Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans la région des Grands Lacs: d’autres confessions religieuses formulent plusieurs recommandations notamment au tandem CENCO-ECC

Les délégations de la CENCO, de l'ECC reçues par Félix Tshisekedi
Les délégations de la CENCO, de l'ECC reçues par Félix Tshisekedi

À l'initiative du Conseil Inter religieux congolais (CIC) cadre de concertation inter confessionnelle, les conclusions de l'atelier d'appropriation de l'initiative du " Pacte Social pour la Paix et le Bien-vivre ensemble en RDC et dans la région des Grands Lacs" ont été dévoilées lundi 11 août 2025 à Kinshasa. Cette démarche fait suite à la recommandation du Chef de l'État Félix Tshisekedi d'élargir cette initiative portée par la CENCO-ECC à d'autres courants religieux.

Les travaux des experts du Conseil Inter religieux congolais (CIC) ont relevé selon eux plusieurs zones d'amélioration tant sur le fond que sur la forme de l'initiative portée par le duo CENCO-ECC. Occasion pour cette structure réunissant les chefs religieux des Communautés Unies du Réveil, CUR en sigle; Conseil Supérieur Chiite de la République Démocratique du Congo (CSC); l’Eglise de Jésus-Christ de l’Esprit de Vérité (EJCEV/BIMA); l’Eglise Chrétienne Union de Saint –Esprit/MPEVE YA LONGO (ECUSE);la Communauté Islamique au Congo (COMICO); l’Eglise Non Dénominationnelle du Congo (LOGOS RHEMA), la Nouvelle Apostolat Authentique (ENA-A) d'appeler à un ajustement stratégique, afin que cette initiative devienne un véritable levier de pacification, de justice et de reconstruction nationale, à la hauteur des aspirations du peuple congolais.

"La présente synthèse du rapport général produit par le Conseil Inter-Religieux Congolais dirigé par le Docteur, Archevêque Dodo Kamba, constitue une contribution constructive et responsable à l’initiative de la CENCO – ECC. Il appelle à un ajustement stratégique, afin que le Pacte social à adopter devienne un véritable levier de pacification, de justice et de reconstruction nationale, à la hauteur des aspirations du peuple congolais. Les Leaders Religieux du C.I.C réitèrent leur disponibilité à s'impliquer dans l’initiative de la CENCO-ECC avec toutes les institutions compétentes afin de contribuer à l’harmonisation des documents et dans la mise en œuvre d’un Forum national inclusif, fondé sur le respect de l’État de droit, de la souveraineté nationale, et de l’unité du pays", dit la conclusion du rapport.

Pour y parvenir, des recommandations ont été formulées aux différentes parties prenantes: 

À l’attention du Chef de l’État et des institutions de la République

• Assumer le rôle constitutionnel du Président de la République comme garant du fonctionnement des institutions (article 69), et non comme partie prenante au dialogue;

• Accepter d’assurer le pilotage institutionnel de toute initiative nationale de dialogue en y associant les composantes de la société civile, y compris religieuses;

• Réserver l’action diplomatique aux institutions publiques, avec possibilité de délégation dûment encadrée;

• Assurer le financement et l’encadrement institutionnel du dialogue national, afin de préserver la souveraineté du processus.

À l’attention de la CENCO-ECC

• Recentrer le processus sur l’échelle nationale : modifier l’intitulé du Pacte en supprimant la référence directe aux Grands Lacs;

• En cas de mise en œuvre du forum de consensus national, accepter d’ouvrir les organes, y compris le présidium, à d’autres tendances confessionnelles;

• Clarifier les concepts stratégiques : définir précisément les termes centraux du guide (Pacte social, Grands Lacs, etc.);

• Revoir la méthode de désignation des experts : abandonner l’appel à candidatures au profit d’un mécanisme de désignation par les entités représentées, validé par le Présidium;

• Rendre les organes (Présidium, Secrétariat, Commissions…) du Forum National plus inclusifs et participatifs en les ouvrant à d’autres tendances confessionnelles;

• Redéfinir les attributions du Secrétariat technique : recentrer son rôle sur la coordination et non sur l’orientation politique ou diplomatique;

• Ajouter à la liste des commissions thématiques, deux nouvelles commissions pertinentes : La Commission Vérité – Justice – Réconciliation et la Commission Gouvernance minière;

• Renoncer à toute démarche de représentation diplomatique sans accréditation de l’État.

À l’attention des partenaires régionaux et internationaux

• Respecter la souveraineté congolaise dans l’organisation du dialogue national;

• Soutenir les efforts de paix dans un cadre coordonné avec les institutions nationales, en lien avec les dispositifs existants (Accords de Nairobi, Processus de Luanda, etc.);

• Poursuivre le soutien des processus de paix tant au niveau national, régional et international et leur mise en œuvre (processus de Nairobi, Luanda et la Résolution 2773 et éventuellement celle qui seraient issues du dialogue national);

• Prendre en compte la résolution 2773 dans toutes les approches dans la solution à la crise de l’EST.

À l’attention des autres confessions religieuses et de la société civile

• Renforcer la vigilance collective pour préserver la neutralité et l’intégrité du processus;

• Participer activement à la formulation des propositions, tout en respectant les cadres institutionnels de la République;

• Appuyer les dynamiques de justice transitionnelle et de mémoire collective, en lien avec les victimes des conflits;

• Faire preuve de responsabilité pastorale dans l’accomplissement des charges qui les incombent, en vue de préserver l’unité et la cohésion nationale.

À l’attention de la Classe politique et du Peuple congolais

• Cultiver le sens patriotique et privilégier l’intérêt supérieur de la Nation pour la défense de la patrie;

• Faire preuve d’engagement et de détermination collective dans le processus d’une paix durable et ce, dans le respect de notre souveraineté, de notre unité nationale et de nos valeurs républicaines;

• S’engager sincèrement dans un dialogue constructif et inclusif, en mettant de côté les intérêts partisans pour privilégier l’intérêt supérieur de la Nation et la cohésion sociale;

• Privilégier les mécanismes pacifiques de résolution des conflits politiques, en bannissant tout recours à la violence verbale ou physique, aux discours de haine, ainsi qu’à l’instrumentalisation des communautés et des institutions.

Le Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble est une initiative conjointe de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et de l’Église du Christ au Congo (ECC). D'après les responsables de ces deux églises, cette initiative vise à instaurer une paix durable, à renforcer la cohésion nationale et régionale, et à promouvoir le bien-vivre ensemble dans la région des Grands lacs, une région marquée par des décennies de conflits.

C’est depuis plus de trois mois que les églises catholique et protestante font le tour du monde pour présenter le « Pacte Social pour la Paix ». Mais ce projet n’a pas trouvé écho favorable dans la sphère politique du pouvoir et ses soutiens. Le Chef de l'État Félix Tshisekedi a finalement décidé de mettre en place une équipe qui va travailler avec la CENCO-ECC pour approfondir le « Pacte Social pour la Paix ». 

Clément MUAMBA