Une marche de protestation contre l’agression du Rwanda et de ses alliés dans la région Est de la RDC est prévue ce samedi 19 novembre à partir de 8 heures au Palais du peuple. Organisée par le regroupement national des Organisations de la société civile, cette manifestation connaîtra également la participation des structures défenseures des droits des femmes.
« J’y serai pour l’honneur de mon pays. Comme le point de départ est le Palais du peuple, moi qui habite Lingwala, j’aurais facilement la possibilité de me joindre à d’autres manifestants. Depuis mon enfance, tous les jours j'entends que nos mères, nos sœurs sont violées à l’Est. Je ne raterais pas cette occasion de manifester mon mécontentement », explique Gisèle Mateleka,une jeune trentenaire rencontrée au rond-point huileries.
En effet, les organisations de la société civile (membres signataires de la déclaration du 01 novembre 2022) la qualifie d'une marche de l'unité nationale et de l'intégrité territoriale. L'objectif poursuivi est de dénoncer l'agression rwandaise et rappeler au peuple congolais que la « nation est en danger et que c'est un devoir sacré de la défendre ».
Dans ce communiqué parvenu à ACTUALITE.CD, elles appellent la population à se mobiliser massivement pour rejoindre cette marche à Kinshasa et dans toutes les villes du pays, dans la paix et le respect des lois, mais déterminée et animée de l'amour de la patrie.
Si Mme Mateleka saisit cette occasion pour exprimer son mécontentement face à l’agression rwandaise, Clémentine Nzuzi, agent à la fonction publique, y voit aussi l’opportunité pour Kinshasa d’exprimer sa solidarité aux populations du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, ainsi que de l’Ituri.
« Personnellement, je ne savais pas qu'une marche est prévue par la société civile ici à Kinshasa. C'est pourtant une bonne initiative. Souvent les populations de l'Est pensent qu'à Kinshasa, nous ne sommes pas très impliqués dans les mobilisations en faveur de la paix. Ceci est une bonne opportunité de montrer que nous formons un seul bloc contre tous ceux qui agressent notre pays. J'y serais pour porter haut la voix de toutes ces personnes tuées par les balles du Rwanda», a-t-elle dit.
Dans la même veine, Pauline Ntumba estime que l’information autour de la marche aurait dû emprunter les mêmes voies qu’utilisent les manifestants politiques. Notamment dans la distribution des centaines de bouts de papiers avec un message clé.
« En tout cas, je ne savais pas. Lorsqu'il y a des grandes marches politiques, des tracts sont distribués à tous et dans toutes les langues nationales. Mais nous sommes à quelques heures de ladite marche et les gens n'en parlent pas. Je verrais si j'ai la possibilité d'y être demain" souligne Pauline Ntumba, devant ses étalages de friperies en ville.
A Anaelle Ngiama d’ajouter, « j’y serais aussi. Nous avons vu toutes ces années comment le Rwanda et toute la communauté internationale ont entretenu l’insécurité dans la partie Est de notre pays. C’est très injuste ce qui a été imposé à nos populations. C’est écœurant de devoir fuir des atrocités, de devoir partir de son domicile pour un avenir incertain », déplore Anaëlle Ngiama, étudiante en troisième année de droit à l’Université Protestante du Congo (UPC).
« A 8h30, je serai déjà au bureau. J’aurais souhaité prendre part à la marche mais le temps ne me permettra pas d’y être. Prochainement, je prendrais mes dispositions pour y être », a confié Sandra Kabanga, qui travaille dans le service de communication d’une banque.
Le cadre permanent de concertation de la femme congolaises mobilise aussi à son tour des structures des femmes à travers des messages envoyés aux organisations féminines.
Pour rappel, depuis mai 2022, les affrontements entre les FARDC et les rebelles du M23 sont signalés dans le territoire de Rutshuru dont une vaste étendue est contrôlée par l'ennemi. La rébellion du M23 a pris, le samedi 29 octobre, le contrôle des communes rurales de Kiwanja et Rutshuru-centre alors qu'elle contrôlait depuis juin des dizaines de localités et la cité douanière de Bunagana à la frontière avec l'Ouganda.
Depuis deux semaines, plus de 180 000 personnes ont fui les affrontements dans le territoire de Rutshuru, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) pour trouver refuge près de Goma, notamment sur le site de Kanyaruchinya.
Prisca Lokale