RDC: dépité par la situation du pays, un collectif de professeurs demande à Mukwege de se présenter à la présidentielle de 2023

Denis Mukwege, Ph. Droits tiers.

Des professeurs réunis dans une plateforme appelée Collectif d’intellectuels congolais demandent à Denis Mukwege de se présenter à l’élection présidentielle de 2023. « Levez-vous pour prendre la tête de ce peuple meurtri. Présentez-vous à l'élection présidentielle de 2023 que vous emporterez haut la main, parce que notre peuple qui vous appelle est celui qui vous élira. Ce peuple se tient prêt comme un seul homme à vous emboîter le pas sur le chemin de la restauration de notre Chère Patrie rongée par le manque de vision et de leadership, le tribalisme, le clientélisme, la tentation séparatiste menaçant la nation jusque dans ses fondements, laminée et écumée par les agressions extérieures », écrivent-ils dans un mémorandum.

Parmi les signataires, il y a notamment les professeurs Roger Buangi Puati, Alphonse Maindo, Jean-Claude Maswana, Bily Bolakonga, Michel Bisa et Fraternel-Divin Amuri.

Ils louent le travail abattu jusque-là par le Prix Nobel de la Paix: « Nous reconnaissons que vous avez largement rempli votre mission, parce que nous sommes les témoins oculaires de votre humanité et de votre dévouement en faveur des victimes des atrocités commises à l'encontre du peuple congolais. Vous portez votre voix haut et fort pour que la justice se penche enfin sur les crimes commis au Congo ces 25 dernières années. Vous êtes devenu le héraut du Rapport Mapping et vous ne cessez d'interpeller la communauté internationale et l’Etat congolais sur les conséquences néfastes de l'impunité. Mais jusqu'ici nous n'observons aucune réaction significative de quelque État que ce soit ».

 Cependant, ils estiment qu’il faut maintenant passer à une autre vitesse: « Ni les dénonciations, ni les multiples accords et encore moins les manifestations de protestation ne semblent mettre fin au génocide contre notre peuple et au pillage de ses ressources naturelles. Les rares fois que les médias font mention de la tragédie congolaise, la communauté internationale détourne son regard, chouchoutant des criminels qui sont devenus leurs partenaires privilégiés comme pour nous défier. Le règne de l'impunité fait que les agresseurs et leurs complices nationaux se sentent autorisés à commettre chaque jour plus de crimes que dans le passé ».

Ces intellectuels disent constaté que le pays est dirigé par des mains non expertes: « Nous en avons assez d'être conduits par des parvenus ou des personnes qui, n'ayant rien réalisé dans leur propre parcours de vie, recherchent le pouvoir pour obtenir, par la corruption, le vol, la ruse et la violence, ce qu'elles n'ont pas réussi à avoir par le travail et par les études ».

Ainsi, ils ont porté leur choix sur le Prix Nobel: « Vous êtes le meilleur d’entre nous. Réunis en collectif d'intellectuels congolais, nous vous faisons parvenir le cri de la femme apeurée dans le Masisi qui tente de se soustraire à la soldatesque rwandaise qui saccage cette région verdoyante ». 

Ils se veulent ainsi insistants: « S'agissant de la situation de la RDC, nous disons qu'en cette heure grave de l'histoire de notre pays, ne pas entendre l'appel désespéré de votre peuple ternirait à tout jamais votre bel habit de Prix Nobel et de toutes les distinctions que vous avez engrangées au cours de ces dernières années. Votre peuple vous appelle. Écoutez ses cris de détresse ».