Elections: "Nous allons nous organiser par rapport à la loi promulguée pour obtenir l'alternance" - Grégoire Lusenge

Après la promulgation de la loi électorale, le député Grégoire Lusenge affirme que l’Opposition adaptera ses stratégies à la nouvelle loi afin d’obtenir l’alternance en RDC. Dans une interview ce mardi 26 décembre 2017 à ACTUALITE.CD, le député national dénonce de la violation du “pacte républicain” par la majorité présidentielle.

<b>Comment réagissez-vous après la promulgation de la loi électorale par le président de la République ? </b>

Dans un pays, on doit être des républicains. Nous avons fait un travail en amont pour amener nos amis de la majorité à sauvegarder le pacte républicain qui sauvegarde l’unité et le multipartisme dans notre pays. Maintenant qu'ils ont utilisé leur majorité pour violer ce pacte et que nous sommes devant un fait accompli, on va faire avec. Nous sommes des républicains, il ne faut pas demander à l'opposition de violer la loi. C'est une loi qui a été promulguée par le président de la République, c'est sur base de ça qu'on va organiser les élections. Nous allons nous organiser par rapport à ça pour obtenir l'alternance.

<b>Comment entrevoyez-vous les prochains échéances avec cette loi controversée ?</b>

Le problème est simple, l'opposition va s'organiser. Elle va essayer d'analyser les contours de la loi pour essayer de voir comment obtenir l'alternance en essayant de se mobiliser davantage au niveau des présidentielle, législatives et locales tenant compte de la loi qui est imposée. Une fois obtenue, nous verrons comment mettre un mécanisme juridique pour remettre à l'ordre constitutionnel que nous avions obtenu après San City. Nous allons tout simplement nous organiser davantage.

<b>Avec une opposition dispersée, comment déboucher à un résultat positif ?</b>

Même s'il y a beaucoup de partis et regroupements politiques au niveau de l'opposition, nous ne sommes pas une opposition dispersée, nous sommes suffisamment organisés. C'est vrai, il y a plusieurs tendances mais au niveau de l'objectif, l’opposition est unie puisque l'objectif est d'obtenir l'alternance, essayer d'aider la République à aller de l'avant. Aujourd'hui, tous les Congolais sont unanimes pour reconnaître les limites de la majorité actuelle. Quelles que soient les tendances qui se dessinent au niveau de l'opposition, étant donné que toutes ont un seul objectif qui est d'aider le peuple congolais à obtenir un changement démocratique par la voie des urnes, nous allons prendre toutes les dispositions utiles.

<b>Les opposants semblent être épuisés, ne parviennent pas à mobiliser le peuple pour servir de contrepoint à la majorité présidentielle...</b>

L'opposition mobilise le peuple avec les moyens légaux, c'est-à-dire nous utilisons les cotisations de nos structures pour mobiliser le peuple congolais. La majorité présidentielle dont vous me parlez mobilise avec les moyens d'Etat. Voyons voir demain quand elle ne sera plus aux commandes de la République, vous allez voir comment cette majorité va disparaître. Elle sera plus pire que le MPR (Mouvement Populaire de la Révolution Ndlr : parti unique sous le règne de Mobutu). Aujourd'hui cette majorité existe grâce aux moyens d'Etat. A chaque mobilisation, elle utilise le pouvoir de coercition dans les entreprises en disant aux directeurs généraux, si vous ne mobilisez pas vos agents, vous serez renvoyés. C'est de la tricherie. Demain lorsqu'au niveau présidentiel, ils vont choisir le fameux dauphin, vous allez voir comment elle va voler en éclat. Moi je suis de ceux qui croient que l'alternance est possible.

<b>Vous reconnaissez quand même que l'opposition a failli dans sa lutte contre la nouvelle loi électorale ?</b>

Nous n'avons pas failli. Nous sommes allés même au-delà de nos capacités puisque nous avions le plus souvent utilisé l'approche intellectuelle, juridique pour essayer de faire comprendre les avantages des amendements et des propositions que nous avions amenées mais nos collègues de la majorité présidentielle se sont retrouvés face un dicta et aujourd'hui ils regrettent. Fais un sondage d'opinion au niveau des partis alliés de la majorité présidentielle, vous allez comprendre qu'au niveau de la majorité présidentielle aujourd'hui ils regrettent leur vote (...) Nous, nous allons faire avec et vous verrez que c'est plus l'opposition qui va se retrouver aux prochaines élections avec cette loi liberticide qui a été votée avec la majorité présidentielle. Vous allez constater l'éclatement de la majorité présidentielle parce que la plupart de partis qui ont accompagné le PPRD à atteindre la majorité ne se trouvent pas même avec le seuil de 1℅.

<b>Interview réalisée par Patrick MAKI</b>

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