L'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo a endossé dimanche les habits d'un leader panafricaniste en lançant un nouveau mouvement, le Parti des Peuples Africains-Côte d'Ivoire (PPA-CI), qui concrétise son retour au premier plan sur la scène politique, après dix ans d'absence.
"Nous allons reprendre ensemble notre chemin", a lancé M. Gbagbo, devant plusieurs centaines de cadres et militants pour son premier discours devant une audience de cette envergure depuis son retour en Côte d'Ivoire, mi-juin.
Dans une allocution de plus d'une heure, remplie d'anecdotes, il est longuement revenu sur ses années d'incarcération à la Haye (2011-2019) et les poursuites pour crime contre l'humanité engagées par la Cour pénale internationale (CPI) dont il a été finalement acquitté l'an dernier.
"Je ferai de la politique jusqu'à ma mort!", a assuré l'ancien chef de l'Etat, sous une ovation.
Dans la nuit de samedi à dimanche, Laurent Gbagbo avait, sans surprise, été élu à la tête du PPA-CI par une acclamation des quelque 1.600 congressistes présents à Abidjan.
"On s'est demandé: qui va diriger le parti? On a cherché... et on a trouvé", a ironisé le président du congrès, Sébastien Dano Djédjé, sous les rires et applaudissements tant il était évident que M. Gbagbo, figure centrale de ce parti, allait en être le président.
Le logo du PPA-CI - les doigts des deux mains entrelacées dans une carte de l'Afrique - a ensuite été officialisé, symbolisant la visée panafricaine de ce nouveau parti et de son leader.
"Regardez le monde et voyez quels sont les puissants, ce sont les pays grands de taille, la Chine, les Etats-Unis, la Russie, le Canada. Tant que nous sommes dans des micro-Etats nous ne sommes rien. Il faut que les Etats africains s'unissent!", a affirmé Laurent Gbagbo, faisant allusion aux Etats-Unis d'Afrique, un concept maintes fois évoqué mais jamais concrétisé.
Plusieurs représentants politiques d'une douzaine de pays africains étaient présents ce week-end pour le congrès de lancement du parti.
- Nouvelle force d'opposition -
Le FPI fondé dans la clandestinité en 1982, est désormais aux mains de son ex-Premier ministre Pascal Affi N'Guessan, avec lequel M. Gbagbo, 76 ans, est en rupture politique.
Mais une grande majorité de cadres du FPI ont suivi M. Gbagbo dans cette nouvelle aventure.
Une absence était cependant remarquée ce week-end, celle de Simone Gbabgo, ex-Première Dame dont Laurent Gbagbo a récemment demandé le divorce.
En déplacement en République démocratique du Congo, elle multiplie ces dernières semaines les signaux pour tracer son propre chemin politique.
Ce nouveau parti pourrait devenir une des principales forces d'opposition, avec le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) de l'ex-président Henri Konan Bédié.
Son manifeste mentionne le "recul évident des acquis démocratiques dans le pays" et critique notamment "la dépendance financière" aux puissances étrangères.
Samedi, le n°2 du parti au pouvoir, Adama Bictogo, présent à la tribune du congrès du PPA-CI, a lancé un message d'apaisement.
"Ce nouveau parti qui va naître viendra renforcer la vitalité démocratique", a-t-il déclaré.
Concernant la prochaine présidentielle de 2025 qui anime déjà les débats en Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo a laissé planer le suspens sur ses intentions.
"A cet âge-là, après ce parcours-là la sagesse c'est de se décider à partir. Mais j'ai décidé que je ne partirai pas brusquement...", a t-il déclaré dimanche.
L'exécutif envisage d'introduire une limite d'âge à 75 ans pour se présenter. Le chef de l'Etat Alassane Ouattara et ses prédécesseurs Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié seraient alors empêchés de concourir.
AFP et ACTUALITE.CD