RDC : « Nous assistons à la paupérisation à l'extrême des larges couches de la population congolaise mais simultanément s'observe un enrichissement inouï d'une minorité », déplore l'Evêque de Luiza

Photo ACTUALITE.CD.

Monseigneur Félicien Mwanama, Évêque de Luiza (Kasaï Central) et président de la Commission Justice et Paix du Congo (JPC) a dressé un tableau préoccupant de la situation socio-économique en République Démocratique du Congo. À l'occasion de la messe clôturant dimanche 21 septembre, la première édition de la semaine de Justice et Paix, il a déploré l’extrême pauvreté dans laquelle vivent les couches de la population alors qu'il existe une classe politique qui s'enrichit au détriment de la population.

« Dans les sociétés modernes, l'État a la mission d'assurer une juste répartition des biens et des responsabilités. Malgré les efforts du gouvernement congolais en matière d'aménagement des services sociaux de base et de restauration de la paix, la situation sociale des populations reste préoccupante et même exacerbée du fait de guerre et autres conflits violents. Nous assistons à la paupérisation à l'extrême des larges couches de la population congolaise mais simultanément à cette paupérisation grandissante s'observe un enrichissement inouï d'une minorité », a déploré Monseigneur Félicien Mwanama.

Et de poursuivre :

« Il revient à ceux qui ont des responsabilités gouvernementales d'œuvrer pour l'avènement d'une nation où les hommes et les femmes vivent en harmonie et en paix. Cependant, dans le contexte de notre pays où cette justice est reconnue être gravement malade, une solution efficace exige l'engagement de tous acteurs politiques de la majorité comme ceux de l'opposition, les leaders de la société civile, les confessions religieuses, ainsi que toute la population congolaise pour mettre en place des mécanismes de dénonciation et de condamnation des cas d'injustice ».

Dans ce sens, l'Evêque de Luiza a souligné le rôle de l’Eglise catholique qui, en plus de l’évangile, « incite au dialogue les personnes, les groupes et les peuples pour que la justice soit sauvegardée et l'unité préservée ».

En ce qui concerne la justice, le prélat a déclaré : « Quand la corruption s'infiltre dans l'administration de la justice, ce sont encore les pauvres qui en subissent les plus lourdes conséquences ».

« Dans leurs prises de parole, les pasteurs de l'Église catholique ont souvent déploré la banalisation de la vie qui est pourtant sacrée et doit être respectée dès son commencement jusqu'à son terme naturel. À la suite des exhortations pontificales et celles de nos pères évêques sur la paix, nous profitons de cette première célébration de la journée nationale de justice et paix pour renouveler l'engagement de tous les acteurs du réseau justice et paix Congo à promouvoir l'éducation à la paix, à la non-violence en insistant sur la cohabitation pacifique des populations, la tolérance, le pardon et la réconciliation », a fait savoir le président de la Commission Justice et Paix du Congo (JPC).

À la suite de la décision de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo, il a été demandé à la Commission Justice et Paix du Congo de célébrer chaque année la semaine de la Justice et Paix en marge de la célébration de la journée internationale de la paix. Pour cette première édition, plusieurs activités ont été organisées notamment la première édition des journées scientifiques de la commission justice et paix.

Ces journées ont été clôturées jeudi 18 septembre au Centre interdiocésain de la Gombe. La synthèse des travaux présentée par le Père Joseph Bosokpale, avait mis en exergue trois priorités à savoir la consolidation de l’autorité de l’État, la nécessité d’un dialogue inclusif et l’éducation à la paix. À l'en croire, la paix en République Démocratique du Congo est une responsabilité partagée qui exige volonté politique et engagement citoyen.

Au cours de la messe organisée à la Cathédrale Notre-Dame du Congo, le Cardinal Fridolin Ambongo avait lancé 3 pigeons en l'air signe de la paix en République Démocratique du Congo.

Clément MUAMBA