Est de la RDC : l’UE note un décalage entre les initiatives diplomatiques et la réalité sur le terrain, tout en insistant sur le respect du cessez-le-feu

Des personnes arrêtées par les rebelles de l'AFC/M23 à Goma
Des personnes arrêtées par les rebelles de l'AFC/M23 à Goma

Conformément à sa mission de promotion de la paix, de la stabilité et de la sécurité dans la région des Grands Lacs notamment à travers le soutien aux efforts de médiation, à l’aide humanitaire et au développement durable, le Représentant spécial de l’Union européenne (UE) pour la région, l’ambassadeur Johan Borgstam, vient d’achever sa septième mission en République démocratique du Congo.

À l’issue de cette mission, après plusieurs échanges avec les autorités congolaises et une évaluation de la situation sur le terrain, le diplomate européen a déclaré avoir constaté un décalage entre les initiatives diplomatiques en cours et la réalité sur le terrain. Malgré cette situation, il a réaffirmé le soutien de l’Union européenne aux processus de Washington et de Doha, tout en insistant sur l’implication du médiateur de l’Union africaine.

"Nous sommes grandement préoccupés par l’escalade du conflit dans l’Est de la RDC. En même temps, nous saluons les processus diplomatiques en cours et les efforts de nos partenaires américains et qataris. Cela dit, il y a la réalité des processus diplomatiques et il y a les réalités sur le terrain. Ce décalage est préoccupant, et il ne faut surtout pas, avec toute la focalisation sur les processus diplomatiques, oublier les réalités du terrain. C’est aussi pour cette raison qu’au début du mois d’octobre, je me suis rendu à Uvira pour échanger avec les autorités locales. Il reste un fait : l’offensive de l’AFC/M23, soutenue par le Rwanda, se poursuit, tout comme les préoccupations exprimées par les différentes parties au conflit, en dépit de leurs engagements dans les processus de Washington et de Doha”, a déclaré Johan Borgstam devant la presse, ce mercredi 5 novembre, à l’issue de sa mission.

Le diplomate européen a également souligné que, malgré les difficultés, il reste optimiste quant à la poursuite des efforts diplomatiques.

"Cela me donne beaucoup d’espoir de suivre les efforts américains et qataris dans les processus de Washington et de Doha. L’Union européenne y apporte pleinement son soutien. Cependant, ce que je retiens de toutes ces missions, c’est qu’il existe malheureusement un grand décalage entre les réalités diplomatiques et la situation sur le terrain. Cela montre à quel point il est important que les objectifs des négociations se traduisent concrètement dans la réalité", a ajouté le diplomate européen. 

À l’instar du Secrétaire général de l’ONU et d’autres partenaires internationaux, l’envoyé spécial de l’UE a appelé au respect strict du cessez-le-feu afin de permettre la mise en place effective des couloirs humanitaires.

"Je souligne toujours l’importance et l’urgence du respect du cessez-le-feu. Pour nous, à l’Union européenne dont les États membres figurent parmi les plus grands bailleurs d’aide humanitaire , la question humanitaire est fondamentale. Il est essentiel de ne pas considérer la crise humanitaire isolément : la dégradation de la situation humanitaire est intimement liée au contexte politico-sécuritaire. Nous insistons pour que toutes les parties facilitent un accès humanitaire sans entrave sur l’ensemble du territoire congolais, peu importe qui contrôle certaines zones”, a-t-il insisté dans sa communication.

La signature du Mécanisme de surveillance du cessez-le-feu permanent et de vérification de sa mise en œuvre ne semble pas avoir apaisé les tensions entre le gouvernement congolais et la rébellion de l’AFC/M23. Dans un communiqué lu la semaine dernière par le porte-parole des FARDC, le général-major Sylvain Ekenge, le Vice-Premier ministre, ministre de la Défense nationale et anciens combattants, a dénoncé avec “la plus grande fermeté” une nouvelle agression rwandaise, menée selon lui par l’entremise de la coalition rebelle AFC/M23.

Le ministère de la Défense dit avoir suivi avec attention les récents communiqués “contradictoires” des rebelles, qu’il accuse de vouloir “boycotter les processus de Washington et de Doha”. Kinshasa affirme continuer de subir l’agression du Rwanda, “sous couvert de l’AFC/M23”, malgré la main tendue du président de la République et les efforts de paix en cours.

De son côté, le secrétaire permanent de l’AFC/M23, Benjamin Mbonimpa, actuellement à Doha dans le cadre des négociations avec Kinshasa, a dénoncé de nouveaux bombardements et attaques terrestres contre les positions de son mouvement dans plusieurs localités des territoires de Walikale et Masisi, au Nord-Kivu.

Clément MUAMBA