Médias : « si nous continuons à être complaisants dans l'octroi de la carte professionnelle, le phénomène dit moutons noirs  a encore une longue vie devant lui » (Patrick Muyaya)

Dictaphone
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Les travaux des états généraux de la communication et des médias se sont ouverts ce mardi 25 janvier 2022 à Kinshasa, Capitale de la République Démocratique du Congo. Pour le ministre de la communication et médias Patrick Muyaya, l'urgence de la tenue de ces travaux se justifient notamment par la nécessité de la remise en question du journaliste lui-même au regard des réalités actuelles notamment des Fake News et des moutons noirs.

« Loin d’un effet de mode, la tenue de ces états généraux de la communication et des médias vient se poser comme cadre de réflexion et d’interrogation qui doit  permettre de confronter les idées, les styles et les écoles pour ensemble dégager des modèles des médias, des journalistes et des professionnels de la communication qu’il nous faut en vue de répondre aux besoins d’informer, d’éduquer, de divertir et de communiquer pour éclairer la lanterne de notre peuple. Qui est journaliste et qui ne l'est pas ? Quelle est la limite entre les faits et les  opinions ? Que faire pour construire la viabilité de nos organes de presse ? Comment faire face aux défis technologiques pour ne pas rater la mutation ? Que faire pour que les journalistes d’hier et ceux d’aujourd’hui parlent le même  langage dans un environnement où les outils de travail ont radicalement changé alors que l’intérêt d’informer est resté le même ? Comment la société apprécie-t-elle la production des professionnels des médias pour son évolution ? Quel est le rôle de l’Etat congolais dans ce processus ? Comment pourrait-il bénéficier de l’accompagnement des médias dans la marche vers le développement de notre pays ? », s'est interrogé Patrick Muyaya dans son discours de circonstance à l'ouverture des travaux.

Et de poursuivre :

« Ces états généraux de la communication et des médias se justifient amplement par l'urgence existentielle d'arrimer notre paysage médiatique aux enjeux actuels. Ils rappellent au journaliste, lui-même, la nécessité de se remettre en question et  sécuriser le journalisme, sa profession. Car, face au flot des nouvelles et  l’apparition de nouveaux acteurs donneurs de nouvelles, il se crée parfois une confusion entre les professionnels et ceux qui s’apparentent aux journalistes. Oui, nous en parlons et le déplorons depuis des décennies. Mais si nous continuons à être complaisants dans l'octroi de la carte professionnelle, dans la  régulation et l’autorégulation, le phénomène dit « moutons noirs » a encore une  longue vie devant lui ».

Il s'est réjoui du fait que l'UNPC a suspendu momentanément l'octroi des cartes professionnelles en vue de renforcer les conditions d'octroi de la carte professionnelle.

« L’option du moratoire sur la délivrance de la carte de presse a été préconisée aux termes de ces réflexions préparatoires. L’Union nationale de la presse du Congo (UNPC), inspirée par cette recommandation, en a anticipé la mise en œuvre en prenant des mesures conservatoires pour renforcer les conditions d’octroi de la carte, l’application des sanctions pour plus de discipline et d’autorégulation. C’est ici aussi le lieu de reconnaître que les structures de régulation et d’autorégulation n’ont jusque-là pas pu faire véritablement preuve d’efficacité tant dans le contrôle des contenus que dans la gestion des dérapages constatés », a-t-il ajouté.

Ces assises ont pour thème « Les médias congolais : Quelles perspectives à l’ère du numérique face aux défis du développement durable ?».

Il est question, au cours de ces travaux, de dégager des propositions des réformes pertinentes touchant au régime juridique des médias en général et de la presse en ligne en particulier, au statut du journaliste, à la dépénalisation des délits de presse qui pourra être précédée d’un moratoire dont les modalités d’encadrement feront l’objet d’une concertation entre le gouvernement et les organisations professionnelles, à la modernisation des médias publics, et aux défis de la presse congolaise.

Clément Muamba