Les groupes armés CODECO/URDPC (Coopérative pour le développement du Congo/Union de révolutionnaires pour la défense du peuple congolais) et Zaïre, également connu sous le nom d’« Auto-défense des communautés victimes de l’Ituri » (ADCVI) sont à la base de la perpétuation des cycles de violences de représailles contre les populations civiles, d’après le rapport du groupe d'experts des Nations-Unies.
Depuis septembre 2024, rapporte le document consulté par ACTUALITE.CD en ce mois de juillet 2025, le territoire de Djugu a connu une nouvelle escalade de la violence, avec des affrontements intensifiés entre la CODECO et le Zaïre. Plus de 500 civils ont été tués.
"Depuis septembre, plus de 266 personnes ont été tuées dans la province de l'Ituri, dont plus de 266 dans le seul territoire de Djugu. Le cycle de violence en cours a été marqué par des attaques de représailles déclenchées par des provocations perçues ou des incidents antérieurs. Ces attaques ont systématiquement visé des civils, des combattants rivaux et des positions stratégiques, chaque incident servant à la fois de représailles et de justification aux attaques ultérieures. Les deux groupes ont délibérément pris pour cible des civils lors d'attaques caractérisées par une extrême brutalité", déplorent les experts de l'ONU dans la rapport.
Selon le document, la CODECO/URDPC est responsable de la majorité des incidents documentés, notamment des attaques contre des personnes déplacées, des embuscades meurtrières, des assassinats ciblés et des vols à main armée, et a fait beaucoup plus de victimes civiles que le Zaïre. Alors que les deux groupes se livraient à des violences à motivation ethnique, les opérations de la CODECO/URDPC ont été marquées par des affrontements armés plus directs et une brutalité extrême envers les civils.
"Les meurtres et les blessures impliquaient souvent de graves mutilations, notamment de femmes, d'enfants et de nourrissons. La nature et le moment de ces attaques suggèrent une stratégie délibérée de représailles disproportionnées, visant à infliger des souffrances, à instiller la peur et à affirmer son contrôle territorial", ajoute le rapport du groupe d'experts des Nations-Unies.
À l'inverse, poursuit le rapport, le Zaïre a opéré en établissant des postes de contrôle illégaux, en procédant à des assassinats ciblés et en se retirant au sein des populations civiles, y compris des sites de déplacés internes, pour échapper aux affrontements. La présence systématique de combattants zaïrois dans les camps de personnes déplacées s'est poursuivie, en violation du caractère civil de ces sites, exposant les civils à de nouveaux cycles d'attaques meurtrières de la CODECO/URDPC. Entre le 9 et le 12 février 2025, la CODECO/URDPC a perpétré l'un de ses massacres les plus meurtriers de ces dernières années, tuant plus de 80 civils lors d'une attaque coordonnée contre des villages hema autour du camp de personnes déplacées de Djaiba, en représailles au meurtre de cinq civils lendu par le Zaïre dans le village d'Ar'r, près de Fataki
Tout au long du mois de mars, la CODECO/URDPC a mené de nouvelles incursions dans le territoire de Djugu et a régulièrement tendu des embuscades aux voyageurs le long de la RN27, notamment autour de Djugu et de Fataki. De leur côté, des éléments zaïrois ont lancé des attaques sporadiques de représailles contre les zones peuplées de Lendu, faisant des victimes et incendiant des habitations. La CODECO/URPDC a également attaqué le site de déplacés de Loda, tuant huit civils hema à coups de machette. La RN27 entre Mahagi et Bunia est restée un point chaud stratégique pour les embuscades, les passagers étant ciblés en fonction de leur appartenance ethnique.
"La CODECO a imposé des taxes aux usagers de la route d'origine hema, qui étaient souvent contraints de se déplacer en convois escortés par des milices zaïroises. Les éléments zaïrois ont également contrôlé et taxé les passagers d'origine Lendu. Ces pratiques ont souvent donné lieu à des enlèvements, des pillages et des meurtres de part et d'autre.175 Les convois et le personnel humanitaire ont également été pris pour cible par la CODECO/URDPC, et au moins deux convois et membres du personnel d'organisations internationales ont été pris en embuscade et volés", soulignent les experts dans le rapport.
L’escalade des conflits armés, les affrontements intercommunautaires et les déplacements qui en résultent, sont à la base de l'instabilité constatée depuis plusieurs années dans l'une des provinces de l'Est de la République Démocratique du Congo à savoir Ituri. Plusieurs initiatives de paix ont été initiées pour assurer et garantir le vivre-ensemble entre différentes communautés peinent à donner des résultats escomptés sur le terrain.
La Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUSCO) a salué, mardi, la signature le 28 juin à Aru, en Ituri, d’un accord de cessation des hostilités entre six groupes armés locaux, tout en appelant les autres groupes à rejoindre cette dynamique. Cet accord, conclu à l’issue du dialogue dit Aru II, engage les groupes CODECO, Zaire/Auto-Défense, MAPI, FRPI, FPIC et Chini Ya Tuna à œuvrer en faveur du retour de la paix dans cette province du nord-est de la RDC, marquée par des années de violences intercommunautaires.
Clément MUAMBA