La fluctuation du taux de change du Franc congolais par rapport au dollar américain entraîne plusieurs conséquences sur l’ensemble du territoire national et, particulièrement, à Kinshasa où près de trois quarts de ménages ou d’individus louent soit une maison d’habitation, soit une maison commerciale ou autres logements de fortune.
De 920 il y a plus de 10 mois, le taux avoisine aujourd’hui presque 1650 FC le dollar au marché parallèle. Une situation qui met à mal certains locataires qui n’arrivent plus à s’acquitter de leurs obligations. De Kintambo à N’sele en passant par Gombe, Mont-Ngafula, Bandalungwa ou encore Limete, la situation est presque pareille.
Monsieur Bobenga Marcel, propriétaire d’une PME au centre-ville de Kinshasa, dit connaître d’énormes difficultés pour honorer toutes ses charges mensuelles et particulièrement son loyer. Il se dit obligé de débourser presque le double de ce qu’il avait l’habitude de payer, il y a quelques mois, à cause de l’instabilité du taux de change.
«<i>C’est pénible et je ne sais pas comment on pourra s’en sortir. Je loue un appartement de 4 pièces en ville à 1500$ depuis bientôt 5 ans. Avant je devais avoir plus au moins 1,38 millions de FC mensuellement pour payer mon loyer, le dollar étant à 920 FC. Mais, actuellement avec le dollar à 1650 FC, il me faut au moins 2,475 millions de FC par mois. Je suis obligé d’ajouter au moins 1, 095 million de FC par rapport à ce que je payais, il y a dix mois. Vous voyez que c’est plus de 80 % de plus de ce que je payais avant ? Comment voulez-vous que nous puissions évoluer dans un tel environnement ? Et si nous devons également revoir le taux de salaires de nos employés à la hausse, c’est normal parce que eux aussi doivent actualiser le payement de leurs loyers, nous serons obligés de réduire nos ambitions à la baisse. Soit maintenir le même salaire, ce qui ne serait pas acceptable, soit réduire le personnel mais avec le risque de réduire nos activités. Cette situation nous conduit dans l’impasse</i> ».
De son côté, Antoine Mabeka qui louait une maison de trois chambres plus un salon et une salle de bain, dans la commune de Kalamu, affirme avoir trouvé une solution malgré lui. Il se dit obligé d’aller provisoirement habiter avec ses parents avant de trouver une autre solution.
« <i>J’ai demandé à ma femme de ne pas se plaindre et elle a bien compris. C’est difficile pour nous tous parce qu’avec trois enfants vivre chez autrui, quand bien même ils soient vos parents, c’est pénible. J’ai consommé presque toute la garantie parce que je n’arrivais plus à payer les 120 $ par mois exigés par le bailleur. Avant c’était possible mais avec ce taux qui varie au jour le jour, ajouté à la conjoncture sociale actuelle, je n’en peux plus. Moi-même, on me paie au taux de 920 FC. Où vais-je trouver la différence pour payer le loyer au taux exigé. Surtout que nous n’avons pas seulement le loyer comme dépense en famille </i>».
Certains bailleurs rencontrés par ACTUALITE.CD affirment, de leur côté, qu’ils ne sont pas responsables de cette situation. Selon eux, ces maisons d’habitation ou commerciales sont aussi une source de revenus pour leurs propres familles. Ils disent fixer le taux en dollar pour faire face à l’instabilité régulière de la monnaie locale. Et, pour le moment, plusieurs locataires accusent des mois de retard par rapport au payement de leur loyer. Une situation qui, en principe, doit interpeller les autorités tant nationales que provinciales.
<strong>Willy Akonda Lomanga/ desk eco</strong>