À Inongo, chef-lieu de la province de Mai-Ndombe, la morgue censée faire la fierté de l’hôpital général de référence appartient désormais au passé. Son bâtiment et son équipement ne sont plus que des vestiges, tandis que personne ne se souvient de la dernière conservation d’un corps. Ce service est hors d’usage depuis près de deux ans. Ni le médecin gestionnaire ni les autorités sanitaires ne maîtrisent l’état des équipements entreposés dans le bâtiment. Le suivi a cessé depuis plusieurs mois, laissant planer des doutes sur une gestion inadéquate.
Selon des sources proches, cette infrastructure sanitaire était un don de l’ancien gouverneur intérimaire Jack’s Mbombaka, qui avait assuré son financement et sa logistique. Son utilisation gratuite visait à encourager une population fortement attachée aux traditions locales à adopter ce service. Mise en service en 2021, la morgue n’a fonctionné que pendant deux mois, accueillant à peine une dizaine de corps. Alimentée par le groupe électrogène de l’hôpital général de référence d’Inongo, auquel elle n’est pas affiliée, son fonctionnement a été rapidement abandonné en raison de la consommation élevée en carburant. Une solution alternative avait été envisagée avec l’arrivée de la gouverneure Rita Bola, mais cette dernière aurait par la suite retiré le groupe électrogène, laissant l’infrastructure à l’abandon.
Deux ans après, une morgue à l’abandon
Deux ans se sont écoulés, et la morgue de l’hôpital général de référence d’Inongo reste inutilisée. Ses portes sont fermées à clé et enchaînées, l’herbe a envahi les environs, et une couche de sable recouvre son pavement. Concernant la panne réelle de ses installations – manque de groupe électrogène, absence de fréon ou défaillance technique – le responsable de la structure, sous couvert d’anonymat, se montre perplexe.
Retour aux traditions : des hommages minimalistes aux défunts
« En cas de décès, la famille récupère le corps, l’amène à la maison. Le défunt y passe la nuit avec tout le monde, puis on procède à l’enterrement le lendemain. En l’absence d’une morgue fonctionnelle, il est impossible de conserver le corps. Parfois, l’inhumation a lieu le jour même du décès. Ce n’est pas normal. La morgue ne fonctionne plus depuis deux ans », a déclaré Seba Manongo, président du Conseil communal de Bonse.
La morgue à Inongo : une innovation heurtée par les traditions locales
Interrogée, l’autorité provinciale a révélé que le poids des traditions locales figure parmi les causes de l’abandon de cette infrastructure, en plus des difficultés logistiques liées à l’absence d’électricité. Selon le gouverneur Nkoso Kevani, la population a manifesté une forte résistance, rendant nécessaire une sensibilisation approfondie pour obtenir son adhésion.
« C’est une situation que nous avons trouvée, mais je sais qu’avec le système photovoltaïque que nous allons installer, la morgue fonctionnera 24h/24. Nous allons également lancer une campagne de sensibilisation pour permettre à la population de comprendre l’importance de la morgue. Certaines personnes restent encore hostiles à cette infrastructure. Nous devons conscientiser la population pour qu’elle s’en approprie. Je crois qu’avec l’électricité que nous aurons, la morgue pourra fonctionner sans problème », a-t-il indiqué.
Jonathan Mesa