Selon les résultats de la dernière Enquête Démographique et de Santé en République Démocratique du Congo (EDS-RDC III), 84 % des femmes âgées de 15 à 49 ans ayant accouché au cours des deux dernières années ont effectué au moins une visite prénatale auprès d'un prestataire qualifié (médecin, infirmier, sage-femme, ou agent de santé communautaire).
Environ la moitié des femmes (45 %) ont réalisé au moins quatre visites prénatales, un taux relativement stable par rapport aux enquêtes précédentes (46 % en 2007 et 47 % en 2013-2014). Toutefois, ce suivi reste insuffisant, car l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande un minimum de huit visites prénatales pour garantir un suivi optimal de la grossesse, rappelle le Dr Carlos Gonde, obstétricien et gynécologue.
Le Dr Gonde souligne également que le suivi prénatal ne se limite pas à la détection des complications. Il joue un rôle crucial dans la sensibilisation des futures mères aux bonnes pratiques en matière de nutrition, d’hygiène et de prévention des infections. Un suivi régulier permet aussi de mieux préparer l’accouchement, contribuant ainsi à réduire les risques de mortalité maternelle et néonatale.
Par ailleurs, les soins postnataux jouent un rôle tout aussi déterminant dans la protection de la santé des mères et des nouveau-nés. "Ces soins permettent de détecter les infections post-accouchement, de prévenir les complications, de soutenir l’allaitement et de surveiller la croissance du bébé", a-t-il précisé.
Malheureusement, selon l’EDS-RDC III, la couverture des soins postnataux reste insuffisante dans plusieurs régions de la RDC. De nombreuses mères ne bénéficient pas de consultations médicales régulières après l’accouchement, ce qui expose les nouveau-nés à des risques évitables, notamment en matière de nutrition et d'infections.
Carlos Gonde insiste cependant sur l’importance des soins postnataux, particulièrement pour les mères ayant accouché par césarienne ou ayant rencontré des complications pendant l'accouchement. « Il est primordial de continuer à surveiller la santé de la mère après la naissance. Ces soins permettent également de soutenir l’allaitement et d’identifier rapidement les signes de malnutrition chez le bébé. Pourtant, un grand nombre de femmes n'ont pas accès à ces soins essentiels, en raison de la distance géographique, du manque d'infrastructures adéquates ou de la méconnaissance des bienfaits de ces consultations », déplore-t-il.
L'EDS-RDC III révèle des progrès en matière de couverture des soins prénataux, mais des défis majeurs persistent, notamment en ce qui concerne la précocité et la régularité des visites, ainsi que l’accessibilité aux soins postnataux. Pour réduire la mortalité maternelle et néonatale, le Dr Gonde plaide pour un renforcement de l’accès aux soins de santé, une amélioration de la qualité des services et une sensibilisation accrue de la population à l’importance d’un suivi médical continu avant et après l’accouchement.
"Les autorités congolaises et leurs partenaires de développement doivent intensifier leurs efforts pour garantir à toutes les femmes un accès à des soins prénataux et postnataux de qualité. Cela passe par la formation continue des prestataires de santé, l’amélioration des infrastructures médicales et une plus grande sensibilisation aux bonnes pratiques. La protection de la mère et de l’enfant doit être considérée comme une priorité nationale, mobilisant l’engagement de tous les acteurs de la société", a-t-il conclu.
Nancy Clémence Tshimueneka