De la célébration des 62 ans d'indépendance de la RDC à la rencontre entre Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe récemment acquitté par la justice en passant par la mort par accident de circulation de 8 écoliers et leur chauffeur à Bukavu, la semaine qui s'achève à été riche au niveau de l'actualité. Gisèle Kapinga commente chacun de ces faits marquants.
Bonjour Madame Gisèle Kapinga et merci de nous accorder de votre temps. Pouvez-vous nous parler de vos activités ?
Gisèle Kapinga : Je suis avocate au barreau de Kinshasa/Gombe et présidente de l'association des femmes avocates (AFEAC). Notre organisation milite pour la promotion de l'avocate. Elle a comme objectif, la défense et la protection des droits de la femme et de l'enfant. En termes d'activités, nous faisons la vulgarisation des textes en rapport avec les droits de la femme et de l'enfant. Nous assistons juridiquement et judiciairement les survivantes des violences sexuelles et autres personnes vulnérables. Nous faisons aussi des monitoring de prison (etc..).
Cette semaine, La RDC a célébré ses 62 ans d’indépendance le 30 juin. Une cérémonie a coïncidé avec l’inhumation des restes du premier Premier ministre congolais, Patrice Emery Lumumba. Que représente cela pour vous ?
Gisèle Kapinga : ce fût un moment historique. Nous avons enfin levé le deuil et l'âme de notre héros national va devoir reposer en paix. En tant qu'avocate, je dirais que Lumumba a été assassiné de la manière la plus cruelle. De ce fait, une réparation s'impose. Pour sa famille et pour la nation congolaise.
Un collectif d’intellectuels congolais composé des professeurs d’Universités demande à Denis Mukwege de se présenter à l’élection présidentielle de 2023. Que pensez-vous de cette proposition ?
Gisèle Kapinga : nous sommes en démocratie. Toute personne qui remplit les conditions édictées par la loi électorale, est d'office libre de présenter sa candidature à un scrutin . Je ne vois aucun mal au fait pour ces professeurs de soumettre une telle proposition au Docteur Mukwege.
Un autre fait marquant cette semaine aura été la rencontre des leaders de la coalition Cap pour le changement (CACH), Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi. Ce rendez-vous arrive après l’acquittement de l’ancien directeur de cabinet du chef de l'Etat dans le cadre du procès des 100 jours. Quel est votre point de vue à ce sujet ?
Gisèle Kapinga : je pense que nous avons tous assisté à la diffusion par les médias de cette rencontre. Nous avons vu que les deux personnalités se sont rencontrées. Il n'y a point de commentaire à faire en ce moment si ce n'est que de constater les faits.
Condamné à 20 ans de prison pour détournement de près de 50 millions de dollars, Vital Kamerhe a été « totalement acquitté en appel » faute des preuves. Que pensez-vous de cette décision de la justice congolaise ?
Gisèle Kapinga : en tant qu'avocate, la déontologie ne nous autorise pas à commenter les décisions judiciaires. Nous prenons acte de cette décision de justice.
Huit écoliers et leur chauffeur sont morts dans un accident de circulation à Bukavu, percutés par un véhicule transportant du sable. L’enterrement a eu lieu vendredi. Le gouverneur a promis de veiller à ce que les auteurs soient poursuivis en justice et sanctionnés conformément à la loi. Quelles sont vos recommandations à ce sujet ?
Gisèle Kapinga : en tant que mère, j'ai eu le cœur brisé en voyant les images insoutenables de cet accident. La justice doit faire son travail. Il va falloir nous dire, quelle est la cause exacte de cet accident et établir les responsabilités.
En sécurité, trois civils dont une femme ont été tués par les ADF mercredi en début de la soirée lors d'une embuscade dans le secteur de Ruwenzori (territoire de Beni), au Nord-Kivu. Trois motos ont également été incendiées. Quelles sont vos propositions pour la réussite de l’état de siège ?
Gisèle Kapinga : l'insécurité sévit dans la partie Est de notre pays depuis plus de deux décennies. Il existe dans ce coin ,plus de 100 forces négatives, parmi lesquelles on compte les ADF. Ce qui voudrait dire que la situation d'insécurité ne se terminera pas du jour au lendemain. Je demande au gouvernement de multiplier les moyens logistiques et autres en faveur de nos combattants aux fronts. Mais aussi, d'identifier les infiltrés à tous les niveaux et les mettre hors d'état de nuire.
Dans l’actualité internationale, le Conseil de sécurité a reconduit jusqu’au 1er juillet 2023 son régime d’embargo sur les armes et sanctions relatives à la RDC. Quel est votre avis à ce propos ?
Gisèle Kapinga : cette résolution avait été prise pour accompagner le processus de paix après Sun city. En outre, je sais que ces sanctions sont prises contre les groupes armés. Néanmoins, le bât blesse lorsque cette résolution du conseil de sécurité des NU impose une obligation de notification pour l'achat de certaines armes par la RDC. Notre pays est en guerre et ne peut être soumis à des conditions préalables pour s'approvisionner en armements. C'est ici, que nous découvrons, la complicité de la communauté internationale avec nos agresseurs.
Le Ghana, le Gabon, le Kenya, la Russie et la Chine ont été unanimes, dans leurs explications de vote, pour dénoncer une résolution qui va à l'encontre de la souveraineté de la RDC et qui limite, selon eux, sa capacité à combattre les groupes armés qui continuent de proliférer notamment dans le nord-est du pays. Que pensez-vous de leur position ?
Gisèle Kapinga : ces nations ont tout à fait raison de prendre cette position. C'est en ce moment que les Congolais doivent s'unir pour la sauvegarde de l'intégrité territoriale de notre pays.
La campagne Tolérance zéro immédiate contre les VSBG a été mise en œuvre en RDC depuis une année maintenant. A Kinshasa comme dans certaines provinces, la société civile et la population disent ne rien savoir à ce sujet. Pour la prochaine année quelles seront vos recommandations ?
Gisèle Kapinga : c'est déplorable ! Dans notre pays, beaucoup de bruits se font au lancement des grandes activités et après, un silence de cimetière s'installe. Les violences sexuelles basées sur le genre (VSBG) sont un fléau et un véritable problème dans notre société. Il est temps que les moyens financiers,matériels et humains soient associés pour leur éradication.
Un dernier mot ?
Gisèle Kapinga : Pour finir, j'encourage nos jeunes de 18 à 25 ans, à s'enrôler en grand nombre dans l'armée, les FARDC. Le pays est en danger et il faut que toutes les couches sociales soient mobilisées pour la recherche des solutions.
Propos recueillis par Prisca Lokale