Dans une société façonnée sur plusieurs points, en défaveur des femmes, Bybyley Salama, mère célibataire, lève la voix à travers deux ouvrages tirés de sa propre vie. Elle les intitule "Les mots de mes maux" et "Amour et croissance" pour parler d’un côté de la solidarité avec les femmes qui traversent des situations difficiles notamment dans les mariages, et de l’autre, de la renaissance et l’espoir de guérir de ces situations. Elle a présenté les deux livres à Goma où elle vit en mi-juin dernier.
“Le choix de sortir ces deux livres au même moment n'est pas anodin. En effet, ils se complètent l'un et l'autre. J'ai écrit Les mots de mes maux quand j'étais dans une période sombre, en dépression et quand je n'arrivais pas à voir vraiment le bout du tunnel malgré toute ma bonne volonté mais après un moment, tout a changé et j'ai commencé Amour et croissance. C'est un livre que j'ai écrit quand j'ai commencé ma période de guérison, c'est un livre d'espoir”, confie Bybyley Salama à ACTUALITE.CD
L’auteure dit avoir vécu une relation destructrice gardant également conscience qu’elle n’est pas la seule dans ce cas. Cependant, le moment a été donné pour raconter à travers des écrits ces autobiographies pour atteindre un large public et guérir un grand nombre. Sans vouloir se venger ou se victimiser d’un passé qui n’est pas passé, Bybyley attire l’attention aussi sur la responsabilité de changement qui incombe à toute la société.
“Ce qui ne m'arrange pas et n'arrange pas l'épanouissement de la femme selon moi, c'est la perception qu'à notre société de la femme. Dès le bas âge, on inculque à la femme qu'elle doit subir même quand c'est difficile. On nous dit que c'est la femme qui bâtit le foyer, chose qui est fausse. Un foyer est fait de deux personnes et c'est à elles deux de le bâtir. Et puis, chaque personne a son seuil de tolérance, quand il est atteint, il faut partir mais par peur du jugement de la société, on reste quitte à mourir”, regrette Bybyley Salama.
"Les mots de mes maux" est un livre autobiographique qui retrace l’expérience personnelle de Bybyley Salama, non pour se venger ou se victimiser mais pour mettre en lumière une réalité que vivent de nombreuses femmes, souvent en silence. Chacune a sa façon de guérir, et pour elle, l’écriture a été ce moyen thérapeutique, libérateur. À travers les pages, elle veut dire à toutes celles et ceux qui traversent des situations similaires qu’ils ne sont pas seuls. Il y a toujours une issue, toujours une lumière au bout du tunnel, espère l’auteure.
"Amour et croissance", c’est un voyage intérieur, une ode à l’amour de soi — celui qui pousse à se relever, à se reconstruire et à aller mieux. C’est un livre d’espoir, qui raconte l’histoire d’une femme qui s’est crue brisée par la vie, jusqu’à ce qu’elle réalise qu’elle n’était pas détruite, mais simplement fragmentée. Peu à peu, elle comprend que le véritable amour — pour soi, puis pour l’autre — est encore possible. Ce livre parle de guérison, de renaissance, et de cette lumière qui apparaît au bout du tunnel, annonçant un amour nouveau, sain, et porteur de vie.
Se relever malgré tout !
La présentation de ces deux livres n’a pas été un simple événement, mais une cérémonie prometteuse et de par les questions du public, raconte Bybyley Salama, elle s’est rendue compte que c’était une bonne décision d’écrire ces ouvrages parce que le sujet touche le public, parfois dans un silence assourdissant. Ce qui l’encourage à se battre davantage pour la cause.
“La sortie de ceux livrés m'a montré que ces sujets sont des maux profonds de notre société et cela m'a boosté pour en faire un combat. Je vais me battre, pour cela, je vais en parler encore et encore quitte à déranger mais je ne me fatiguerai pas”, promet l’auteure.
Pas affectée à une organisation qui milite dans ce sens, Bybyley dit partir de zéro pour mener sa lutte. Ayant déjà des idées dans la tête, elle se prépare à les mettre en pratique les unes après les autres dans un futur proche.
Par ailleurs, dans ses précédentes rencontres avec des femmes qui traversent des situations aussi difficiles, Bybyley Salam se mue en conseillère qui part pour le resserrement des liens plutôt que des séparations impromptues. Elle privilégie plus de communication avant de penser à partir.
“J'en rencontre plus qu'on ne peut l'imaginer. Je leur demande de discuter avec leurs époux. Des fois, c'est aussi un manque de communication, de parler en famille etc. Mais si toutes ces voies sont épuisées, que leurs vies sont en danger, il faut partir, en partant il faut chercher de l'aide pour les aider à guérir parce que une mauvaise relation est un tueur silencieux”,
Et d’ajouter :
“Je veux dire à tous ceux qui m'ont lu que ce n'est pas fini, même après une relation destructrice, il est possible de se relever et de guérir. Même si moi-même, je ne suis pas encore guérie, je suis encore dans le processus de guérison”.
Les livres se vendent à 20 USD chacun à Goma. D’autres cérémonies de présentation sont en étude, dans des cadres définis, avec des femmes et jeunes filles.
Kuzamba Mbuangu