Le bâtonnier de l'ordre des avocats du Kasaï Central déplore la situation des victimes des viols perpétrés notamment par les militaires sur les femmes et filles mineures lors de l'insurrection des Kamuina Nsapu au quartier Mulombodi à Kananga.
"sur le plan social, plusieurs victimes sont abandonnées par leurs maris à cause de certaines pratiques coutumières qui considèrent comme sacrilège la cohabitation d'un homme avec sa femme qui a obtenu une jouissance sexuelle avec un autre homme", écrit le bâtonnier Dominique Kambala qui précise que cette situation a pour conséquence le délaissement d'enfants et la déperdition scolaire.
Sur le plan médical, le rapport révèle que certaines victimes ont été examinées tandis que d'autres qui ont été testées séropositives n'ont jamais été soumises à des soins appropriés et plusieurs victimes vivent dans un état de précarité et de misère à cause du pillage de leurs biens.
Le bâtonnier Kambala recommande entre autres à l'auditorat supérieur militaire de poursuivre l'interrogatoire des auteurs et au besoin les arrêter et faire fixer le dossier sur base des éléments probants recueillis lors des auditions. Au gouvernement congolais de traduire en acte sa volonté de lutter contre l'impunité des crimes graves par l'amélioration des conditions de travail des magistrats, de mettre en place un mécanisme inclusif de justice transitionnelle et un fonds d'indemnisation des victimes avant toute condamnation judiciaire.
Cette position du barreau est contenue dans un rapport rendu public à Kananga ce mardi 10 décembre 2019 après les interrogatoires par la justice militaire de 381 victimes des viols et violences sexuelles du quartier Mulombodi près de l'aéroport de Kananga.
Pour rappel le 22 septembre 2019 un groupe de miliciens avaient attaqué et occupé l'aéroport de Kananga. Le lendemain les forces régulières avaient repris l'aéroport obligeant les miliciens à trouver refuge au quartier Mulombodi. Dans la poursuite des miliciens Kamuina Nsapu, les forces régulières auraient pénétré de force dans les maisons tuant les hommes présentés comme miliciens, violant femmes et jeunes filles et emportant les biens de la population du quartier.
Le 27 juillet 2019, une plainte engageant la responsabilité de quelques supérieurs hiérarchiques militaires fut déposée à l'office de l'auditeur général des Fardc qui a ouvert un dossier judiciaire.
Le bâtonnier Kambala dit craindre que l'ouverture de ce dossier ne soit que de la poudre pour faire endormir les victimes et tient à voir la justice faire son travail.
Sosthène Kambidi, à Kananga