La République démocratique du Congo vient de franchir un cap majeur dans la construction de son économie verte. Un arrêté interministériel historique a été signé ce mardi à Kinshasa, officialisant les métiers et emplois verts sur l’ensemble du territoire national. Portée conjointement par les ministres de l’Emploi et du Travail, et de l’Environnement, Développement durable et Nouvelle économie du climat, cette initiative s’inscrit dans un vaste programme visant la création de 100 000 emplois verts à travers le pays, en cohérence avec les engagements climatiques internationaux de la RDC.
La Première ministre, Judith Suminwa, a salué cette avancée comme un tournant stratégique pour la nation :
« La RDC ne se contentera plus d’être le poumon du monde, elle sera aussi l’usine mondiale des emplois verts. Nous voulons former 100 000 jeunes filles et garçons, en structurant de nouvelles filières durables telles que le recyclage, les énergies renouvelables, la gestion des forêts et l’hydrogène vert. »
Selon les documents adoptés, 84 métiers ont été validés et répartis en 11 filières clés, dont 20 dans l’agriculture durable, 13 dans les énergies renouvelables, 9 dans la valorisation des déchets, et 11 dans l’hydrogène vert. Ces travaux, conduits par l’Institut national de préparation professionnelle (INPP), ont également abouti à la validation du Plan national de développement des emplois verts de la RDC (PNDV-RDC).
Le ministre de l’Emploi et du Travail, Ferdinand Massamba Wa Massamba, a expliqué la portée politique et sociale de cette démarche :
« Le Chef de l’État a instruit le Gouvernement, à travers le Conseil des ministres, à développer une politique nationale des emplois verts, des outils de la planification écologique et des mécanismes capables d’offrir à la jeunesse des emplois décents à la jeunesse congolaise. »
De son côté, Donat Bagula, secrétaire général à l’Emploi et au Travail, a souligné le rôle intégrateur du nouveau plan :
« Le plan national de développement des emplois verts de la RDC est conçu comme l’instrument central pour lier la transformation socio-économique rapide de la RDC avec l’impératif de préservation environnementale. L’urgence d’un tel plan est dictée par la double crise, notamment du marché du travail et la pression démographique. Le plan s’inscrit pleinement dans les engagements internationaux du pays. Il s’aligne sur le nouveau cadre de coopération des Nations Unies pour le développement durable 2025. »
Ces travaux, amorcés le 21 octobre, ont permis d’élaborer trois documents fondamentaux : le Répertoire des métiers verts, le PNDV-RDC, et le projet d’arrêté interministériel, conférant ainsi une existence juridique aux emplois verts — une première dans l’histoire administrative du pays.
La ministre de l’Environnement, Marie Nyange Ndambo, a, quant à elle, mis en avant l’importance stratégique de ces instruments dans la préparation de la COP 30 :
« La gestion durable de la forêt est une activité permanente mais qui doit se traduire par les instruments que nous avons pour accompagner cette gestion durable. J’étais à un moment donné très stressée en me disant qu’on ne doit pas aller à la COP sans ces outils parce que ça va être parmi nos résultats à présenter dans le cadre de la CDN, qui est une exigence internationale. Par rapport aux autres pays du bassin du Congo jusqu’ici nous sommes les seuls à avoir doté les pays de ces outils. »
La formation de 100 000 jeunes Congolais, répartie sur cinq ans, débutera dès 2026 avec une première cohorte de 15 000 apprenants, dont 5 000 issus de milieux vulnérables. L’INPP assurera la coordination technique et la mise en œuvre du programme, avec un accent particulier sur la formation des formateurs et la création d’un Observatoire national des métiers verts.
L’ensemble de cette approche repose sur quatre piliers stratégiques :
- L’ancrage politique pour accélérer les Objectifs de développement durable (ODD) ;
- La priorisation des filières vertes à fort impact ;
- Le renforcement de l’offre de formation professionnelle ;
- La création d’un Fonds national d’appui aux emplois verts.
Par cette initiative audacieuse, la RDC affirme sa volonté de lier développement économique et durabilité environnementale, démontrant que la protection de la planète peut aller de pair avec la création d’opportunités économiques concrètes pour sa jeunesse.