Secrétaire national en charge de la Justice et la bonne gouvernance au sein de l'Union pour la nation congolaise, Sam Bokolombe avait créé la surprise à mi-chemin du dialogue en annonçant l’échec probable de ces assises. Aujourd'hui, ce professeur d’université retourne sa veste et salue les résolutions issues de ce forum de la cité de l'UA qui s'est clôturé depuis le 18 octobre dernier. Invité de ACTUALITE.CD, Sam Bokolombe affirme que sa sonnette d'alarme a permis la réussite de ce dialogue.
<strong>Quelle appréciation faites-vous face à l'accord issu du dialogue de la cité de l'UA ?</strong>
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-center width-100" data-style="style-1" data-position="center" data-align="center" data-width="100">C'est un bon accord. Il est présentable. Je le trouve à la fois comestible et potable dans la mesure où il permet la solution à la crise actuelle par un certain arrimage à la constitution.</blockquote>
<strong>Pourtant vous aviez annoncé l'échec probable de ce dialogue, qu'est-ce qui a changé pour que vous parliez d'une réussite aujourd'hui?</strong>
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-center width-100" data-style="style-1" data-position="center" data-align="center" data-width="100">Quand j'annonçais l'échec probable, c'était une façon de négocier. C'était un comité restreint qui discutait et qui était buté à beaucoup de difficultés. Ce n'était pas évident d'abord que les différentes parties s'accordent sur le terme de l'accord tel qu'il a été signé. C'était en contexte de négociation que cela a été dit. Et retenez que c'est la peur de l'échec qui est le ressort du succès. On réussit quand on refuse d'échouer. Il vous souviendra que la chose a été débloquée pratiquement deux jours après l'annonce de cet échec probable. Il y a eu accélération de la situation, tout est parti de là. C'était une façon de négocier en annonçant l'échec. Une stratégie de faire peur à l'autre camp.</blockquote>
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-center width-100" data-style="style-1" data-position="center" data-align="center" data-width="100"><a href="https://actualite.cd/2016/10/08/sam-bokolombe-unc-dialogue-va-echouer-d… aussi: Sam Bokolombe (UNC) : « Ce dialogue va échouer et tout autre dialogue organisé avec Kabila va échouer »</strong></a></blockquote>
<strong>Qu'est-ce qui est bon dans cet accord, c'est le fait que le président va rester, la primature à l'opposition et la ténue des élections ?</strong>
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-center width-100" data-style="style-1" data-position="center" data-align="center" data-width="100">Il ne faut pas apprécier par rapport aux différents points pris isolément. Dans l'ensemble, cet accord constitue une solution à la problématique actuelle de la crise. Le problème de la crise constitutionnelle après le 19 décembre a été réglé. Nous avons vaincu la crise provoquée par la Majorité Présentielle pour la non-ténue des élections dans les délais. On a épargné le pays d'une solution sauvage. Le président Kabila ne gérera plus le pays comme il le faisait avant. Il doit cette-fois cohabiter avec une majorité parlementaire sur laquelle il n'aurait plus d'emprise. Le dialogue de la cité de l'UA a préservé la Constitution en évitant tout autre schéma.</blockquote>
<strong>L'enjeu reposait notamment sur la question de savoir si le président Kabila partira ou ne partira pas ?</strong>
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-center width-100" data-style="style-1" data-position="center" data-align="center" data-width="100">Ce n'était pas ça l'enjeu puisque par principe, dans une démocratie l'élu ne part qu'à la suite des élections. Alors suivant quel mécanisme l'enjeu du dialogue devrait reposer sur la question liée au départ ou non du président Kabila?</blockquote>
<strong>Cependant, cet accord ne fait pas l'unanimité au sein de la classe politique congolaise?</strong>
