L'an 1 de Felix Tshisekedi: souvenirs d’une protestation anti Kabila

 An 1 Felix Tshisekedi: souvenirs d’une protestation anti Kabila. Copyright. Radio okapi

Le 24 janvier 2019, Joseph Kabila Kabange passait le flambeau à Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo actuel président de la RDC. Entre souvenirs, enjeux et perspectives, des femmes de l’UDPS dressent un bilan de cette première année d’alternance pacifique.   

“Je suis arrivée à Kinshasa en 2004. Lors d’une marche de protestation contre le régime deux ans plus tard, nous avons marché sur les cadavres de quelques militants pour échapper aux balles,”  se souvient Justine Mbelu, membre de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) depuis qu’elle a 18 ans. Répressions policières, interdiction de marches pacifiques, tirs, incendies,... nombreux sont les  faits qui ont précédé les élections de 2018. Élections qui ont portées Félix Tshisekedi à la tête du pays. Mme Mbelu fait partie de ces militantes qui ont payés de leur “chaire” le combat pour l’alternance.“Lorsque j’ai intégré l’UDPS à Mbuji Mayi, j’étais une femme très dynamique. J’ai été arrêtée et torturée pour renoncer à mon engagement, sans succès. En novembre 2011, lorsque nous sommes allés accueillir le feu Etienne Tshisekedi à l’aéroport de N’djili, les éléments de la police ont tiré à balles réelles. Une combattante qui se trouvait devant moi a succombé sur le champ. J’ai reçu des balles dans mes jambes. (...)Je m’en suis sortie parce que j’étais infirmière.” Aujourd’hui, Justine Mbelu travaille à la cellule communication de son parti.

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A l’époque, il y avait une convergence des luttes. Antho Isabo, elle aussi militante à l’UDPS se souvient d’avoir assisté à la mort d’une combattante. “En 2016, nos idées n’étaient focalisées que sur un seul objectif , celui de  faire partir le régime Kabila. Mon amie a été blessée par balle lors d’une manifestation contre le pouvoir. Elle a succombé à ses blessures. C’était aux environs du Rond point Matete.  Les éléments de la police avaient lancé des gaz lacrymogènes pour tenter de disperser les manifestants. Il fallait se sauver (...) J’ai aspiré ce gaz et j’en ai souffert pendant deux jours avant une assistance médicale” se rappelle  Antho Isabo membre de l’UDPS depuis 2006.  

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J’ai échappé à l’incendie du siège de Limete

Outre celles qui battaient le bitume pour exiger l’alternance, il y a celles qui étaient positionnées au siège du parti. Centre névralgique et par moment lieu de repliement en cas de débordement. Jaelle Alowa a installé sa petite terrasse depuis plus de 10 ans au siège national du parti à Limete. A en croire cette sexagénaire, elle a échappé à l’incendie de 2016 qui a occasionné le décès d’au moins 6 personnes. “Je gardais toutes mes marchandises à l'intérieur du siège(...) Ce jour-là,  feu Etienne Tshisekedi a demandé à ce que le siège soit évacué au plus vite. Je suis sortie avec quelques personnes. Plus tard, nous avons appris que le siège avait pris feu. A l'intérieur, mes 6 camarades ont été calcinés. L’origine de l’incendie reste inconnue”  dit-elle, avant de souligner qu’elle a intégré l’UDPS pour lutter contre les injustices sociales.  

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Bilan et perspectives d’avenir

Pour cette première année, chacune dresse un bilan et propose des perspectives d’avenir. Justine Mbelu a choisi de mettre un accent sur l’accord FCC-CACH. “Nous portons les traces de nos sacrifices. Nos sacrifices, notre lutte ont été couronnés. L’accord FCC-CACH est une entente pour l'intérêt du peuple congolais. Il est fait sur base des principes qui ne doivent pas être violés. Après cette année si les choses ne vont pas à bon escient, nous allons nous séparer par une entente” confie Justine Mbelu, membre de la cellule de communication au sein du parti.  

Antho Isabo se prépare à être candidate aux échéances électorales de 2023. Avec un bilan prometteur de cette première année d’alternance, elle compte postuler à Kinshasa. “Je suis heureuse de cette première année de Félix Tshisekedi à la tête de l’Etat. La plupart des hommes politiques qui s’étaient exilés sont revenus en RDC, des prisonniers politiques ont été libérés, notre Congo tend à retrouver sa vraie valeur, tel  que le voulait Etienne Tshisekedi wa Mulumba. Je compte également participer aux échéances électorales des années à venir et même celles de 2023. Dans tous les districts de Kinshasa, notre parti a réussi à s’implanter, je pourrais aussi etre parmis les élues de mon Congo”  espère Mme Isabo qui est  membre du département protocole  au sein de l’UDPS.

“Les premières années ont toujours été les plus difficiles pour un Etat qui se veut démocratique. Nous avons passé la première année avec beaucoup de peine sur le plan politique mais Félix Tshisekedi maîtrise très bien la lutte de son père, nous espérons qu’il va encore se battre pour la vie sociale des congolais, la paix à l’Est et la valorisation de notre terre” confie Jaelle Alowa, vendeuse au siège du parti. 

Pour rappel, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a été proclamé vainqueur des élections présidentielles tenues en décembre 2018.Malgré la contestation des résultats par les membres de l’opposition notamment Lamuka, le 24 janvier 2019, il a été investi Président de la République Démocratique du Congo par la Cour constitutionnelle. C’est alors la première alternance pacifique au sommet de l’Etat au Congo. 

Prisca Lokale