Le chef de la délégation de l'AFC/M23 au Qatar prévient : “Nous ne passerons pas à l’étape suivante si les engagements de Doha ne sont pas respectés”

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Déclaration de principe entre la RDC et le M23 à Doha

La rébellion de l'AFC/M23 conditionne sa participation aux nouvelles discussions de Doha (Qatar) en vue de la signature de l'accord de paix global par la libération de plus de 700 personnes détenues par le gouvernement de Kinshasa en lien avec eux. Au cours d'une conférence de presse organisée vendredi 25 juillet à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, ce mouvement rebelle soutenu par le Rwanda et détentrice d'une grande partie des provinces du Nord et Sud-Kivu estime qu'il s'agit d'un point essentiel de la déclaration de principes qui viendra renforcer la confiance mutuelle entre les parties prenantes.

Le mouvement de l’AFC/M23 entend constituer un cadre avec le CICR, le Qatar et le gouvernement de Kinshasa avant le début des pourparlers de la phase 2 du dialogue.

"Lorsque nous nous sommes mis d'accord que nous acceptons de mettre en œuvre directement chaque mesures de confiance qui renforcera la confiance mutuelle dans la suite du processus, nous nous sommes également mis d'accord de mettre en place un cadre pour la libération des prisonniers. La libération des prisonniers est imminente, pour vous dire il n'y aura pas Doha s'il n'y a pas libération des prisonniers, cette matière ne sera pas traitée en phase 2, avant que nous allions à Doha, tous nos prisonniers, plus de 700 doivent être libérés. L'idée ici est que nous ne pouvons pas passer à la phase suivante du processus si la précédente n'est pas implémentée", a fait savoir Benjamin Mbonimpa, Secrétaire exécutif de l'AFC/M23 et chef de la délégation du mouvement aux discussions de Doha sous la médiation du Qatar.

Pour celui qui est considéré comme premier ministre de l'AFC/M23, le point sur les mesures de confiance a été validé par les parties sans contrainte et que seulement deux points figuraient parmi les causes profondes du conflit censées être examinés dans la prochaine phase des discussions.

"Dans ce point des mesures confiance, nous avions accepté nous tous sans contrainte de mettre en œuvre directement chaque mesure de confiance qui renforcera la confiance mutuelle dans la suite du processus, c'est-à-dire les points essentiels que vous voyez là-bas, nous nous sommes mis d'accord après la signature de la déclaration de principe nous devons les mettre directement en oeuvre, on ne va pas attendre. Il n'y a que deux points ici qui ont été des points sensibles qui sont parmi les causes profondes du conflit entre autres la restauration de l'autorité de l'État et le retour des déplacés internes et des réfugiés", a expliqué Benjamin Mbonimpa.

Application de la déclaration de principes avant la nouvelle étape des discussions sur l'accord de paix

Abordant le point de la déclaration de principes lié aux discussions sur l'accord de paix global, les dirigeants de l'AFC/M23 insistent sur l'application de la déclaration de principes avant d'envisager des nouvelles étapes.

"Nous avions signifié dans cette déclaration de principes que nous allons signer un accord de paix c'est-à-dire dans cet accord de paix qu'il sera question de traiter toutes les causes profondes du conflit partant de la gouvernance, de la justice sociale, de l'autorité de l'État, du retour des réfugiés, de développement durable, du nouvel ordre politique, c'est ça ce qui est inclus dans cet accord que nous allons discuter lorsque nous rentrerons à Doha", a indiqué le Secrétaire Exécutif de l'AFC/M23.

Et de poursuivre :

"A l'alinéa 2 de ce même point de l'Accord de paix, c'est écrit les parties gouvernement et AFC/M23 ont convenu de mettre d'abord en oeuvre cette déclaration de principes. C'est pour dire qu’avant de rentrer à Doha dans le cadre de l'Accord de paix, nous allons d'abord commencer à mettre en oeuvre cette déclaration de principes avant d'entamer des négociations directes, donc finir avec l'étape une avant d'entamer l'étape suivante".

Le texte, paraphé après trois mois de négociations directes facilitées par l’État du Qatar, vise à encadrer les prochaines étapes du processus de paix. Selon le document, les Parties s’engagent à mettre en œuvre les dispositions de la présente déclaration de principes immédiatement après sa signature, et au plus tard le 29 Juillet 2025. Les parties conviennent d’ouvrir des négociations directes immédiatement après la mise en œuvre des engagements contenus dans la présente déclaration de principes, en vue de lancer les discussions sur un accord de paix au plus tard le 8 Août 2025. 

Selon toujours la déclaration de principes, ces négociations s’inscriront dans le cadre de l’Accord de paix entre la République Démocratique du Congo et la République du Rwanda, signé à Washington le 27 Juin 2025. Les Parties s’engagent à mener les négociations d’un accord de paix global dans un esprit de responsabilité, de coopération et de compromis, avec pour objectif de parvenir à un consensus et de signer l’accord au plus tard le 17 Août 2025.

La signature de cet accord de principes intervient dans un contexte marqué par des accusations entre le gouvernement congolais et la rébellion de l'AFC/M23 de renforcement militaire dans les lignes des fronts et sur l'ensemble du théâtre des opérations. Pour Kinshasa, la rébellion de l'AFC/M23 soutenue par le Rwanda ambitionne de prendre le contrôle de la ville d'Uvira dans la province du Sud-Kivu et d'autres parties du pays encore sous contrôle des FARDC. 

Depuis le début de l'année, les violences se sont intensifiées dans cette partie du pays frontalière du Rwanda à la suite des offensives de l'AFC/M23 et des troupes rwandaises (RDF) sur Goma et Bukavu dans les provinces du Nord et Sud-Kivu. Ces combats avec l'armée régulière ont fait des milliers de morts, selon le gouvernement congolais et l'ONU aggravant davantage la crise humanitaire pour des centaines de milliers de personnes déplacées.

Yvonne Kapinga et Clément MUAMBA