« Le prétendu retrait de l’AFC/M23 d’Uvira ne correspond ni aux faits ni aux observations recueillies sur le terrain », a déclaré dimanche le président congolais Félix Tshisekedi, affirmant que des éléments armés restent présents dans la ville et ses environs, lors du sommet ad hoc consacré ce dimanche à Entebbe à la situation sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo.
S’exprimant par visioconférence au sommet des chefs d’État et de gouvernement du Mécanisme régional de suivi de l’accord-cadre de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), M. Tshisekedi a jugé qu’« un retrait annoncé, mais ni effectif, ni vérifié, ni suivi du rétablissement de l’autorité des forces régulières, ne saurait être considéré comme un retrait réel ». Selon lui, « la crédibilité de tout processus de paix repose sur des actes vérifiables, et non sur des déclarations de circonstance ».
Le chef de l’État congolais a ajouté attendre « le retrait effectif, complet et sans équivoque des troupes rwandaises de l’ensemble du territoire de la République démocratique du Congo, conformément aux engagements pris et aux résolutions en vigueur ». Le sommet a réuni les États membres de la CIRGL, ainsi que des représentants de l’Union africaine, de l’Union européenne, des États-Unis, des Nations unies et d’États invités.
Ces déclarations interviennent alors que le secrétaire d’État américain Marco Rubio a défendu la diplomatie « America First » lors de sa conférence de presse de fin d’année, affirmant que des engagements signés mais non respectés entre la RDC et le Rwanda offrent désormais à Washington des leviers pour exercer des pressions. « Dans le cas de la RDC et du Rwanda, nous avons des engagements signés des deux côtés. Ils ne sont pas respectés, mais au moins ils existent », a-t-il déclaré, évoquant un intérêt bipartisan du Congrès américain sur ce dossier.
La position américaine avait déjà été réaffirmée le 19, lors du renouvellement du mandat de la Monusco au Conseil de sécurité de l’ONU. La représentante américaine pour les affaires politiques, Jennifer Locetta, avait alors estimé insuffisant l’engagement du M23 de se retirer d’Uvira, appelant le groupe armé à se retirer « à au moins 75 kilomètres » de la ville et à respecter « l’ensemble de ses obligations prévues par l’accord-cadre ». Elle avait condamné l’avancée du M23 dans la zone ainsi que le soutien du Rwanda, jugé contraire aux accords de Washington, et réaffirmé l’attachement des États-Unis à ces accords ainsi qu’au processus de Doha.