RDC: Thomas Lubanga et Innocent Kaina ont chacun créé un mouvement politico-militaire avec l'objectif de s'opposer à Kinshasa. Leurs activités ont bénéficié de l'approbation des autorités ougandaises (Experts ONU)

Thomas Lubanga en meeting à Bunia
Thomas Lubanga en meeting à Bunia

La province de l'Ituri est restée en proie à des violences intercommunautaires persistantes entre la Coopérative pour le développement du Congo/Union des révolutionnaires pour la défense du peuple congolais (CODECO/URDPC) et le groupe armé zaïrois. C'est ce qui ressort une nouvelle fois dans le nouveau rapport du groupe d'experts des Nations-Unies.

D'après ce document couvrant jusqu'à la période d'avril 2025 et consulté mercredi 2 juillet 2025 par ACTUALITE.CD, la CODECO/URDPC était responsable de la majorité des violations documentées, notamment des massacres et des attaques contre des sites accueillant des personnes déplacées à l'intérieur du pays. 

"Les dirigeants de la CODECO/URDPC n'ont pas réussi à garantir l'obligation de rendre des comptes pour les graves exactions commises contre les civils, témoignant d'une tolérance interne à l'égard de tels comportements. Toutes les communautés ont continué d'être touchées par le recrutement d'enfants et les violences sexuelles liées au conflit, deux phénomènes largement sous-déclarés", souligne le rapport du groupe d'experts des Nations-Unies.

Selon toujours ces mandataires de l'ONU, le déploiement de l'armée Ougandaise au-delà de ses limites a exacerbé les tensions dans la province de l'Ituri. Ils notent également que les activités de Thomas Lubanga et Innocent Kaina ont bel et bien le soutien des autorités Ougandaises.

"Le déploiement unilatéral par l'Ouganda de troupes de l'UPDF dans les territoires de Mahagi et de Djugu en Ituri a exacerbé les tensions et a risqué d'attiser les violences intercommunautaires. Thomas Lubanga et Innocent Kaina, deux individus sanctionnés, ont chacun créé un mouvement politico-militaire avec l'objectif déclaré de s'opposer au gouvernement de la République Démocratique du Congo. Tous deux sont restés à Kampala, où leur présence et leurs activités soutenues ont bénéficié de l'approbation des autorités ougandaises", révèle le rapport du groupe d'experts des Nations-Unies.

Le rapport ajoute que la CODECO, l'URDPC et le Zaïre ont continué de contrôler des sites d'orpaillage dans les territoires de Djugu et de Mahagi, en Ituri. 

"Certains membres des parlements provincial et national impliqués dans des opérations d'orpaillage illégales ont versé des sommes à la CODECO/URDPC. L'or extrait illégalement d'Ituri a continué d'être introduit en contrebande, principalement via Kampala".

Dans son exposé lors de la dernière réunion du Conseil de Sécurité de l'ONU, la représentante du SG des Nations-Unies en République Démocratique du Congo, Bintou Keita a fustigé également l'émergence de deux nouveaux groupes armés dans la province de l'Ituri dirigés par deux anciens chefs de guerre reconnus coupables pour des crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

"Dans la province de l'Ituri, les attaques de représailles menées par les groupes armés CODECO et Zaïrois ont continué de toucher des villages et des sites de déplacés internes, entraînant de graves perturbations des services médicaux pour les populations vulnérables. Deux nouveaux groupes armés ont émergé, dirigés par Innocent Kaina et Thomas Lubanga, tous deux reconnus coupables de graves crimes internationaux, notamment de recrutement d'enfants. Au Nord-Kivu et en Ituri, les attaques des ADF contre les civils ont diminué ces derniers mois, mais leur caractère meurtrier persiste", a fait savoir la représentante spéciale du SG de l'ONU dans son discours.

Alors que la situation sécuritaire dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu reste préoccupante depuis plusieurs années, cette partie de la République Démocratique du Congo ne cesse d'enregistrer des mouvements politico-militaires qui naissent au fil du temps. La dernière est l'officialisation de la Convention pour la révolution populaire (CRP) de Thomas Lubanga, ancien condamné de la Cour Pénale Internationale (CPI).

Dans un communiqué rendu public au mois de mars dernier, Thomas Lubanga avait officialisé son mouvement dénommé la convention pour la révolution populaire. Selon le communiqué, la CRP se veut être le corps qui porte en lui l'esprit de changement qui anime tous les Congolais censés faire face à la mauvaise gouvernance politique du pays caractérisée par les détournements, la corruption, la kleptocratie, la kakistocratie, l'égocratie, le caporalisme, le patrimonialisme, le tribalisme, le népotisme, le clientélisme.

Clément MUAMBA