RDC: des bombes qui tombent dans les installations religieuses, MSF plaide pour l’ouverture d’un corridor humanitaire pour évacuer les civils et les blessés à Ntamugenga

Carte du territoire de Rutshuru
Carte du territoire de Rutshuru

La situation sécuritaire et humanitaire dans le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu) est toujours préoccupante. Dimanche, les affrontements entre les combattants du M23 (appuyés par le Rwanda, selon l’ONU et le gouvernement congolais) et les FARDC s’étaient intensifiés dans le village de Ntamugenga. Selon les informations rapportées par Médecins Sans Frontières (MSF), 500 personnes se sont réfugiées dans le couvent, dont des blessés.

« Jusqu’en fin d’après-midi, les bombes tombaient sur Ntamugenga. A cause des bombardements, MSF n’a pas pu accéder à la zone. Selon les informations reçues en début de matinée, il y avait déjà 14 blessés au niveau du centre de santé dont 6 nécessitent une évacuation. Le bilan s’est certainement alourdi en cours de journée », a déclaré Bénédicte Lecoq, coordinatrice d'urgence pour Médecins Sans Frontières (MSF) à Rutshuru, interrogée par RFI.

Et d’ajouter:

« En fin de journée, une bombe est tombée dans le jardin des religieux. Il y a eu deux morts et dix blessés ».

L’ONG plaide pour l’ouverture d’ un corridor humanitaire d’urgence pour évacuer les civils et les blessés. Elle dit se tenir prête « à intervenir ».

« Nous sommes aussi très inquiets pour la population qui est restée sur place. On nous dit qu'il y aurait environ 400 personnes au niveau du couvent et davantage au niveau du centre de santé. On espère qu’un couloir humanitaire va pouvoir être ouvert pour pouvoir évacuer très rapidement des blessés et la population civile coincée dans ce village. »

En septembre, MSF décrivait déjà une situation humanitaire difficile à Rwassa II, l’un des plus grands sites abritant des personnes déplacées à la suite du conflit entre l’armée congolaise et le M23 où plus de 21000 personnes survivent dans des conditions extrêmement précaires. A Rwassa II, MSF a également installé une clinique où ses équipes réalisent en moyenne 250 consultations par jour, et organisé des vaccinations de rattrapage, y compris contre la rougeole, pour les enfants dans les principaux sites de déplacés autour de Rutshuru et dans l’aire de santé de Kanyaruchinya.

« A l’approche de ce site de 68 hectares, c’est d’abord l’immensité de l’espace qui surprend avec déjà plus 3000 abris provisoires sur les 4000 attendus. Pourtant, Rwassa II ne reflète qu’en partie l’ampleur de la crise qui affecte cette région du Nord-Kivu depuis plus de six mois et a causé le déplacement de plus de 233 000 personnes », expliquait l’ONG.

Au moins 23 000 personnes auraient été déplacées par les violences armées qui ont éclaté depuis le 20 octobre entre l'armée congolaise et le mouvement armé du M23 dans le territoire de Rutshuru, rapporte le  Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

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