RDC : des Kinoises s'expriment sur le parcours de Tshala Muana

Tshala Muana
Tshala Muana/Ph. droits tiers

Mamu nationale, la reine de Mutuashi, maman Tshala Muana, .... L’artiste a rendu l'âme dans la matinée du 10 décembre à Kinshasa. La nouvelle, parvenue aux oreilles des Kinoises, a réveillé des souvenirs. Interrogées par le Desk Femme, chacune revient sur les temps forts de la vie de cette icone féminine de la musique congolaise.

« Tshala Muana a valorisé la culture congolaise, la langue et la culture luba. Partout dans le monde, la danse de la hanche a été exécutée, dans les fêtes, dans les bars, dans les funérailles. Cette artiste a réalisé un exploit fou et nous avons aimé cela. Dieu a décidé de reprendre son souffle, nous lui rendons grâce », réagit avec enthousiasme, Esther Kiyombo, agent à la Direction Générale de Migration (DGM).

Annie Bakidi, aide-ménagère à Lingwala, se rappelle de son titre « Tshanza » et des messages véhiculés dans ses chansons. « Tshanza est comme la main qui repère la douleur partout sur notre corps et y apporte le soin nécessaire. Mais lorsque ces mains tombent malades, les autres parties du corps, au-delà de compatir, que peuvent-ils faire d’autre ? Tshanza dans le vécu quotidien est cette personne prédisposée à aider les autres mais qui se retrouve abandonnée à son triste sort quand malheur frappe à sa porte. (...) Tshala Muana chantait les réalités de la vie et prodiguait des conseils. J'aimais vraiment sa musique », a-t-elle expliqué. 

La politique, des danses « obscènes »

« A une période, les pas de danse de Tshala Muana devenaient un peu obscènes. On commençait à se dire qu’il y avait une incitation à l’acte sexuel. C’est en ce moment là que personnellement, j’ai détesté ses clips. Je ne me sentais pas très à l’aise à les suivre en compagnie des enfants bien que la mélodie nous plaisait toujours (…), Sinon, Tshala Muana est une grande musicienne dont les chansons ont traversé les frontières et les générations », dit Bafunisa Chantal, agent à Equity Bank.

Pour Natacha Bukole, tenancière d’un restaurant de fortune de renchérir, « la partie où l’artiste nous a un peu dégoutés, c’est lorsqu’elle s’est engagée dans la politique avec le PPRD de Joseph Kabila. Elle nous a vanté les capacités du parti politique, elle a annoncé que des changements allaient s’opérer dans le social des populations congolaises, elle a battu campagne en faveur du président Kabila et a réussi parce que ce dernier a remporté des élections. (…) 5 chantiers oui, qu’est-il resté de tout cela ? En quoi cela a avancé notre Congo ? Les échecs du régime Kabila sont également ses échecs parce que les objectifs chantés n’ont pas été atteints. Rip l'artiste et la politicienne ».

Une génération s’en va

Brigitte Mbuyi, quadragénaire, et ménagère se réjouit de voir une nouvelle génération d’artistes féminines congolaises prendre le relais.

« La génération d'Abeti Masikini, Mpongo Love, Tshala Muana s’en va. Je suis heureuse qu’une autre s’installe. Celle de Cindy, MeJe 30, Rebo, (…) c’est à cela que la vie est faite. Elles ont passé le relais. Il ne nous reste plus que Mbilia Belle, il faut l’entretenir, l’honorer, tant qu’elle vit encore », a-t-elle affirmé.

De son nom complet Élisabeth Tshala Muana Muidikayi. L’artiste est née le 13 mai 1958.  Originaire du Kasai Oriental, elle était une chanteuse, danseuse, productrice, actrice et femme politique congolaise. En politique, elle a siégé comme députée au Parlement de transition entre 2000 et 2002, avant d'être battue aux législatives de 2011, dans la circonscription de Kananga, au Kasaï-Central.

Prisca Lokale