C’est une scène effroyable qui a laissé des victimes sans mot. Plus de 300 maisons, toutes en tôle et construites en promiscuité, ont pris feu aux premières heures de ce lundi 22 septembre au camp Laurent Désiré Kabila, situé dans la commune de Lemba, au sud-ouest de la ville de Kinshasa.
Ici regne un silence assourdissant. Des parents et une marmaille d’enfants débouchent désespérément dans les décombres de leurs habitations encore fumantes. Un père de famille et policier, parle d’un incendie déclenché à deux heures du matin, qui s’est rependu comme une trainée de poudre pour calciner en un temps record plusieurs centaines de hangars.
« Nous avons tous été surpris à 2 heures du matin par un feu dont on ne sait jusque-là l’origine. Je vous jure que c’est un clic que ce feu-là a tout calciné, rien et alors rien n’a été récupéré dans plus de 300 maisons détruites », a déclaré cet agent de la police, avec seul talkie-walkie en main.
Une dame, Julie, inconsolable et dont le mari se trouve en déplacement depuis 24 heures, dit avoir tout perdu dans ce drame, un pagne et une blouse comme seuls vêtements qui lui restent. Elle dit recourir aux voisins dont les habitations n’ont pas été touchées par ce feu dont la gravité ne leur a pas laissé l’occasion de sauver les meubles.
« Nous sommes obligés de tendre la main à ceux qui n’ont pas connu ce malheur. Ils nous donnent leurs marmites pour faire à manger. On est toujours à l’extérieur et ne savons où passer la nuit. Moi j’ai tout perdu, les seuls habits qui me restent sont ceux que je porte là », s’est-elle plainte.
Pas d’eau et la crainte d’une éventuelle pluie
Un groupe des femmes assises à même le sol, transpirées par la chaleur que dégagent des tôles jetées en vrac, expliquent le calvaire qui les accablent depuis le matin, caractérisé par un manque d’eau à boire criante et d’une faim de loup en raison de leurs économies parties en fumée. Elles craignent qu’une pluie viennent les trouver à la belle étoile avec des petits enfants.
« Nous ne savons que faire pour le moment, car on tout perdu. Imaginer qu’on n’a même pas de l’eau à boire ni pour nous laver. On se demande si la pluie venait de nous trouver dehors, qu’est-ce que nous allons faire avec tous ses enfants ? », s’interroge Jacky Tshibola.
Fournitures scolaires brulés, année scolaire bâclée
Des élèves ont, eux aussi, exprimé leur regret de voir leurs uniformes, cahiers et tous leurs objets classiques carbonisés. Certains parmi eux, sans honte, se douchent à ciel ouvert, alors que leurs parents concoctent des mets de fortune dans un climat presque lugubre.
D’après des victimes, le vice-premier ministre chargé de l’intérieur et sécurité, Jacquemain Shabani, était passé sur le lieu la journée, promettant de revenir avec une aide aux sinistrés. Ces derniers disent avoir attendu en vain, certains affichent encore l’espoir sur son retour pour au moins une enveloppe à chacun en vue de la reconstruction de leurs maisons tragiquement endommagées.
À présent, rien ne bouge, chaque victime est assise où se trouvait son hangar, en attente de l'aide du gouvernement.
Samyr LUKOMBO