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-center width-100" data-style="style-1" data-position="center" data-align="center" data-width="100">C'est normal parce que nous sommes dans une démocratie, il faut se départir de cette idée monolithique, de cet unanimisme. Nous sommes en démocratie. Et la démocratie c'est une crise permanente, elle n'est ponctuée que par des contestations.</blockquote>
<strong>Croyez-vous que ce dialogue a réglé le vrai problème de la crise ?</strong>
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-center width-100" data-style="style-1" data-position="center" data-align="center" data-width="100">L'accord n'est pas encore mis en œuvre. Mais lorsqu'on doit se référer aux principes arrêtés dans le cadre de cet accord, il y a de l'espoir. Le fond de la crise a été absolument touché. Si pour certaines personnes, le fond de la crise c'est le départ de Kabila, mais comment partira-t-il? Comment sera-t-il remplacé?</blockquote>
<strong>Qu'est-ce qui vous rassure que cet accord sera respecté alors que la constitution, fruit d'un accord aussi, n'est pas respecté?</strong>
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-center width-100" data-style="style-1" data-position="center" data-align="center" data-width="100">C'est une question pertinente. Mais il faut savoir que les accords s’exécutent de bonnes foi. Bien sûr que la Majorité Présidentielle est réputée de malveillante, elle est réputée de mauvaise foi. Donc il y a lieu de crainte légitime que, n'ayant pas respecté la constitution, elle marche sur l'accord qui sanctionne le dialogue. Cependant le contexte n'est pas le même, il y a des pressions objectives tant nationales qu'internationales sur le pouvoir en place. Ce sont là les éléments qui vont pouvoir jouer pour le bon aboutissement de cet accord.</blockquote>
<strong>N'y a-t-il pas risque d'un glissement dans un autre glissement, c'est-à-dire, qu'on aille au-delà du délai fixé par cet accord ?</strong>
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-center width-100" data-style="style-1" data-position="center" data-align="center" data-width="100">Le risque est permanent. Voilà pourquoi il faut veiller et rester vigilant. Faire en sorte que la période intérimaire soit gérée par des personnes responsables et qui ont à cœur de mettre en œuvre cet accord sans se permettre le moindre dépassement du délai, ce qui serait une catastrophe.</blockquote>
<strong>Entre temps on doit faire face à l'inconnu du 19 décembre 2016?</strong>
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-center width-100" data-style="style-1" data-position="center" data-align="center" data-width="100">Pour moi il ne s'agit pas d'un inconnu. Le 19 décembre est une date normale pendant laquelle chacun de nous fera ce qu'il veut.</blockquote>
<strong>Quid de la proposition du Rassemblement en faveur de l'instauration d'un régime spécial?</strong>
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-center width-100" data-style="style-1" data-position="center" data-align="center" data-width="100">Cette théorie de régime spécial, je la trouve extrêmement dangereuse. Parce que c'est un régime qui préconise la rupture. On ne peut pas à la fois prôner le respect de l'intégrité de la Constitution et préconiser la rupture avec cette Constitution.</blockquote>
<strong>Croyez-vous à la convocation d'un nouveau dialogue ?</strong>
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-center width-100" data-style="style-1" data-position="center" data-align="center" data-width="100">Je n'en vois pas l'opportunité ni la nécessité parce qu'ayant pris part au dialogue de la cité de l'UA, je constate que toutes les questions y ont été abordées. Alors je ne vois pas ce que pourrait faire l'objet d'un nouveau dialogue. Je crois que les amis du Rassemblement peuvent accéder à l'accord déjà établi, l'examiner et proposer les nouveaux éléments.</blockquote>
<strong>Nouvelle majorité parlementaire, vous serez tous sous la direction du président Joseph Kabila?</strong>
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-center width-100" data-style="style-1" data-position="center" data-align="center" data-width="100">Non, on ne va pas se reconnaitre à Joseph Kabila. Il n'y a aucun parti majoritaire depuis 2011.</blockquote>
Interview réalisée par Stanys Bujakera