RDC-Maniema : Ces règles établies par la milice Malaïka à Salamabila où des habitants dont des femmes sont torturés

Les images de tortures des femmes par des miliciens à Salamabila
Les images de tortures des femmes par des miliciens à Salamabila

En RDC, la milice mai-mai Malaïka fait parler d’elle depuis quelques jours grâce aux vidéos devenues virales sur les réseaux sociaux, montrant des miliciens fouetter les hommes, les femmes et les jeunes filles. Selon le président de la société civile du Maniema, Stéphane Kamundala, au moins 5 victimes ont été identifiées et des enquêtes se poursuivent pour recenser d’autres bien que l’opération soit difficile du fait que la zone soit sous contrôle de la milice.

Selon les informations de ACTUALITE.CD, le chef de la milice, le cheikh Kabala Selemani a instauré des règles à observer dans la société. Les contrevenants sont fouettés publiquement à mort.

Les règles établies par la milice

Dans une interview de 9 minutes 21 secondes, diffusée sur les antennes d'une radio locale, dont ACTUALITE.CD a reçu une copie, Cheik Kabala Selemani dicte plusieurs règles à suivre, une sorte de charia, dont l’une imposant un accoutrement jugé moins obscène particulièrement aux filles et dames. Ces dernières ne peuvent pas porter de pantalon ni culotte.

“Nous avons été colonisés par les belges et les arabes, mais nous en particulier nous sommes habitués aux mœurs des arabes. Nous ne sommes pas habitués à voir des femmes se vêtir en culotte, en pantalon ou se promener nue. Chaque peuple a ses règles dans son pays, ethnie et même dans sa famille. La tribu Bangubangu ne permet pas de se promener en montrant des parties sensibles du corps devant ses parents”,  martèle-t-il tout en ajoutant:

“J’insiste encore et encore, si vous êtes un agent de l’État vivant ici, dites à votre femme de ne pas porter le pantalon. Nous allons sanctionner et traquer tout contrevenant jusqu’en dessous des lits. Toute femme qui sera aperçue en pantalon sera sévèrement fouettée’’.

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Le chef de la milice a aussi promis de sanctionner toutes les femmes mariées qui commettraient l’adultère. Elles deviendraient les épouses des miliciens en brousse. Les femmes venues d’autres provinces pour se prostituer à Salamabila se verront aussi fouettées si elles osent porter des pantalons en public, prévient-il.

Les élèves aussi doivent contrôler leur accoutrement. Ils ne sont pas non plus autorisés à être visibles dans des restaurants pendant les heures de cours. “Et les élèves concernés et le propriétaire du restaurant seront sérieusement fouettés eux aussi”, menace-t-il.

Une autre règle instaurée impose aux écoles d’équiper les classes en bancs et pupitres. “Tout directeur d’école dans laquelle, les enfants viennent avec les chaises de la maison sera aussi fouetté’’.

Le Cheik Kabala Selemani a mis en garde contre toute intervention qui irait à l’encontre des règles instaurées car d’après lui, la milice ramène de l’ordre dans la zone.

‘’Nous verrons le commandant qui viendra combattre le maï-maï ici à Salamabila parce que nous avons pris cette disposition. Comme ça, il vous sera demandé la raison pour laquelle vous venez nous combattre, ça sera parce que vos femmes se promènent nues en pantalon ? A Salamabila, nous ne voulons pas voir des femmes porter de pantalon’’, a-t-il mis en garde.

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Cheik Kabala Selemani, actuel chef de la milice a succédé à son grand frère et fondateur du mouvement, Cheikh Hassan Uzaïfa Mitende décédé en 2020 dans des circonstances encore inconnues.

Contexte

En attente du processus de désarmement, deux factions rivales de la milice Malaika avaient signé en juillet 2021 un acte d’engagement pour la promotion de la paix à Salamabila, zone secouée par les violences armées. Les deux factions rivales sont celles du chef de guerre Souverain et de Kabala qui se sont déjà affrontées à plusieurs reprises dans le territoire de Kabambare après la scission de la milice Malaika.

Le sud de la province du Maniema connaît, depuis 2016, un activisme des groupes armés avec la présence de plusieurs factions de la milice Malaïka. Ce groupe armé, constitué des populations autochtones, mènent des attaques, tueries et kidnapping. Ils protestent contre le non-respect du cahier de charge signé avec Namoya Mining, filiale de Groupe Banro Corporation, une société de droit canadien. La firme a annoncé en Juin 2020 avoir vendu sa mine d’or de Namoya à Shomka Resources Ltd, dans laquelle la société chinoise Baiyin International Investments détient une participation minoritaire.

Chadrac Londe