Ituri : pendant l'état de siège, les groupes armés sont passés de 8 à 11, les barrières illégales de perception d'argent sont passées de 27 à plus de 180, selon le député Gratien Iracan

Territoire de Djugu

Le député Gratien de Saint-Nicolas Iracan a dressé ce dimanche 8 août, le bilan de l'état de siège décrété en Ituri et au Nord-Kivu.  Cette évaluation est faite après l'audition au sein de la commission défense et sécurité du ministre de la défense et du chef l'état-major général des FARDC. Pour cet élu de Bunia en Ituri, le bilan de l'état de siège est négatif au regard des réalités de terrain.

Pour éclairer sa position, il révèle qu'avant l'état de siège, la province de l'Ituri notamment qui comptait 8 groupes armés en a actuellement 11; les effectifs de déplacés internes sont passés de 1 à 2 millions, selon les différents rapports des organisations spécialisées ; les axes routiers fréquentables sont passés de 5 à 1 seul, la nationale n°27 avec des risques tout de même, plus 30 villages incendiés par les groupes armés dans le territoire d'Irumu.

« Nous, nous trouvons que les informations du gouvernement et de l'état-major général de l’armée ne sont pas exactes. Parce que, quand vous comparez  à la vraie réalité de terrain, c'est contradictoire. Je donne l'exemple simple de chez moi en Ituri. Dans cette province, quand les opérations ont commencé avec l'état de siège, il y avait plus ou moins 8 groupes armés, mais aujourd'hui, nous sommes en train d'aller vers 11 groupes armés. On m'a parlé de 16, mais, moi j'en ai recensé 11. Il y a des business qui se font parce que finalement chaque groupe trouve qu'en faisant scission on peut avoir les moyens de pouvoir avancer »,  a dit à ACTUALITE.CD,  le député Gratien de Saint-Nicolas Iracan.

Dans la même province, les barrières illégales de perception d'argent par les FARDC sont passées de 27 à près de 189. Le député révèle qu’à certaines barrières, les militaires cohabitent avec les miliciens pour percevoir l’argent.

« Avant l'état de siège, nous avions inventorié en moyenne 27 barrières dans la province de l'Ituri, mais aujourd'hui avec l'état de siège, nous sommes à près de 189 barrières où on trouve les FARDC en train de percevoir l'argent. Si c'était des barrières où on contrôle, on comprendrait, mais là, on perçoit l'argent. Ce qui est grave, on a certaines barrières où on vous trouvez nos FARDC avec les groupes armés ensemble en train de percevoir l’argent, ce sont des situations dramatiques », révèle cet élu membre de l'Union sacrée.

Toutes les routes sont devenues dangereuses. « Avant l'état de siège, nous avions 5 axes routiers fréquentables au niveau de l'Ituri. Mais aujourd'hui, tous les axes  ne sont plus fréquentables sauf un seul, la route nationale 27 qui venait d'être rouverte. Il y a quand même des fréquentations mais avec des risques », a-t-il estimé.

Trois mois après l'entrée en vigueur de l'état de siège dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu, les résultats qui en découlent ne font toujours pas l'unanimité. Le gouvernement indique que les résultats sont satisfaisants, mais admet qu'il y a encore des efforts à fournir pour atteindre les objectifs.

Les députés notamment ne sont toujours pas d'accord avec cette version des faits. Ils estiment toujours que les données réelles sur terrain sont en contradiction avec celles relayées par les autorités. C'est ainsi que , pour autoriser la 5ème prorogation, les élus ont exigé l'évaluation de l’état de siège. Trois membres du gouvernement seront auditionnés. Il s'agit du ministre de la défense, Gilbert Kabanda a été auditionné jeudi dernier et devra revenir à la commission défense et sécurité en vue de répondre aux préoccupations des députés. Le ministre d’Etat de la justice, Rose Mutombo sera également auditionné ce lundi, et suivra le Vice-premier ministre de l’intérieur Daniel Asselo. À l'issue de ces auditions, la commission fera rapport à plénière de l'Assemblée nationale.

Berith Yakitenge