La Conférence de soutien à la paix et à la prospérité dans la région des Grands Lacs, organisée par la France en coordination étroite avec le Togo, médiateur de l’Union africaine a mis un accent sur la situation humanitaire dans la région en général et en particulier dans l'Est de la République Démocratique du Congo (RDC).
Arborant la tunique de "panafricaniste", le Président Faure Gnassingbé a dans son intervention abordé une approche stratégique de la gestion de la crise humanitaire dans la région des Grands Lacs, fondée sur la durabilité et l’appropriation locale des réponses à ce fléau. Il a appelé à une réponse africaine, intégrée et tournée vers le développement et à une refondation du modèle d’aide. Celle-ci doit être désormais orientée vers la reconstruction, l’autonomie des communautés et le co-financement des programmes de développement dans les zones victimes de crises sécuritaires.
"La région des Grands Lacs vit depuis des années l'une des crises humanitaires les plus graves au monde plus de 6 millions de personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers, nous avons vu que ce sont des familles déracinées, des enfants privés d'écoles, des femmes privées de sécurité, nous avons dit que notre devoir collectif est de répondre à cette urgence mais aussi de préparer l'avenir", a déclaré le Président du Togo dans son discours.
Le Président du Conseil du Togo a insisté sur l’appropriation africaine de ce nouveau modèle d’aide humanitaire, afin de favoriser une sortie de crise efficace et une reconstruction durable de la région.
"L'urgence humanitaire appelle désormais à une réponse durable et intégrée et cette réponse doit être africaine, l'aide humanitaire doit devenir un pont vers le développement, l'urgence est évidente mais elle ne doit pas nous faire oublier une autre vérité : on ne peut pas répondre indéfiniment au long terme avec des outils des courts termes. Les camps doivent redevenir des villages, les distributions doivent devenir des circuits économiques fonctionnels, les réponses d'urgence doivent enfin ouvrir la voie à la reconstruction avec des routes, écoles ou une Agriculture vivrière et des activités économiques locales", a indiqué le médiateur de l'Union Africaine.
Et de poursuivre :
"L'Afrique doit participer à son propre effort humanitaire non pas seulement par devoir morale mais parce-que c'est une question de dignité et d'efficacité. Nos États doivent cofinancer les programmes, nos diasporas doivent être mobilisées, nos entrepreneurs doivent inventer les nouveaux instruments de solidarité car sans appropriation africaine il n'y aura pas de sortie durable de crise et sans lien entre l'urgence et la reconstruction il n'y aura pas de paix durable".
Poursuivant son intervention, le Président du Conseil a mis en lumière la nécessité d’une gouvernance africaine de la réponse humanitaire. À l'en croire, la gestion de cette crise doit s’appuyer sur les structures régionales existantes, notamment l’Union africaine et la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs.
"La gouvernance de cette réponse humanitaire doit aussi être africaine, la protection des civiles, elle aussi doit être replacer au centre de notre responsabilité commune. La protection et l'accès sont des impératifs absolues mais ils ne peuvent être gérer à distance, au-delà de participer à son financement l'Afrique doit être au coeur de la gouvernance humanitaire, dans la coordination, la planification et le suivi des réponses, les structures régionales existantes comme la Conférence Internationale sur la région des grands lacs et l'Union africaine peuvent devenir le cadre naturel de cette coordination, cela permettra d'éviter les chevauchements, de renforcer la transparence et de garantir que les ressources atteignent effectivement les populations qui en ont besoin", a fait remarquer le Président du Conseil dans son exposé.
Et d'ajouter :
"Nous devons reconnaître que dans un contexte de guerre l'aide humanitaire a tendance elle-même à devenir un enjeu de pouvoir, les routes humanitaires sont parfois contrôlées, les convois taxés, les ressources détournées, il faut que l'aide soulage sans nourrir la dépendance, quelle stabilise sans figer les rapports des forces, c'est pourquoi pour protéger les bienfaits de l'aide et ceux qui l'apportenr il faut un contrôle africain renforcé".
La Conférence de soutien à la paix et à la prospérité dans la région des Grands Lacs avait pour objectif principal de mobiliser la communauté internationale pour répondre à l’urgence humanitaire dans l’est de la République démocratique du Congo et dans la région. Elle vise également à soutenir la dynamique de négociation et de médiation en cours, portée par les États-Unis, le Qatar et l’Union africaine.
Selon ses initiateurs, la rencontre permettra en outre d’aborder l’approfondissement de l’intégration économique régionale, considérée comme un vecteur essentiel d’une paix durable. À l'issue des travaux Emmanuel Macron, Président Français a annoncé une mobilisation financière à hauteur de plus de 1.5 Millard d'euros pour appuyer le plan de réponse humanitaire de l'ONU en RDC pour l'année 2025, plan qui est jusque-là sous financé à hauteur de 16% à deux mois de la fin de l'année.
Clément MUAMBA