, qui lui avaient ravi son argent et ses babouches. Il a fondu en larmes, les a poursuivis sans succès. Les passants adultes ont pu rassembler 5.000 FC, ce qui lui a permis de retrouver sa mère, vendeuse au grand marché Zando. Depuis, il fuit auprès des adultes à chaque fois qu’il les aperçoit ». Il est le fils d’un policier. Troisième d’une famille de 5 enfants, il habite au sein du camp Lufungula de Lingwala. 


Par ailleurs, Jeannette souhaite devenir enseignante. Chadrack voudrait devenir Président de la République Démocratique du Congo, Jeanpy deviendra « peut-être un grand commerçant ».

Prisca Lokale