Insalubrité à Kinshasa : Félix Tshisekedi appelle à un sursaut d'orgueil collectif et mobilise le gouvernement à prendre des mesures pour faire de la capitale une ville propre, vivable et digne

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Des ordures sur la voie publique à Kinshasa

La dégradation continue de l’image de la ville de Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo encombrée d’ordures cinq ans après le lancement du programme "Kinshasa Bopeto"  préoccupe au plus haut point le Chef de l'État Félix-Antoine Tshisekedi. Dans sa communication lors de la 53e réunion du conseil des ministres tenue vendredi 25 juillet 2025, il a rappelé avoir initié ce programme le 19 octobre 2020, avec l’ambition d’en faire un modèle pour toutes les autres villes du pays. Toutefois, malgré ces efforts entrepris, la situation de la ville reste préoccupante.

"Conscient de l'importance d'un cadre de vie sain pour la santé, la dignité de nos concitoyens, il a rappelé avoir personnellement lancer le 19 octobre 2020 le programme Kinshasa Bopeto, un projet ambitieux de l'assainissement de Kinshasa. Ce programme au-delà de son cadre local devait inspirer toutes les autres villes de la République. Cependant, force est de constater que les défis à relever dans le domaine de la salubrité demeurent immenses. Il y a là manifestement des raisons de prendre des mesures drastiques qui s'imposent, l'amélioration du cadre de vie de Kinshasa est une priorité qui appelle à un engagement sans relâche pour faire de notre capitale une ville propre, vivable et digne du prestige de notre nation", rapporte le compte rendu de la réunion.

Dans cette perspective, il en a appelé à un sursaut d'orgueil collectif. Pour le Président Félix Tshisekedi, la lutte pour un environnement propre ne saurait être l'apanage du seul gouvernement, elle exige la mobilisation de tous dirigeants comme citoyens. C'est dans ce cadre qu'il a engagé en conséquence le gouvernement provincial de Kinshasa en collaboration avec le ministre délégué près le ministre de l'urbanisme et habitat en charge de la politique de la ville sous la coordination du VPM, ministre de l'intérieur, sécurité et décentralisation et Affaires Coutumières à prendre sans délai les mesures suivantes :

• Responsabiliser chaque niveau de gouvernance locale du bourgmestre aux chefs d'avenues pour faire respecter la discipline de propreté dans chaque entité de la ville ;

• Redynamiser la brigade de salubrité, la doter des moyens humains, matériels et juridiques nécessaires y compris les mesures de coercition pour faire respecter les normes d'hygiène et ramèner tous les citoyens à une culture de propreté ;

• Lancer une réflexion sur la création d'une unité spécialisée avec pour mission prioritaire de débarrasser les avenues de Kinshasa des véhicules abandonnés et épaves qui y sont inutilement stationnés. 

"Un rapport circonstancié assorti des propositions concrètes devra être présenté au Conseil des ministres dans un délai de 7 jours par le ministre délégué près l'urbanisme et habitat chargé de la politique de la ville pour évaluation et mise en œuvre progressive", précise le compte rendu de la réunion.

Comme "Kinshasa Bopeto", l’opération " Coup de poing" de l'actuel gouverneur de la ville de Kinshasa Daniel Bumba Lubaki pour nettoyer la ville de Kinshasa de ses immondices semble n'avoir pas donné aussi des résultats escomptés. Par le passé, d'autres initiatives lancées pour la salubrité de Kinshasa telles que : "opération Kin-propre", " Salongo" et autres toutes se sont soldées par des résultats peu reluisants sur terrain.

Face aux préoccupations d’évacuation des déchets dans la ville de Kinshasa, l’Union européenne avait financé pendant près de 8 ans le Projet d'appui à la réhabilitation et l'assainissement urbain de la ville de Kinshasa (PARAU). Il s'agissait de l'élargissement du Programme d'assainissement et d'urbanisation de la ville de Kinshasa (PAUK). Il nécessitait une enveloppe d'un million de dollars américains chaque mois pour son fonctionnement. Il disposait d'un centre d'enfouissement technique et des stations de transfert des ordures ménagères.

En 2015,le gouvernement congolais devraient prendre la relève de ce projet mis en place depuis 2007 par l’Union européenne. Il permettait d’évacuer par semaine plus de 9 000 tonnes des déchets accumulés dans les stations de transfert érigées dans neuf des vingt-quatre communes de la capitale congolaise. Après la fin du programme, la reprise de ce programme par l’Hôtel de ville n’a pas connu du succès. 

À titre indicatif, des véhicules ont manqué des carburants et des travailleurs étaient impayés. Des ordures ménagères et autres déchets se sont accumulés dans les décharges publiques à Kinshasa. Les déchets ont débordé, atteignant même la route asphaltée à certains endroits. Ce qui avait créé une crise de déchets. Pour sa part, le gouverneur de l'époque André Kimbuta avait évoqué des problèmes financiers pour évacuer des poubelles accusant le gouvernement central de ne pas jouer son rôle.En réaction, la primature sous Augustin Matata Ponyo  à travers un communiqué, avait indiqué que cette tâche revenait plutôt au gouvernement provincial de Kinshasa.

Clément MUAMBA