RDC : après Nairobi, le gouvernement suspend et menace de dissoudre plusieurs partis d’opposition

Kabila et les représentants des confessions religieuses à Goma
Kabila et les représentants des confessions religieuses à Goma

Le gouvernement congolais a saisi la justice pour demander la dissolution de plusieurs partis politiques d’opposition, dont le PPRD de Joseph Kabila, le LGD de Matata Ponyo et l’UDAO de Claudel André Lubaya, à la suite de leur participation au conclave de Nairobi autour de l’ancien chef de l’État, condamné à mort pour participation à un mouvement insurrectionnel.

En parallèle, Kinshasa a suspendu les activités de toutes les formations signataires de la déclaration de Nairobi, notamment le PPRD, le LGD, Piste pour l’Émergence de Seth Kikuni, l’AAP de Théophile Mbemba, l’ATD de José Makila, le MPCR de Jean-Claude Vuemba, le MLP de Franck Diongo, ainsi que la COFEDEC, la PNEC, l’UPC et l’ADCP.

Ces mesures, justifiées par le gouvernement au nom de la sécurité nationale, ont suscité de vives réactions au sein de l’opposition.
Dans un communiqué consulté par ACTUALITE.CD, Delly Sessanga, président de l’Envol, a dénoncé des « mesures arbitraires » et « une atteinte grave au pluralisme politique », estimant qu’elles violent « la Constitution et la loi sur les partis politiques ».

« J'en appelle aux institutions de la République, garantes de la Constitution, pour qu'elles exigent la levée immédiate de ces mesures arbitraires », a-t-il écrit, rappelant que « la simple participation à une réunion, sans preuve d’activités militaires avérées, ne saurait constituer un motif légal de suspension ».

Le PPRD a, pour sa part, dénoncé un « acharnement » et un « harcèlement », tout en réaffirmant sa détermination à poursuivre ses activités « dans le strict respect des lois de la République ».
« Le reste, c’est de la provocation liée aux échecs d’une mauvaise gestion et à leur incompétence notoire », a déclaré Emmanuel Ramazani Shadari, secrétaire permanent du parti de Joseph Kabila.

Cette décision intervient alors que l’Assemblée nationale a procédé, mercredi 29 octobre, au remplacement de Matata Ponyo par son premier suppléant, Ibrahim Assani Émile, après la condamnation définitive de l’ancien Premier ministre par la Cour constitutionnelle, assortie d’une interdiction d’exercer toute fonction publique.

De son côté, Olivier Kamitatu, directeur de cabinet de Moïse Katumbi, a dénoncé « la dérive dictatoriale du régime de Kinshasa », évoquant « le retour de la peine de mort, les arrestations arbitraires et la confiscation du débat public ».

Ces décisions font suite au conclave politique de Nairobi tenu du 14 au 15 octobre sous la présidence de Joseph Kabila, au cours duquel plusieurs forces politiques et sociales congolaises avaient lancé le mouvement “Sauvons la RDC”, présenté comme un cadre destiné à « mettre fin à la tyrannie, restaurer la démocratie et favoriser la réconciliation nationale ».

Le PPRD avait apporté son soutien à cette nouvelle plateforme, tout en s’opposant à « toute tentative de modification de la Constitution du 18 février 2006 ». Une nouvelle réunion du Front commun pour le Congo (FCC), la famille politique de M. Kabila, est annoncée à Kinshasa dans les prochains jours.