Plusieurs dizaines de creuseurs artisanaux ont été surpris par un éboulement jeudi 19 juin dans la mine de coltan et de cassitérite de Rubaya (territoire de Masisi), au Nord-Kivu. De nombreux corps sont toujours coincés dans les puits jusqu’à ce vendredi, ont indiqué à ACTUALITE.CD des sources locales. Parmi les victimes il y a des femmes et des enfants.
Quant au bilan, les chiffres divergent. Mais le député national Justin Ndayishimiye, élu de Masisi et ancien coordonnateur de l'exploitation artisanale à Rubaya avance un bilan provisoire de 17 corps extraits, précisant que seuls ceux proches de la surface ont pu être récupérés. Il évoque une « une catastrophe évitable » due à l’exploitation minière anarchique dans ce site, qu’il appelle à suspendre sans délai.
« On parle de 17 corps déjà repêchés au niveau de la surface, peut-être de centaines de vies perdues, parce qu’on a laissé faire n’importe quoi. Les puits sont creusés à la va-vite, sans gradins, sans ventilation, sans sécurité. C’est de l’exploitation sauvage, orchestrée dans le silence complice. Ce n’est pas un accident, c’est une conséquence directe de l’absence de réglementation et de contrôle. Ces sites sont gérés comme des zones de non-droit, au mépris total de la sécurité des travailleurs », déplore-t-il.
L’opération de secours se poursuit dans des conditions difficiles. Des sources sur place indiquent que le nombre réel de victimes pourrait être plus élevé. Les glissements de terrain sont fréquents dans les zones minières artisanales de l’est de la RDC, en raison des fouilles non réglementées et de l’absence d’infrastructures de sécurité.
Des défenseurs des droits humains pointent du doigt l’absence totale de mécanismes de protection des travailleurs artisanaux. Ils dénoncent un système d’exploitation toléré, voire soutenu, par des circuits commerciaux internationaux qui ignorent les conditions de travail des creuseurs.
Depuis avril 2024, Rubaya est sous le contrôle des rebelles de l’AFC/M23. Cette région abrite l’une des concessions de coltan les plus riches au monde, avec une production estimée par l’ONU à près de 120 tonnes par mois, destinées majoritairement à l’exportation vers le Rwanda voisin. La présence des groupes armés rend l’accès à la zone extrêmement difficile pour les journalistes, enquêteurs et ONG humanitaires.
Josué Mutanava, à Goma