Chaque 28 avril, le monde commémore la Journée mondiale de la santé et de la sécurité au travail. Pour cette année 2025, le thème proposé par les Nations Unies fait allusion aux bouleversements profonds que connaissent de nombreux secteurs professionnels : « Révolutionner la santé et la sécurité : le rôle de l’IA et de la numérisation au travail ».
Si la question suscite débats dans les milieux industriels ou médicaux, elle prend une autre tournure dans le monde de l’art. L'intelligence artificielle peut être considérée comme une associée ou une menace pour les artistes aujourd'hui, elle affecte certaines créations artistiques et la crainte est qu’elle remplace le travail humain dans l'art particulièrement.
Pour mieux comprendre les enjeux, trois artistes congolais Youssef Branh, slameur et éditeur, Joyeux ngoma, écrivain, et Ruben mayoko, peintre et cinéaste ont donné leur point de vue à ACTUALITE.CD, sur le rapport entre l' intelligence artificielle et la création artistique.
Pour Youssef Branh, slameur et éditeur, la réponse est directe. Il souligne la nature plate et parfois mécanique de l’IA, qui ne peut remplacer la sensibilité humaine.
« Je pense que je n'ai pas besoin d'une intervention de l'intelligence artificielle pour produire une œuvre littéraire, ou pour produire un texte, ou pour produire un livre. Je n'ai pas besoin de l'intelligence artificielle. Parce que l'IA n'a pas d'émotion, l'IA n'a pas de style, l'IA a la logique. Et aujourd'hui, moi l'art que je fais, c'est de l'art contemporain. L'art contemporain, c'est justement tout ce qui brise un peu le code classique, qui brise les traditions », a-t-il dit.
De son côté, l’écrivain Joyeux Ngoma reconnaît une certaine utilité de l’intelligence artificielle, mais dans un cadre strictement technique. Mais pour lui, la vraie création reste une affaire profondément humaine.
« Dans mon domaine, l’écriture, je constate que l’IA facilite certaines tâches mécaniques, comme la correction ou la gestion de données. Mais en ce qui concerne la création pure, l’invention d’univers, l’expression des blessures, des espoirs, des rêves, elle reste en dehors du processus. L’acte de créer est profondément humain ; il engage l’âme, la mémoire, la sensibilité. C’est cette dimension que je protège jalousement », déclare-t-il.
Ruben Mayoko, artiste peintre et cinéaste, aborde l'impact direct que peut avoir l'IA sur son quotidien, notamment dans le secteur du graphisme.
« Je pense que l'intelligence artificielle touche ou dérange un peu beaucoup plus les domaines, les disciplines artistiques graphiques, donc entre autres le graphisme. Ce qui est vrai, c'est que l'intelligence artificielle a un peu bougé les marchés de l'art graphique, surtout dans notre pays.Mon avis est contextuel. Je parle comme un artiste qui évolue à Kinshasa. Il y a un peu plus tôt, avant que l'on ait connaissance de toutes ces intelligences artificielles, il y avait même de plus petits clients qui commandaient des affiches ou des visuels pour la vente de leurs produits, pour faire connaître leurs services et tout ça, pour communiquer enfin sur leurs produits ou services. Mais aujourd'hui, puisque la plus grande classe sociale a cet accès à l'intelligence artificielle, tout le monde se fait graphiste », regrette-t-il.
L’intelligence artificielle continue de se faire une place dans le monde du travail et dans beaucoup de domaines de la vie mais dans l’univers artistique, elle ne fait pas l’unanimité. Plusieurs questions se posent sur son utilisation, sur son apport et même pour certains la crainte de la perte d'originalité s'installe. Mais une chose est certaine, chaque artiste met le point sur le fait que l'intelligence artificielle malgré ses multiples évolutions ne pourra jamais remplacer l'œuvre humaine.
Bénédicte Mbuku, stagiaire UCC