Covid-19 en RDC : impayés depuis cinq mois, les agents de riposte réclament salaires et primes promises à l’occasion de l’indépendance

Photo d'illustration/ACTUALITE.CD

Les agents de santé impliqués dans la riposte contre la pandémie de Covid-19 qui sévit en République Démocratique du Congo (RDC) réclament le payement de leur salaire et primes promises par le chef de l’Etat, à l’occasion du 60ème anniversaire de l’indépendance.

Dans un mémorandum adressé, fin août dernier, au président Felix Tshisekedi et parvenu à ACTUALITE.CD ce vendredi 24 septembre, ces agents de riposte révèlent qu’ils accusent cinq mois d’arriérés de salaire, en dépit de leur engagement dans la lutte contre la pandémie qui vient de causer la mort de plus de 270 personnes sur les 10 554 cas confirmés jusqu'à mercredi. Ils menacent de rejoindre la rue faute de l’amélioration de leur revenu salarial.

«Nous avons et continuons de donner le meilleur de nous-mêmes. Nous totalisons à ce jour (fin aout) 4 mois d’impaiement depuis le mois d’avril, plus 1 mois de la période préparatoire. Ce qui fait un total de cinq mois. Nous n’avons jusque ce jour jamais reçu ni ordre de mission, ni signé un contrat au préalable sur lequel serait alloué le montant de la prime allouée à chaque prestataire, malgré nos multiples sollicitations. Le premier payement fait par Accès Bank fut un chèque en blanc, c’est-à-dire nous l’avions signé sans mentionner au préalable le montant qui devrait revenir à chaque prestataire, et pire pour les zones de santé, ces agents ont été payés la moitié de leur prime parce que le gouvernement n’avait pas décaissé le fond pour la totalité de la prime», révèlent ces agents de riposte.   

Ils déplorent par ailleurs l’inadéquation entre leurs primes et celles des agents qui étaient impliqués dans la riposte contre la maladie à virus Ebola, alors que tous combattent des graves épidémies. 

«Pour l’équipe nationale, certains ont perçu 465$, 360$ et 270$. Ce qui représente le 1/10eme de la prime reçue pour la maladie à virus Ebola (4 500$ pour chaque prestataire du niveau national)», déplorent-ils.

Toujours pas de prime de l’indépendance!

L’autre inquiétude pour ces agents de santé, c’est le non paiement de la prime spéciale leur promise par le chef de l’Etat à l’occasion de la célébration, le 30 juin dernier, du 60ème anniversaire de l’indépendance de la RDC. Alors que cette prime concernait les agents engagés dans la riposte contre la Covid-19, comme indiqué par le chef de l’Etat Felix Tshisekedi, certaines autorités compétentes auraient décidé que cette prime soit distribuée à tous les agents de santé reconnus par la Fonction publique. Ces agents de santé craignent qu’ils soient privés de cette prime, dès lors que la plupart des agents impliqués dans la riposte contre la pandémie de Covid-19 ne sont pas matriculés. 

«La prime du 60eme anniversaire de l’indépendance promise exclusivement pour l’équipe de la riposte, les militaires et policiers (qui ont eux été servis) ne nous est jamais parvenue sous prétexte qu’elle concernerait non seulement l’équipe de la riposte, mais tous les agents de la santé reconnus par la Fonction publique. Laissez-nous vous dire, Excellence Monsieur le Président, que la plupart de ceux qui sont engagés pour servir la nation dans cette riposte ne sont ni matriculés, ni salariés et ni primés, et donc ne seront pas bénéficiaire de cette prime s’il en est ainsi», écrivent-ils au chef de l’Etat.

Ils plaident pour l’intervention du chef de l’Etat pour que le personnel de santé soit «honoré et respecté pour tous les sacrifices consentis jusqu’à ce jour». 

«La pandémie n’étant pas encore éradiquée, sollicitons de vous une implication vigoureuse pour l’honneur de la médecine. Nous ne voulons plus voir le corps médical sur la rue, juste parce que la précarité de son revenu salarial ne lui permet pas de renouer les deux bouts du mois», préviennent-ils.

C’est le deuxième mémorandum des prestataires de santé engagés dans la riposte contre la Covid-19 adressé aux autorités pour réclamer l’amélioration de leurs conditions salariales. 

Claude Sengenya