Le Rwanda a indiqué vendredi que sa décision de commuer la peine de 25 ans de prison de Paul Rusesabagina, farouche opposant du président Paul Kagame, résultait d'une volonté de "réinitialiser" les liens avec les Etats-Unis.
"Ceci est le résultat d'un désir partagé de réinitialiser les relations Etats-Unis/Rwanda", a déclaré sur Twitter l'attachée de presse du président, Stéphanie Nyombayire.
La condamnation pour terrorisme de l'opposant, qui a inspiré le film "Hôtel Rwanda", a été une source de contentieux entre Washington et Kigali. En mai 2022, Washington avait estimé que Paul Rusesabagina était "injustement détenu" par la justice rwandaise. M. Kagame avait rétorqué que les Etats-Unis ne pouvaient pas l'"intimider" pour le forcer à le libérer.
Les relations bilatérales ont aussi pâti du soutien présumé de Kigali à un groupe rebelle agissant dans l'est de la République démocratique du Congo.
L'annonce de la peine commuée de l'opposant faite par le gouvernement rwandais vendredi intervient près de deux semaines après que le président Kagame avait indiqué, lors d'une visite au Qatar, que des "discussions" étaient en cours concernant l'emprisonnement de M. Rusesabagina.
Le Qatar a de son côté annoncé vendredi que l'opposant pourra aller au Qatar puis aux Etats-Unis, une fois qu'il aura été libéré.
Les pourparlers sur une éventuelle libération de l'opposant avaient débuté fin 2022 et une avancée s'est produite la semaine dernière lors de discussions entre le président Kagame et l'émir du Qatar, a indiqué une source proche du dossier.
"Les relations étroites entre le Rwanda et le Qatar ont été la clé", a tweeté Stéphanie Nyombayire.
M. Rusesabagina vivait depuis 1996 en exil aux Etats-Unis et en Belgique, avant d'être arrêté à Kigali en août 2020 dans des circonstances troubles, à la descente d'un avion qu'il pensait à destination du Burundi.
Cet homme avait été rendu célèbre par le film "Hôtel Rwanda" qui raconte comment ce Hutu modéré qui dirigeait l'Hôtel des Mille Collines dans la capitale rwandaise a sauvé plus de 1.000 personnes durant le génocide des Tutsi en 1994.
Opposant depuis plus de 20 ans à Paul Kagame, qu'il a accusé d'autoritarisme et d'alimenter un sentiment anti-Hutu, Rusesabagina a utilisé sa renommée hollywoodienne pour donner un écho mondial à ses positions.
AFP avec ACTUALITE.CD