La Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la traite des êtres humains, en particulier des femmes et des enfants, Siobhán Mullally a bouclé vendredi 25 juillet 2025 sa visite officielle en République Démocratique du Congo. Durant son séjour du 15 au 25 juillet 2025, la Rapporteuse spéciale a examiné la situation de la traite des enfants et de la traite des personnes à des fins d'exploitation sexuelle, d'exploitation par le travail, de servitude domestique et de criminalité forcée.
Dans le cadre de sa mission, elle a également évalué les risques liés aux conflits, notamment la traite comme forme de violence sexuelle en temps de conflit, le travail forcé, le recrutement et l'utilisation par les groupes et forces armés. Si dans son agenda prévoyait également l'étape de Goma chef-lieu de la province du Nord-Kivu, la Rapporteuse spéciale des Nations Unies n'a pas pu se rendre là-bas suite à la révocation de la demande de sa visite par les autorités de la rébellion de l'AFC/M23 soutenue par le Rwanda.
"Mme Mullally a exprimé ses profonds regrets face à la décision des autorités de facto du M23 de révoquer sans préavis l'autorisation d'entrée au Nord-Kivu, empêchant ainsi le déroulement de sa visite officielle. Elle a exhorté tous les acteurs concernés à collaborer de manière constructive avec les procédures spéciales des Nations Unies et les mécanismes des droits de l'homme, et a salué ceux qui œuvrent à la protection des civils dans un contexte de conflit persistant et de graves risques sécuritaires", lit-on dans le communiqué final sanctionnant la fin de son séjour en RDC précisant que la Rapporteuse spéciale présentera son rapport complet au Conseil des droits de l’homme en juin 2026.
Au mois de juillet 2024, une dizaine d’experts indépendants des Nations Unies se sont dit alarmés par les informations faisant état d’une traite généralisée des personnes, en particulier à des fins d’esclavage et d’exploitation sexuels, ainsi qu’une augmentation des mariages d’enfants et des mariages forcés, en raison du conflit et des déplacements de population dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Selon les experts onusiens, au moins « 531 victimes de violences sexuelles » liées au conflit ont été répertoriées d’août 2023 à juin 2024, dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, de l’Ituri, du Tanganyika et du Maniema. Les experts indépendants des Nations Unies se sont également inquiétés de la « hausse » des mariages d’enfants, des mariages précoces et des mariages forcés, ainsi que de « la normalisation » de cette violation des droits de l’homme.
Dans les zones touchées par les hostilités et l’insécurité, les organisations humanitaires et de la société civile ont du mal à opérer dans ces zones et à y accéder, ce qui entrave gravement l’accès des personnes déplacées à la nourriture et à l’éducation, ainsi qu’à la protection. Les jeunes filles, en particulier, courent un risque accru d’être victimes de la traite à des fins d’exploitation sexuelle et de mariage d’enfants.
Ces informations alarmantes sont publiées dans un contexte de détérioration de la situation humanitaire dans certaines parties de l’Est de la RDC. Les affrontements entre les forces armées et les groupes armés non étatiques dans des provinces telles que le Nord et le Sud-Kivu provoquent des déplacements massifs de population, « exacerbent » ainsi les risques en matière de protection.
Clément MUAMBA