Assemblée nationale : le VPM Gilbert Kankonde de nouveau interpellé notamment pour violation du siège du parlement

Le VPM Gilbert Kankonde lors d'une plénière à l'Assemblée. Ph. Droits tiers

Le député Josué Mufula a adressé une interpellation, ce mardi 16 juin, au vice-premier ministre, ministre de l'intérieur, sécurité et affaires coutumières, Gilbert Kankonde au sujet notamment du récent empêchement des députés nationaux d'accéder au Palais du peuple.

L'élu de Goma est "indigné" par l'attitude de la police qui a barricadé l'accès aux élus même pour exécuter les travaux en commission. 

" Les actes qui se sont déroulés  le 12 juin dernier au palais du peuple sont des actes qui ont franchi le rubicon. Et, puisqu'on nous a dit que c'était l'ordre d'une certaine hiérarchie, nous voudrions savoir de qui émane cet ordre verbal. Je sais que le patron de la sécurité, le chef de la police, c'est avant tout le Vice-premier ministre ministre de l'intérieur, sécurité et affaires coutumières. Et donc, avec tout ce qui se passe ici,  vous vous souviendrez que ce n'est pas pour la première fois. Lorsqu'il y avait ce congrès imaginaire là, on avait encore interdit aux députés d'accéder à l'hémicycle ", dit Josué Mufula au micro tendu par ACTUALITE.CD, après le dépôt de son interpellation.

Fustigeant l'attitude  de la police, il regrette la paralysie des autres activités que la plénière élective.

" Si c'est la plénière qui devait être interdite par rapport à l'élection du premier vice-président de l'Assemblée nationale    il fallait au moins laisser les députés entrer et travailler dans leurs commissions respectives. Le sénat qui a été aussi empêché, qu'est-ce qu'il avait à foutre avec ce qui se passe au niveau de l'Assemblée nationale ? Et donc, ces actes ont violé non seulement notre constitution par rapport au principe de séparation des pouvoirs tel que renchérit par Montesquieu, l'article 7 de notre règlement intérieur a été violé. Et donc, c'est inacceptable et inadmissible, voilà pourquoi nous interpellons le Vice-premier ministre de l'intérieur pour qu'il vienne s'expliquer devant la représentation nationale parce que nous représentons tout un peuple. Il faudrait que nous ayons des explications par rapport à ce qui s'est passé et que l'on respecte notre institution",  a ajouté Josué Mufula.

Le député se dit aussi “scandalisé” par la recrudescence de l'insécurité dans quelques provinces du pays.

" Au-delà de cela, nous étions préoccupés par la recrudescence de l'insécurité dans plusieurs provinces où l'on observe des tensions notamment à Goma avec le phénomène "40 voleurs", le kidnapping. Il y a également Lubumbashi où nous étions en mission avec le même vice-premier ministre, ministre de l'intérieur Gilbert Kankonde avant, pendant et après notre séjour de 14 jours pour enquêter sur les évènements des Bakatakatanga de Gédéon Kyungu, l'insécurité était grandissante. A Beni, n'en parlons, à Djugu, à Mahagi, n'en parlons pas", a-t-il dit.

Vendredi 12 juin dernier, faisant suite à la requête en référé-liberté  de Jean-Marc Kabund, le procureur général près le Conseil d'État avait réquisitionné la police nationale congolaise pour empêcher la tenue de la plénière élective. Les policiers ont investi les palais du peuple empêchant ainsi toute entrée dans l'hémicycle.

Le VPM Kankonde était auditionné au sein de la commission défense et sécurité. Membre de cette commission, Josué Mufula avait averti le patron de l'intérieur que si ses promesses n'était pas réalisées pour lutter contre l'insécurité, il lancerait une pétition pour sa déchéance.

Au terme de l'article 192 du règlement intérieur de l'Assemblée nationale, l'interpellation est une demande d'explication adressée au gouvernement ou à ses membres, aux gestionnaires des entreprises publiques, des établissements et des services publics les invitant à se justifier, selon le cas, sur l'exercice de leur autorité ou sur la gestion d'une entreprise publique, d'un établissement ou d'un service public.

Une fois l' interpellation déposée, le bureau de la chambre l'inscrit à l'ordre du jour de la séance la plus proche. Dans une Assemblée plénière à huis clos, l'initiateur est tenu d'en expose le contenu. Si  l'objet de l'interpellation est approuvé, elle est inscrite en priorité au calendrier des travaux. L'interpellé sera donc tenu de se présenter en plénière dans les 8 jours à dater de sa notification. Il vient s'expliquer sur l'objet de son interpellation. Un débat est ouvert à l'issue duquel, l'interpellateur vient clôturer le débat. L'interpellation peut le cas échéant, donner lieu à des recommandations de l'Assemblée nationale ou à une motion de censure ou défiance.

 Berith Yakitenge